La SBM n'est pas à vendre ». Le 28 février dernier, en conférence de presse, Michel Roger, ministre d'État, tentait de couper court aux rumeurs. Lesquelles ? Lavox populi l'affirmait : les Qataris seraient sur le point d'investir en masse dans le capital de la Société des bains de mer. Que nenni a réaffirmé le ministre d'État. « L'objet du plan de relance est de remettre la société sur la route du développement et du profit. Il est hors de question de recourir à des investisseurs étrangers. »
Il faut dire qu'en octobre dernier, la société d'investissement hôtelier du fonds souverain du Qatar, QD Hotel & Property Investment Ltd, annonçait détenir 5,94 % de parts dans le capital de la SBM.
Une entrée des Qataris qui n'a pas forcément surpris les observateurs avertis. Le prince Albert avait en effet lui-même nommé quelques mois plus tôt, « en plein accord avec les représentants du Qatar », Franck Biancheri, ancien conseiller de gouvernement à la tête de « Monaco QD ». Une « joint venture » détenue à 80 % par une filiale de Qatari Diar (donc de l'État du Qatar), et à 20 % par la principauté. Franck Biancheri définissait alors cette « joint venture » comme « un partenariat d'États souhaité par l'émir du Qatar et le prince Albert II. Il a pu se concrétiser, car, depuis 2008, les liens n'ont jamais été rompus entre l'Émir et le souverain. »
Ligue 1, Total, LVMH : la boulimie des Qataris
Avant-hier, les Qataris ont franchi un nouveau pas. D'après une déclaration transmise à l'Autorité des marchés financiers (AMF), Qatari Diar Real Estate Investment Company (l'état du Qatar), détient désormais 6,39 % du capital et des droits de vote de la société des Bains de Mer de Monaco. Et ce, en date du 12 mars.
Hier, la SBM souhaitait relativiser. « Il s'agit d'un simple reclassement de la participation détenue par Qatari Diar entre deux entités holding de leur groupe. Pour mémoire, Qatari Diar a déclaré son franchissement à la hausse du seuil de 5 % le 20 octobre 2011, en annonçant alors une participation de 5,94 % du capital au lieu de 6,39 % aujourd'hui. »
Jusqu'où iront les Qatari s ? En 2008, la SBM leur avait clairement signifié qu'ils devaient revoir leurs prétentions à la baisse, et limiter leur offre d'achat à 10 % seulement des actions de la SBM. Eux se seraient bien vus à l'époque à 27 %... On peut donc en déduire que « l'espace vital » laissé aux Qataris serait entre les 6,39 % d'aujourd'hui et les 10 % annoncés en 2008... À moins que la donne n'ait changé ?
Une chose est sûre : en quête de légitimité hors de son territoire, le Qatar fait actuellement feu de tout bois via ses fonds souverains surpuissants.
À Cannes, Qatari Dia détient 23,24 % du capital de la Société fermière du Casino municipal qui gère les hôtels Majestic et Gray d'Albion et deux casinos. Le Qatar a également fait main basse sur une grande partie des droits TV de la Ligue 1, a racheté le palace parisien Royal Monceau. Déjà présent au capital de Veolia, Vinci ou Lagardère, l'état du Golfe est devenu également le troisième actionnaire du groupe pétrolier français Total avec une participation de 2 milliards d'euros (2 % du capital).
On peut ajouter à cette liste non exhaustive les 1,03 % du groupe français de luxe LVMH que dirige l'homme d'affaires Bernard Arnault arraché par « Qatar Holding ».
L'ouverture surprise, l'hiver dernier, d'une liaison Doha Nice par la Qatar Airway pourrait accélérer encore cette boulimie d'achats. Reste à connaître leurs intentions définitives à Monaco.
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