Un triple meurtre à Londres résonne à Cagnes-sur-Mer
Recherché par Interpol, Arthur Simpson-Kent est soupçonné d'avoir étranglé, et enterré dans leur jardin, sa femme et ses deux enfants. Son ex-épouse cagnoise dépeint un obscur personnage
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Thomas MICHELPublié le 08/01/2016 à 05:15, mis à jour le 08/01/2016 à 05:15
Réputée pour son rôle dans la série télé EastEnders diffusée sur la BBC, Sian Blake était une actrice populaire atteinte d'une maladie neurodégénérative. Ses deux enfants avaient 4 et 8 ans.
L'affaire émeut le Royaume-Uni et passionne les tabloïds. Portés disparus depuis le 13 décembre, l'actrice Sian Blake, ancienne star du feuilleton populaire EastEnders, et ses deux fils Zachary (8 ans) et Amon (4 ans), ont été déclarés morts avant-hier.
En début de semaine, trois corps avaient été déterrés du jardin familial à Londres. Après autopsie, Scotland Yard a confirmé leur identité et évoqué un décès consécutif, d'après les premiers éléments de l'enquête, à des strangulations. En fuite, le mari de Sian Blake et père des deux enfants, Arthur Simpson-Kent, a été élevé au rang de suspect n° 1 et fait l'objet d'un mandat d'arrêt international.
Âgé de 48 ans, le bourreau présumé a été aperçu pour la dernière fois par des voisins le 14 décembre alors qu'il quittait le domicile conjugal bagages à la main. D'après quelques médias britanniques, il aurait été contacté par téléphone par la police le 16 décembre avant de se volatiliser.
Une mère courage
Selon nos confrères du Daily mirror, contactés hier, il aurait transité par Amsterdam (Pays-Bas) avant de passer entre les mailles du filet et de rejoindre le Ghana. Une piste plausible selon son ex-femme (1999-2008), Dominique Deblieux, mère d'un de ses huit enfants avec qui il résida à Cagnes-sur-Mer entre 2000 et 2004 (lire ci-dessous) : « Il est né et a grandi au Ghana jusqu'à ses 8 ans et il m'a toujours dit qu'il voulait repartir là-bas. »
Si les raisons d'un tel acte restent à élucider, Arthur Simpson-Kent traîne une réputation d'homme « violent et froid » à l'idéologie nauséabonde. Certains de ses voisins évoquent un homme loin d'être tendre avec ses enfants.
Au contraire de Sian Blake qui jouissait d'une image de mère modèle au Royaume-Uni où, malgré la maladie, elle continuait à tourner et était devenue professeur de langue des signes.
Un suspect en cavale, une victime populaire et malade, deux enfants froidement assassinés… un « cocktail » digne d'un scénario hollywoodien qui tient en haleine les Anglo-Saxons et résonne sur la Côte d'Azur où Arthur Simpson-Kent avait notamment travaillé comme videur au Stars'N'Bars de Monaco.
Dominique Deblieux : « J’ai envie de vomir! »
Image trompeuse d’Arthur Simpson-Kent tendre avec l’un de ses huit enfants retrouvé mort en ce début de semaine.(Photo EPA/MaxPPP et London metropolitan police).
À 43 ans, Dominique Deblieux pensait s’être débarrassée de cet odieux personnage avec qui elle avait coupé les ponts depuis 2007. Mais mardi soir, un journaliste du tabloïd anglais The Sun a sonné à sa porte à Cagnes à la recherche d’Arthur Simpson-Kent et ravivé des souvenirs douloureux. En 1995, jeune et insouciante expatriée à Londres, Dominique pense avoir trouvé « le prince charmant ».
« Un bel homme d’1,92 m et 90 kg de muscle. Un grand brun charismatique. » Deux ans plus tard, elle fait fi du passé tumultueux d’Arthur Simpson-Kent et ses éventuelles consommations de drogue.Elle tombe enceinte et ne tarde pas à découvrir sa part d’ombre lorsqu’il lui avoue avoir déjà quatre enfants en Angleterre. La suite n’est pas plus reluisante.
« On n’a jamais été très fusionnels. Il n’était pas tactile, pas câlin, pas démonstratif. Ce n’est pas quelqu’un qui va vous tenir la main, vous embrasser ou avoir des petits gestes. »
Rentrée en France pour accoucher, Dominique se marie au Royaume-Uni en 1999 avant de déchanter. « C’était un glandeur professionnel.Avant de me connaître, il était coiffeur sur des défilés de mode mais je ne l’ai vu travailler qu’une seule fois en Angleterre comme coiffeur sur les plateaux télé de Channel 4… Mais Monsieur aimait beaucoup le canapé et ne faisait rien car il ne parlait pas bien la langue… » Il vit aux crochets d’une épouse qui prend son mal en patience. « Si ce n’était pas le père de ma fille, je lui aurais foutu un coup de pied au cul depuis bien longtemps! » Amené à garder la petite puisque Dominique travaille 45 heures par semaine, Arthur Simpson-Kent se montre très autoritaire, voire violent. Verbalement et physiquement.
Secte, violences et dettes
« Il avait des propos très extrêmes sur la race blanche qui me dérangeaient énormément.Il était partisan du black power et membre de l’United nuwaubian nation of moors [mouvement sectaire considéré comme représentant une menace terroriste par le FBI]. Il a essayé de m’embrigader là-dedans. »
Au début des années 2000, il travaille comme videur au Stars’N’Bars de Monaco, mais contracte surtout des dettes. « Il avait fait des crédits derrière mon dos et comme il n’y a pas de vol entre mari et femme, il m’a laissé des dettes affreuses. 10.000 euros de prêt et 150 euros par mois de pension alimentaire qu’il n’a jamais payée. » Car en 2008, Dominique obtient le divorce et la garde exclusive de leur enfant devant le tribunal de Grasse.
Entre 2000 et 2004, le couple vit à Cagnes mais finit par faire chambre à part. D’autres indices interpellent Dominique. « Il ne supportait pas les animaux.Je n’avais pas encore mes chiens [trois aujourd’hui] mais je n’aurais pas pu sinon ils seraient morts. Il frappait les chats qui restaient dehors quand il était là.Il y en a même un qui a disparu… »
En 2007, Arthur Simpson-Kent rencontrera une dernière fois sa fille à Londres, à sa demande. Et l’année dernière, Dominique a appris qu’il avait eu un enfant en 1998, pendant leur relation… Entre-temps, elle avait refait sa vie sans imaginer qu’un tel drame se jouerait à Londres. « Il parait qu’ils auraient été étranglés à mains nues!Je n’arrive même pas à le concevoir, j’ai envie de vomir! Ça me terrifie! » Persuadé qu’il n’osera plus prendre contact, Dominique Deblieux conclue : « J’espère que ça va se finir rapidement et surtout qu’on laisse ma fille en dehors de ça.Je n’ai pas envie d’être tristement connue à Cagnes alors que j’adore cette ville. »
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