Vol de cinq sacs de luxe chez Christie’s Monaco: une condamnation et des questions

Condamnée pour la substitution d’un Dior et d’un Chanel, la prévenue a été relaxée pour le vol des trois autres sacs. Elle écope de 3.000 euros d’amende et 3.500 euros pour la partie civile.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 04/08/2020 à 16:00, mis à jour le 04/08/2020 à 16:13
Parmi les vingt-six sacs de luxe qui étaient entreposés chez Christie’s Monaco, avenue des Citronniers, trois ont disparu et deux autres ont été échangés par de vulgaires copies. Illustration archives Monaco-Matin

Vuitton, Hermès, Chanel, Dior… Des noms qui font rêver toute femme en matière de sac à main. Un peu trop, semble-t-il, pour une assistante administrative de 57 ans.

Elle a comparu devant le tribunal correctionnel pour le vol de cinq sacs sur les vingt-six entreposés chez Christie’s Monaco.

Les faits remontent au début de l’été 2019. Un responsable découvre la disparition de trois sacs. Deux autres ont été remplacés par de vulgaires copies sans valeur.

Rapidement, les enregistrements de vidéosurveillance des locaux de l’avenue des Citronniers, pointent des soupçons sur une femme employée un jour par semaine au sein de l’entreprise concernée.

Sur ces images la personne entre avec des objets à la main et procède ensuite à une substitution d’accessoires.

La dame au chapeau

À l’audience, la prévenue conteste les faits. Mais elle évoque une dame au chapeau avec de larges lunettes noires et une voilette. "Elle m’a abordée pour m’obliger à échanger deux sacs qui lui appartenaient, un Dior et un Chanel. Habituellement, je manipule des objets à mains nues. Mais cette fois, j’avais des gants pour ne laisser aucune trace sur les peausseries. Parce que ce n’était pas les miens."

Pour le président Florestan Bellinzona (*), ces explications sont un peu légères: "Une inconnue vous aborde, vous procédez à l’échange sans vous assurer de son identité ni de l’appartenance véritable des sacs? Les gants, n’était-ce pas plutôt pour éviter de laisser vos empreintes?"

L’intéressée admet son manque de réaction. "C’était une personne si élégante avec un luxueux sac à main Hermès… Mais je n’ai pas touché aux trois autres accessoires."

Au fil de l’instruction, la quinquagénaire parle de façon elliptique. Elle a peur d’être liée à l’histoire de sacs. Ce qu’elle craint le plus? "Un mari violent…"

"Une affaire falabrac"

Cependant, l’hypothèse de la dame au chapeau mériterait d’être travaillée, pour le ministère public, qui laisse entrevoir un complément d’informations.

Aussitôt, le bâtonnier Régis Bergonzi, conseil de la partie civile, demande le rejet de ce point d’instruction supplémentaire.

"Avec un préjudice de 9.060 euros pour mon client, poursuit-il, ce vol a nécessité une préparation. Madame vient bien avant son horaire de travail dans le local pour ne pas être confondue. La dame imaginaire? Aucun élément pour l’identifier? C’est une affaire falabrac avec un réflexe défensif malheureux. Cette femme s’est piégée dans ses propres mensonges."

Le premier substitut Olivier Zamphiroff remet la possibilité de douter au bénéfice de la prévenue dans ses réquisitions. "Je ne peux pas écarter l’entourage d’une primo-délinquante qui travaille à Monaco. Il pourrait s’agir plus d’un abus de confiance que d’un vol en caractérisant l’élément intentionnel. Prononcez une relaxe au bénéfice du doute ou une peine symbolique de 1000 euros d’amende avec sursis."

"Aucune preuve du vol"

"On ne peut pas écarter d’un revers de manche l’explication de ma cliente, estime Me Franck Michel. J’ai des témoignages où on la reconnaît courageuse, confiante, honnête, intègre et autres valeurs morales de probité. Je rejoins le ministère public sur les faits étonnants qui peuvent paraître paradoxaux. A-t-elle dérobé les trois autres sacs? Il n’y a aucune preuve du vol. Cette disparition ne peut déboucher que sur une décision de relaxe. Si vous considérez l’échange, le vol ne peut être établi et il ne peut y avoir de préjudice moral."

Le tribunal a reconnu la prévenue coupable du vol de deux sacs et l’a relaxée pour les trois autres. Une peine d’amende de 3.000 e et 3.500 euros pour la partie civile complètent la sanction.


*Assesseurs: Françoise Dornier et Séverine Lasch.

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