Procès Air Cocaïne : Vous les croyez assez cons ?

Hier à Aix-en-Provence, Me Eric Dupond-Moretti a plaidé, sans mâcher ses mots, en faveur des pilotes alors que l’avocat général de la cour d’assises a requis sept ans de prison

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Éric Marmottans Publié le 03/04/2019 à 10:29, mis à jour le 03/04/2019 à 10:29
Mes Eric Dupond-Moretti, Antoine Vey (pour les pilotes) et Frank Berton (aux intérêts du commanditaire présumé) à l’entrée du palais Monclar à Aix-en-Provence.
Mes Eric Dupond-Moretti, Antoine Vey (pour les pilotes) et Frank Berton (aux intérêts du commanditaire présumé) à l’entrée du palais Monclar à Aix-en-Provence. Dominique Leriche

«Si vous ne les acquittez pas, c’est à désespérer. » Me Éric Dupond-Moretti a pris la parole hier matin pour prendre la défense des pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, jugés par la cour d’assises spéciale, à Aix-en-Provence, dans l’affaire Air Cocaïne.

Au terme d’un interminable réquisitoire (près de dix heures), l’avocat général Marc Gouton avait requis la veille une peine de sept de prison à leur endroit (lire nos éditions d’hier). « Il n’y a que Pénélope qui, par amour, peut détisser ce qu’elle a tissé », a persiflé l’avocat des pilotes, rappelant que le représentant du ministère public avait « chapeauté l’accusation » lors de la phase d’instruction… Et de fustiger des réquisitions qui n’auraient pas tenu compte de « ce qui a été dit à l’audience », privilégiant les témoignages à charge (« les y’a qu’à faut qu’on ») aux nombreux témoins de moralité cités par la défense.

« Ils ont été tondus comme des collabos ! »

« Ces hommes-là ont risqué leur peau pour nous, s’est emporté Me Dupond-Moretti, en référence aux états de service impeccables des accusés lorsqu’ils étaient pilotes de chasse dans l’armée. En 42, je ne sais pas ce que j’aurais fait, mais je sais ce que eux auraient fait ! (...) En République dominicaine, ils ont été tondus comme des collabos ! »

Le pénaliste a violemment critiqué le travail d’une juge d’instruction (« elle leur a parlé comme des merdes ! »), et s’en est pris à la supposée faiblesse des arguments de l’accusation qui a fait, selon les termes du ministère public, de « l’incuriosité » des pilotes « une adhésion à un projet criminel ». Et l’avocat de renvoyer la cour à la définition de l’incuriosité : « C’est l’insouciance d’apprendre ce que l’on ignore… »

« On a inventé le trafic international de stupéfiants par imprudence… », a moqué l’avocat des pilotes. S’en prenant également aux « clignotants » qui auraient dû, selon l’avocat général, alerter les pilotes. « La dernière fois que j’ai entendu cette expression, c’était dans l’affaire Outreau [un fiasco judiciaire, Ndlr] »

« Un jugement Canada Dry »

« Vous les croyez assez cons pour faire du trafic de stupéfiants ! », a lancé Me Dupond-Moretti, après que son jeune confrère et associé Me Antoine Vey s’était efforcé, plus tôt dans la matinée, de désamorcer les arguments - « les mythologies » - de l’avocat général en compilant tous les arguments de la défense déployés au fil des six dernières semaines d’audience. La procédure dominicaine, qui a abouti à la condamnation des pilotes, n’a pas été en reste hier : « C’est Canada Dry : ça ressemble à un jugement, ça a le goût d’un jugement, mais ça n’est pas un jugement », a insisté Éric Dupond-Moretti

Et de se tourner vers les pilotes : « J’ai honte de ce que l’on vous a fait. » À la cour : « J’ai honte de cette justice qui devient une machine à broyer pour une “incuriosité” supposée (...) Ils jouent tout ici, leur honneur, leur liberté et ce qu’il leur reste de fortune. »

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