César G. a comparu devant le tribunal correctionnel* suivant la procédure de flagrant délit pour violence et voie de faits sur agents de la force publique, rébellion et ivresse.
Cet Américain aisé de 28 ans, né à Mexico-City, mais résidant à New York, est venu faire la fête en Principauté avec son frère, sa fiancée et sa belle-famille. Mais le 24 août dernier, il est remarqué par le service de sécurité d'un établissement de nuit : il monte dans plusieurs véhicules qui ne lui appartiennent pas. Aussitôt, les vigiles alertent la Sûreté publique de Monaco. À l'arrivée des policiers, l'homme semble obtempérer. Mais, après quelques pas, il rebrousse chemin afin de cogner au visage un des fonctionnaires. Les deux autres, qui ont du mal à venir à bout de l'irascible Américain, prennent aussi quelques mandales au passage.
La présidente Michèle Humbert qui épluche son dossier note : « Pas de casier judiciaire à Monaco ni en France, un salaire mensuel de 57 000 dollars, etc. Et vous avez déclaré avoir bu dans la soirée quatre bouteilles de vin, trois verres de vodka et une bouteille de champagne. Cela fait beaucoup ! Et pourquoi pareil comportement ? Les policiers affirment que vous êtes revenu dans leur dos pour porter un coup… »
Le prévenu reconnaît « l'infraction, mais pas la rébellion ! Je ne faisais que me défendre. Dès que je vois un uniforme, j'ai peur. Je pense à la police mexicaine corrompue… Alors j'ai crié, je me suis débattu et je me suis emporté ! Certes, j'étais ivre et j'avais besoin d'une voiture pour rentrer à l'hôtel. J'avais pourtant demandé plusieurs fois de me ramener… Mais je ne voulais pas aller avec les policiers… Je ne me souviens pas de les avoir frappés, juste d'un mouvement de la main… Et si je devais rester plus de temps à Monaco que le prévoient mes vacances, ma vie serait brisée… »
La présidente relève cependant cette aberration « d'image de la police du Mexique alors que vous vivez aux États-Unis ! ». Quant à la partie civile, représentée par MeChristophe Sosso, elle réclame 1 500 € pour chaque policier au titre du préjudice subi.
Le procureur, dans son réquisitoire, n'ira pas par quatre chemins et demandera une sanction forte. « Ce type de comportement n'est pas tolérable et il n'y a pas de légitime défense quand des fonctionnaires font usage de la force pour obliger une personne à obtempérer. Je requiers une peine de dix jours d'emprisonnement ferme et 2 000 € d'amende. »
Pour sa défense, Me Sarah Filippi brandit le spectre des rapts au Mexique. « Mon client n'a pas l'habitude de boire. Or, il est tellement imbibé d'alcool qu'il ne comprend pas que les véhicules ne sont pas les siens. Sachez également qu'il a grandi dans le climat de peur des enlèvements au Mexique ! Et puis, a-t-il vraiment donné un coup de poing au policier ? Il n'y a pas de certificat fourni par ce dernier. Est-ce un simple réflexe de défense ou de frayeur ? (...) Pour une seule erreur, celle d'avoir trop bu, on va le maintenir en détention et compromettre sa vie professionnelle, son avenir ? »
Le tribunal, certainement sensible aux derniers arguments avancés, a déclaré César G. coupable avec une peine de quatre jours de prison ferme, 2 000 € d'amende, 50 € de contravention, 1 000 € à payer à chaque policier. Soit un passage rapide mais inoubliable pour des vacances dans les geôles monégasques.
*Mme Sophie Leonardi-Fleurichamp et M. Morgan Raymond, assesseurs.
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