Lettre au proviseur, réponse du rectorat, réaction des parents et des ministres... Le point sur l'affaire Nicolas, cet adolescent harcelé qui s'est suicidé à Poissy

Nicolas a mis fin à ses jours le 5 septembre à Poissy. Il avait 15 ans. Durant 8 mois ses parents ont pourtant dénoncé les faits de harcèlement dont leur fils était victime de la part de deux élèves du lycée professionnel Adrienne-Bolland à Poissy (Yvelines) où il était lui-même scolarisé.

La rédaction Publié le 18/09/2023 à 11:37, mis à jour le 18/09/2023 à 11:32
Durant plusieurs mois Nicolas a été victime de harcèlement de la part de deux élèves de son lycée dans les Yvelines. Photo DR

Le 18 avril 2023 Béatrice et son mari ont écrit au proviseur du lycée professionnel pour signaler, à nouveau, "la détresse" de leur fils face au harcèlement qu'il "subit depuis le mois d'octobre par deux personnes qui ne cessent de lui faire des remarques désobligeantes pendant les cours et lors des temps de pause"

Un rendez-vous avait déjà eu lieu le 10 mars avec le chef d'établissement, qui n'a fait aucun retour sur la situation, alors qu'il l'aurait promis. "Depuis notre entretien, nous ignorons toujours, si une action quelconque a été menée [...] et/ou si une quelconque mesure disciplinaire a été prise à l'encontre de ces deux individus", déplorent les parents. 

Une plainte a donc été déposée le 12 avril et le rectorat a été avisé par le biais du Service de lutte contre le harcèlement du Ministère de l'Education. 

Dans ce courrier, ils expliquent qu'une altercation "a failli dégénérer entre ces deux individus". Il est souligné que le professeur principal a été prévenu, mais "qu'il ne pouvait rien faire car l'altercation s'était déroulée pendant le temps de pause" et que "cela ne concernait pas l'établissement"

Les insultes touchent toute la famille ou presque. Ces deux élèves auraient alors dit à Nicolas: "Ta mère et ta sœur sont des salopes" ou encore "je vais baiser ta mère"

"Ils se sont attaqués aussi à sa personne" rapportent dans la lettre les parents de Nicolas. "Tu es nul, t'es moche, personne ne t'aime". Des allégations qui auraient été proférées devant une professeure "qui n'a rien dit, n'a rien fait"

Tout cela, signalent les parents, a "des conséquences sur son moral, sur son état mental qui se dégrade". 

A la fin de la lettre, ces parents impuissants s'emportent. "Il est incompréhensible que vous puissiez laisser un adolescent subir une telle violence verbale et psychologique dans votre établissement sans réagir d'une quelconque manière, aussi nous allons déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils"

La réponse du rectorat

Le 4 mai 2023, dans un courrier dévoilé par BFMTV, le rectorat répond aux parents de Nicolas. 

Il leur enjoint "dans l'intérêt de votre enfant et par souci d'exemplarité à son égard d'adopter une attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative et plus largement tout personnel de l'Education nationale qui oeuvrent à la prise en charge de votre fils et agit au mieux à son égard". 

Dans ce courrier, le rectorat leur rappelle également les riques encourus suite à une dénonciation clomnieuse. Mais pas un mot sur le problème qui a entraîné cet échange: le harcèlement dont est victime Nicolas.

La réponse du rectorat de Versailles, en date du 4 mai 2023, aux parents dont l'enfant s'est suicidé à Poissy. Document BFMTV.

"Outrés et effarés"

Les parents de l'adolescent qui s'est suicidé à la rentrée à Poissy se disent "outrés et effarés" par cette réponse. Auprès de nos confrères du Journal du dimanche, Béatrice, la mère de Nicolas s'est exprimée. "Nous passions désormais pour des coupables. C’en était trop. À partir de ce moment, Nicolas n’a plus été le même. C’était tellement grossier et surtout injuste", s'est-elle insurgée. 

"Avant ces événements scolaires, il avait un idéal très élevé de la justice et des adultes. Il ne supportait pas l’injustice. Après ces événements, il ne faisait plus confiance ni en l’une ni aux autres", a-t-elle expliqué.

"Ce courrier est une honte"

Samedi 16 septembre, la Première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, ont réagi à la lettre envoyée par le rectorat. 

"Ce courrier est une honte, une honte", a déclaré Gabriel Attal sur le perron de son ministère alors qu'il se trouvait la veille aux côtés de la famille de Nicolas lors des obsèques. 

Peu avant cette intervention, la Première ministre Élisabeth Borne avait qualifié de "choquant" le ton de la missive envoyée par le rectorat de Versailles le 4 mai 2023 aux parents du lycéen.

Pour la Première ministre, "il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets".

Ce lundi, Gabriel Attal réunira "l'ensemble des rectrices et des recteurs, pour un audit dans l'ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l'année passée".

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