Les enfants sont en retard, le directeur d'école les laisse entrer 1h30 plus tard

Une maman, arrivée quelques minutes en retard jeudi matin, a fini par appeler la police municipale pour que trois enfants entrent à l’école primaire Tenao, à Beausoleil.

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Joëlle Deviras Publié le 24/05/2018 à 20:28, mis à jour le 25/05/2018 à 13:43
Trois enfants ont attendu de 8h25 à 10 heures pour que le directeur d'école leur ouvre la porte. Photo DR

"​Nous sommes arrivés devant l’école à 8h25, donc avec quelques minutes de retard et les enfants n’ont pu rentrer qu’à 10 heures!"

Jeudi midi, c’est une maman qui semblait épuisée qui nous a expliqué le déroulé de sa matinée devant l’école du Tenao.

Aurore Donnadieu a pris sa voiture à 7h35 pour se rendre du Tenao supérieur à l’établissement scolaire maman avec sa fille de 7 ans 1/2 prénommée Kalya.

"J’avais une autre petite fille avec moi. Habituellement, nous arrivons à 7h55. Mais, peut-être en raison du Grand Prix, les bouchons étaient tels que nous sommes arrivés à 8h25 devant l’entrée de l’école. Je n’arrive jamais en retard… Un jeune garçon Gabriel attendait à la porte avec sa maman Marta Costa. Nous avons sonné, sonné, sonné encore."

Grand Prix ou non, c’est 8h15

Les retardataires ont tout tenté pour s’annoncer. "Le directeur de l’école, M. François Grimal, est sorti à 8h45 et a ouvert le portail pour raccompagner un parent d’élève. Il nous a dit: "Je n’ai pas le temps de vous parler."

J’ai rétorqué: "C’est une blague!" J’avais autour de moi d’autres mamans."

Marta Costa, la maman de Gabriel, confirme: "Il y avait six mamans et leur enfant à la porte à ce moment-là. Pourquoi le directeur n’a-t-il pas pris nos enfants à ce moment-là?"

Le directeur répond: "Ce n’est pas possible de prendre les enfants retardataires. Je ne peux pas prendre les enfants et aller dans tous les étages pour les répartir dans les classes."

Aurore Donnadieu poursuit: "Nous avons appelé la mairie et avons eu une oreille attentive. Mais toutes nos démarches restaient infructueuses pour trouver une solution! Nous avons fini par appelé la police municipale. Des agents sont arrivés et la récréation de 10 heures commençait. Soudain, le directeur de l’école est arrivé et nous a ouvert le portail. - Pourquoi ce matin vous avez refusé de prendre les trois élèves? ai-je demandé. Les policiers paraissaient tout aussi stupéfaits que moi. Je n’ai eu aucune explication: le directeur a pris les enfants et nous sommes partis."

L’ensemble de ces propos sont confirmés par Marta Costa, la maman de Gabriel, qui conclut: "C’est une honte!"

La police municipale a été à l’écoute, même si cette situation ne relève pas de son ressort puisque cette péripétie s’est déroulée sans violence ni trouble à l’ordre public. Pas plus qu’elle ne relève du maire que la maman a croisé vers 9 heures.

Ni gardien ni secrétaire

Comment une telle situation est-elle possible dans la petite ville de Beausoleil, et a fortiori dans un établissement scolaire? La réponse a été donnée par le directeur de l’école François Grimal.

"En conseil d’école le 13 mars 2018, en présence de l’inspecteur, décision a été prise qu’aucun retard ne serait toléré." Mais pourquoi donc ouvrir à 10 heures dans ce cas? Réponse du directeur: "Ça, c’est le système du fonctionnement de l’école. Tous les parents le connaissent. Quand nous sortons dans la cour, on peut ouvrir."

Ce qui semble toutefois étonnant, c’est qu’il n’y a plus de personnel pour gérer le quotidien d’un établissement scolaire. Ni gardien, ni appariteur, ni personnel administratif.

Le téléphone de l’école est relié à un simple répondeur. "C’est un problème en France, il n’y a plus de secrétaire à mi-temps, souligne le maire Gérard Spinelli. J’ai assisté à ce conseil l’école du 13 mars. Et effectivement, les enseignants n’ayant pas le droit de laisser les enfants seuls en classe, ils ne peuvent pas ouvrir la porte."

Quant aux circonstances particulières du Grand Prix qui auraient pu occasionner des bouchons, le directeur n’en revient pas: "Et pourquoi pas pour le Festival de Cannes! Les bras m’en tombent!" Sans commentaire.


Tolérance zéro

Le directeur d'école, François Grimal, a tenu à nous envoyer une réponse écrite cosignée par Ingrid Francoïa, enseignante. En voici de larges extraits.

"Comme il a été rappelé aux parents d'élèves à de très nombreuses reprises, que l'école, comme tout autre établissement public, a un règlement intérieur (voté puis signé par les parents d'élèves en début d'année). Celui-ci prévoit que les retards, même exceptionnels, ne seraient plus tolérés. Le portail ouvre à 8 h 05 et ferme à 8 h 15, heure à laquelle nous devons tous être en classe. (...) L'équipe pédagogique, soutenue par l'Inspecteur Monsieur Messina en Conseil d'école, tient à rappeler que l'acceptation des élèves en retard était une tolérance et nullement un droit. Les textes sont formels, nous n'avons en aucun cas l'obligation d'accepter les enfants une fois le portail fermé. Alors certaines personnes pourront peut-être, sur la forme, regretter un manque de souplesse de l'école, mais tous les retardataires ont toujours une bonne excuse. Vous nous présentez le Grand Prix comme étant une justification valable. (...) Aucun des enseignants de l'école, contrairement aux parents d'élèves, n'habite Beausoleil et tout le monde a trouvé un moyen d'arriver à l'heure aujourd'hui. (...)'

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