Cet homme de 50 ans a abordé deux jeunes filles afin de leur demander, sans raison, leurs papiers d’identité. Une expertise psychiatrique a été demandée.Il risque 2 000 e d’amende
Moufid B. (1) mène-t-il indéniablement une double vie sans le savoir ? En tout cas, hier, à l'audience du tribunal correctionnel, il semblait être un pur produit du dédoublement de la personnalité. Le prévenu, âgé de cinquante ans, comparaissait pour usurpation de titre et de fonction.
Car le 16 novembre dernier, à la gare SNCF, cet employé de banque abordait deux jeunes filles pour un contrôle d'identité. En tant que fonctionnaire de police, il exigeait la présentation de leurs cartes nationales... « Pourquoi pareille attitude ?, lui a demandé le président Marcel Tastevin (2).Vous avez pourtant passé l'âge de faire pareilles plaisanteries... »
L'alcool en cause ?
Le quinquagénaire ne s'explique pas cette attitude... « Vous aviez certainement bu,a alors noté le président, car on a relevé un taux d'alcool de 0,86 mg dans le sang. Dans le PV de police, les victimes rapportent que vous leur avez demandé plusieurs fois de vous suivre pour les conduire au poste, mais sans les insulter et sans agressivité. Elles ont exigé de voir votre carte et vous avez sorti un téléphone portable... En finalité, elles ont appelé la police ! L'affaire aura duré une trentaine de minutes... »
Le prévenu a reconnu que c'était « une idiotie » de sa part.
Puis, il a prétexté « une récente rupture d'anévrisme où le cerveau n'a pas été irrigué par le sang », tout en affirmant des situations familiale et professionnelle saines. « Pourtant, l'AVC ne donne pas envie de faire de telles bêtises, a souligné le président. Avez-vous essayé d'analyser votre comportement ? Il est anormal et votre casier judiciaire montre plusieurs infractions pour ivresse, blessures involontaires, etc. »
Moufid B., en conservant une attitude très triste et très pieuse, mais sans baisser les yeux, a voulu « régler les dommages causés », afin de réparer sa faute. « Les jeunes filles ne demandent pas de dommages, a répondu le procureur Jean-Jacques Ignacio. Mais elles ont été très inquiètes ! Que se serait-il passé si elles vous avaient suivi ? Jusqu'où cela pouvait-il aller ? Si c'est véritablement une blague, elle n'est pas drôle ! Une peine d'amende de 2 000 euros et de la prison avec sursis s'imposent... »
Le tribunal a voulu savoir si le prévenu feignait ou s'il était vraiment atteint d'une maladie de l'âme à même d'altérer son harmonie existentielle d'individu. Il a ordonné « une expertise psychiatrique pour connaître l'origine des faits » et a renvoyé l'affaire au mardi 27 mars.
1. Le prénom a été modifié afin de préserver l'anonymat du prévenu.
2. M. Cyril Bousseron et Mme Emmanuelle Casini-Bachelet, assesseurs.
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