Ce mardi 8 août, cela fait désormais un mois jour pour jour que le petit Emile, âgé de 2 ans et demi, a disparu alors qu'il était sous la garde de ses grands-parents dans le hameau du Haut-Vernet (village du Vernet), dans les Alpes-de-Haute-Provence. Le procureur de Digne-les-Bains, Rémy Avon, avait affirmé à la mi-juillet que "toutes les pistes rest[ai]ent envisagées, aucune n'étant ni exclue ni privilégiée", tandis qu'une information judiciaire a été ouverte.
Après une immense opération de ratissage de 97 hectares en guise de deuxième phase des recherches lors de la deuxième quinzaine de juillet, des équipes cynophiles spécialisées dans la détection de restes humains, appuyées par des drones, ont été déployées à la fin du mois. Une phase qui a duré jusqu'au lundi 29... mais n'a rien donné.
Émile a donc été aperçu pour la dernière fois le samedi 8 juillet à 17h15, seul, dans une rue du hameau (désormais accessible à tout le monde, après des semaines d'interdiction). Alors que les recherches se poursuivent et que la famille semble tenter de reprendre une vie normale, s'attirant parfois les foudres de voisins ou d'internautes, on fait le point sur les zones d'ombre et les maigres lueurs d'espoir de cette disparition.
La famille du garçon s'est portée partie civile
L'enquête est désormais entre les mains de deux juges d'instruction d'Aix-en-Provence. Selon les informations de BFMTV ce lundi 7 août, la famille d'Emile s’est récemment constituée partie civile. Ce qui leur permet d'avoir accès au dossier. Une démarche rendue possible depuis l’ouverture de l'information judiciaire, annoncée à la mi-juillet par le procureur. "Le fait de se constituer partie civile permet aux proches d’Émile d'être informés du déroulement de la procédure", au cas où un procès se déroulerait, précise la chaîne info.
"Je ne les intéresse pas": les propos d'un voisin qui passent mal
Alors que l’arrêté municipal interdisant la circulation dans le Haut-Vernet pour les non habitants ou propriétaires de maisons secondaires est désormais caduc, l'un des voisins de la famille a évoqué sur BFMTV les conséquences de cette affaire au cœur du hameau, dont les trente maisons ont été fouillées par les policiers.
Évoquant la présence des nombreux enquêteurs sur place, il a dit: "on discute un peu avec eux. Ce sont des gens très sympas. Au début, ils ont fouillé ma maison, ouvert le congélateur. Mais moi, je ne les intéresse pas, car je n’ai pas de voiture…" Une petite phrase qui n'est pas bien passé dans le village.
Une famille sectaire? "Un tissu de conneries", répond-elle
"Tout le monde dit que c’est une famille repliée sur elle-même, c’est faux", a cru bon préciser, lors d'une récente interview à la presse, une octogénaire qui a gardé les oncles et les tantes d'Emile dans leur prime jeunesse. "C’est une famille qui sélectionne ses fréquentations. J’ai par exemple été invitée à des repas et même au mariage", a-t-elle ajouté.
En cause derrière ces drôles de justifications, la thèse du drame familial, toujours évoquée dans le hameau. La famille du jeune disparu était en effet réunie dans la maison des grands-parents le matin du samedi 8 juillet, et certains voisins l'ont qualifiée de "très pieuse". Pendant ce temps, Emile marchait seul dehors, ce qui n'a pas manqué de faire bondir certains. D'autres voisins ont comparée la tribu à une "secte". Dans la maison familiale se trouveraient actuellement les deux grands-parents et leurs dix enfants, dont la mère d'Emile est l'aînée.
Ce serait leur seconde maison dans la région. Le Parisien a en effet dévoilé, début août, que l'ancienne maison desdits grands-parents avait été frappée par un incendie d'origine criminelle en 2019. Une corrélation que n'a pas appréciée la famille: "tout ce qui est dit sur nous est un tissu de conneries. Comme cette histoire de maison qui brûle à Beaujeu. On est catho et de droite, et alors?", a lancé un membre de la famille au journal d'Île-de-France.
Les sorties à la piscine et les randonnées qui questionnent
Toujours présents au Vernet un mois après la disparition du jeune garçonnet, les proches d'Emile tenteraient en fait de reprendre une "vie normale". Mais l'empressement avec lequel la maman du petit garçon, Marie, et sa petite sœur, Alaïs, ont été aperçues à la piscine municipale du village, quelques semaines après la disparition de son fils, questionne certains voisins. Quelques jours plus tard, des oncles et tantes y ont également été vus. "Isolée, à l'écart des autres nageurs, la famille a profité du bassin avant de regagner leur maison du Haut-Vernet", décrit France Bleu.
Un retour rapide à la vie d'avant qui n'est pas du goût de tous les voisins ; certains n'hésitent pas à parler de "moments d'insouciance" des proches du petit garçon. Tandis que leurs moindres faits et gestes sont scrutés et commentés, une voisine a dit les avoir vus "sortir en randonnée". Apercevoir la grand-mère au marché matinal n'est pas non plus du goût de tous.
Le village est ainsi déchiré entre les défenseurs de la famille, qui leur accordent le droit de "continuer à vivre" (le maire de la commune en tête)... et les autres. Notamment les internautes, prompts à juger durement les proches du petit: "comment peut-on aller dans un centre aquatique alors que son enfant est porté disparu, c'est impossible cela me sidère, je trouve ça louche…"
Une fête prévue par la mairie ce mardi 8 août maintenue
Le maire du Vernet est clairement du côté de la famille meurtrie et de son souhait de reprendre une vie normale. Il a décidé de maintenir une fête traditionnelle, prévue ce mardi 8 août. Cette Fête de la transhumance a été longuement commentée dans les médias. "D'un côté, c'est un moment triste. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de faire la fête. Mais d'un autre côté, la vie continue pour les autres", a ainsi réagi un touriste allemand au micro de RTL.
Plusieurs animations sont prévues, malgré les recherches toujours en cours. Après des critiques reçues sur les réseaux sociaux, le maire a même déclaré: "Nous leur disons qu’on pense toujours à Émile. Que nous attendons des réponses à nos interrogations, mais que nous devons avancer."
"La vie doit reprendre", auraient répondu les parents d'Emile à une voisine, venue leur demander par politesse si cela ne les dérangeait pas qu’un anniversaire dans sa maison soit organisé non loin de chez eux.
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