Avec la période du Grand Prix, les nationalités défilent devant... le tribunal correctionnel !
Dans le box, cette fois, deux Polonais ont comparu menottés pour vol par escalade au Fairmont en 2013. Incarcérés depuis le 7 novembre dernier, ils ont été condamnés à des peines de prison ferme : un an pour Tomasz et six mois pour Adam, son complice.
À l'époque, une personne avait donné l'alerte en voyant un homme descendre en rappel du haut de la terrasse du palace monégasque. Quand la police arrive, une seule chambre avait été visitée. Grâce aux empreintes, aux prélèvements ADN et aux images de la vidéosurveillance, les enquêteurs identifient les deux Polonais.
Ils arrêtent Adam et lancent un mandat d'arrêt international pour Tomasz. Appréhendé par la police allemande, ce dernier sera rapidement extradé vers la Principauté. Aux questions du président Cyril Bousseron sur les raisons de ce vol, la réponse de ce détenu est déconcertante. « J'étais sous l'emprise de stupéfiants... Je ne me souviens de rien !
J'ai trouvé au pied d'une poubelle un sac avec du matériel d'escalade. C'était l'occasion de m'arrondir les fins de mois après l'accident de ma femme... Car j'étais venu à Monaco pour faire évaluer et vendre des monnaies anciennes laissées par ma mère.»
Questionné à son tour sur son rôle dans cette affaire, Adam a déclaré :« Je faisais le guet ! Je ne me sens pas concerné par ce cambriolage. »
Étonnement du président : « Pourtant vous étiez sur le toit avec du matériel... D'ailleurs vous avez été condamné en Pologne et en France pour tentative de vol... Vous consommez toujours des stupéfiants ? »Un peu perdu, le prévenu s'est contenté de quelques remarques : « Depuis que je suis incarcéré, j'essaie de diminuer progressivement les doses de produit. J'étais venu en France pour chercher du travail sur un chantier... »
Des bijoux plaqués or
Le procureur Jean-Jacques Ignacio, agacé, s'est écrié : « Ils sont présumés innocents, mais nous ne sommes pas présumés idiots ! Ils se défendent à leur manière. Mais à force de mentir. C'est toutefois étrange : au début, ils voulaient négocier le quantum de la peine. Aujourd'hui ils se disent victimes. Voilà deux toxicos connus défavorablement des services de police. Quant à Tomasz, c'est un génie du pipeau ! C'est un rat d'hôtel repéré à deux reprises. Vous les condamnerez à une peine de prison ferme : un an pour ce dernier, six mois pour l'autre. »
Pour la défense d'Adam, Me Charles Lécuyer démontrera que son client « est accusé d'un vol qui n'a pas commis. Effectivement, il surveillait. Mais il n'a jamais été informé sur l'activité de l'auteur des faits. Il est détenu depuis six mois. Faites preuve de clémence... » Pour Tomasz, Me Arnaud Cheynut se basera « sur un butin ridicule, dérisoire : des bijoux en plaqué or... A cause de ses dénégations, il a fait durer l'instruction. C'est un homme qui a fui la Pologne pour ne plus être poursuivi par ses créanciers et pour aider sa femme malade. Aujourd'hui, pommé, drogué, il ne sait plus où il va. Appliquez une juste proportion de la condamnation. »
Après en avoir délibéré, le tribunal suivra les réquisitions du Ministère public. Incarcérés depuis six mois, Adam est ressorti libre du palais de justice et son compère sera libéré dans trois mois avec le jeu des remises de peine.
*M. Florestan Bellinzona et Mlle Cyrielle Colle, assesseurs.
commentaires