Perquisitions à Beausoleil, garde à vue du maire... Une enquête en cours pour détournement de fonds publics

Nouveau soubresaut judiciaire en mairie de Beausoleil. Quinze ans après l’affaire Odéon, la gestion municipale de Gérard Spinelli de nouveau visée par une enquête.

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Eric Galliano Publié le 26/05/2023 à 19:50, mis à jour le 26/05/2023 à 19:54
Gérard Spinelli, maire de Beausoleil exerce actuellement son cinquième mandat. Photo J-F. O

C’est avec beaucoup de discrétion que des agents de la police judiciaire ont fait irruption, ce lundi, en mairie de Beausoleil. Les policiers en civil ont eu beau éviter d’emprunter l’entrée principale, leur présence au sein de l’Hôtel de Ville n’a pas manqué de susciter la curiosité. D’autant que ce jour-là, le maire, lui, était absent. Et pour cause, Gérard Spinelli était en garde à vue.

Avant de se rendre au siège de la collectivité, les fonctionnaires de la division financière étaient venus, tôt le matin, toquer à la porte de son domicile. Durant une bonne partie de la journée, ce lundi, le maire de Beausoleil a dû répondre aux questions des enquêteurs. Gérard Spinelli a finalement pu quitter le commissariat Auvare en fin d’après-midi. Sans qu’aucune poursuite n’ait pour l’heure été engagée contre lui.

Les investigations se poursuivent néanmoins sous l’égide du parquet de Nice qui se borne à confirmer, à ce stade, que "plusieurs auditions ont été réalisées cette semaine dans le cadre d’une enquête pour des faits présumés de détournement de fonds publics et de favoritisme au détriment de la commune de Beausoleil".

"On parle d’un gâteau d’anniversaire, tout au plus..."

Des incriminations pénales qui peuvent paraître lourdes. Me François-Xavier Vincensini en convient, même si l’avocat de Gérard Spinelli tient à relativiser la portée des faits qui pourraient être reprochés à son client: "On ne parle pas de millions d’euros mais de frais de bouche. D’un repas principalement, ou plus exactement d’un gâteau servi à la fin de ce repas."

L’un des points que s’attachent à vérifier les enquêteurs concerne, en effet, l’organisation d’un dîner en avril 2017 au Café de Paris, l’une des plus belles tables de Monaco, pour célébrer... le nouvel an Thaïlandais. Pays dont est originaire l’épouse du premier magistrat. "Rien à voir", tranche Gérard Spinelli. "Cette manifestation, comme d’autres, avait pour but de valoriser l’image de Beausoleil et de faire du relationnel". "Il n’y avait d’ailleurs que des officiels à la table", ajoute son avocat. Les agapes n’auraient même pas été réglées par la mairie, mais par une association de ressortissants italiens, les Amis d’Alba.

Accusations sur fond d’élection... et de harcèlement sexuel

En est-il de même de la soirée anniversaire de la première dame de Beausoleil? Une autre soirée en principauté au cours de laquelle avait été servi un fraisier sur lequel était inscrit le prénom de Mme Spinelli. "Mais c’est Manfredi lui-même qui l’a commandé", s’insurge le maire. Stéphane Manfredi, c’est l’homme par qui le scandale a éclaté... Bien avant que la police judiciaire ne passe à l’action. Cet ancien fonctionnaire en charge du Protocole avait décidé de faire cavalier seul aux Municipales de 2020 après que la Ville l’ait mis à pied. "Une procédure validée par les instances indépendantes et le tribunal administratif", souligne Me Vincensini qui rappelle que "ses collègues l’accusaient de harcèlement sexuel" et qu’une procédure pénale pour viol avait même été engagée à l’époque. Semble-t-il classée sans suite depuis.

Toujours est-il que l’ancien fonctionnaire devenu candidat sous l’étiquette RN avait alors brandi une liasse de factures "compromettantes" pour le maire sortant. Des frais réglés par la collectivité mais qui n’auraient eu d’autre but que de satisfaire les intérêts personnels de Gérard Spinelli ou de ses proches. C’est précisément ce que tentent de vérifier aujourd’hui les enquêteurs de la PJ. "Et c’est normal s’agissant de l’utilisation de deniers publics, c’est même automatique dès lors que des accusations sont portées", rappelle l’avocat du maire même s’il en conteste le fondement.

Le précédent de l’affaire Odéon

Gérard Spinelli lui-même ne semble pas s’en offusquer: "C’est le jeu démocratique", souffle-t-il avec fatalisme. "J’ai appris à l’être lors de ma précédente expérience avec la justice", confie-t-il. En 2009, déjà maire de Beausoleil, l’élu s’était vu embarquer dans une vaste affaire politico-judiciaire qui lui avait valu de passer 24 jours en détention. On lui reprochait à l’époque d’avoir touché "des enveloppes" pour ne pas entraver le chantier de la tour Odéon à la limite de sa commune et de Monaco. Le dossier présenté comme un cas d’école en matière de corruption avait fini par faire pschitt, dix ans plus tard, à la barre du tribunal.

En sera-t-il de même cette fois-ci? "Il appartient désormais au parquet de le dire, reconnaît Gérard Spinelli. Moi j’ai essayé d’apporter aux enquêteurs qui m’ont interrogé des précisions qu’ils n’avaient pas. Je pense qu’ils m’ont entendu."

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