Alors que le Conseil national examinait le budget primitif 2012, le sujet du tunnel descendant est revenu au centre des discussions. Les élus ont clairement manifesté leur désaccord en votant contre la ligne relative au projet (sauf trois abstentions). Un rebondissement aux allures de symbole.
C'est Jean-François Robillon, le président de l'assemblée, qui a (re)lancé le thème. « Le tunnel descendant s'est réinvité dans le débat lors du budget rectificatif 2011. Il devenait alors urgent de lancer les travaux, et de les lancer de manière significative, afin de ne pas perdre le bénéfice de la déclaration d'utilité publique. Cependant j'émets quelques doutes.» Des doutes qui seront repris par les élus prenant la parole ensuite.
D'abord quant à la réelle amélioration du trafic. « Le tunnel ne règle pas les problèmes en amont» pour Philippe Clerissi (sans étiquette), c'est-à-dire côté Jardin Exotique, congestionné aux heures de pointe. Pour Christophe Spiliotis-Saquet (sans étiquette) « On doit trouver d'autres moyens d'acheminer les pendulaires».
63000 véhicules par jour en 2025
Marie-Pierre Gramaglia, conseiller de gouvernement pour l'équipement, l'environnement et l'urbanisme, a rappelé que 52 500 véhicules entrent et sortent chaque jour de Monaco et d'ici 2025, ce nombre va avoisiner les 63 000 véhicules.
« Ce tunnel n'a pas pour but de réduire la circulation mais de la dévier. Il s'inscrit dans une politique globale de déplacement» avec une augmentation de 4 à 6 TER par heure de pointe du côté du rail, la promotion du covoiturage et l'intermodalité.
Jean-François Robillon s'est aussi inquiété des limites en termes de capacité d'accueil des parkings.
Marie-Pierre Gramaglia a précisé que la ZAC Saint-Antoine comporterait 600 places et l'îlot Charles-III 800 à 1 000.
Zéro rentabilité
Le président du Conseil national a aussi fait part de ses doutes sur la réalisation technique de l'opération. « Ce tunnel représente 1,7 km à construire en tenant compte d'une pente de 6 %. (...) Ces contraintes techniques me font craindre que le budget initial, de près de 100 millions d'euros, ne soit très largement dépassé. » Les élus ont avancé que ce ne sont pas les entreprises monégasques qui bénéficieront du chantier dans le sens où il n'existe pas de tunnelier en Principauté. Par ailleurs, il a été argué que le tunnel ne devrait pas amener de recettes à l'État, donc l'argument de la rentabilité doit être écarté.
Après un long échange entre élus et gouvernement, Laurent Nouvion (R&E) a demandé, à défaut de geler les crédits : « Est-ce qu'à ce stade de la réflexion le Conseil national souhaite qu'on ne vote pas cette ligne ? ». Il a immédiatement été rejoint par Alexandre Bordero (UDM) : « Comme on ne peut pas amender les lois de budgets, j'appellerai aussi à voter contre cette ligne. C'est symbolique, cela marque la désapprobation des élus sur le sujet.» Et Jean-François Robillon de rebondir «Vous avez piqué mon intervention, M. Bordero. Cela nous permet de montrer au gouvernement que nous avons un doute sur ce projet. Cela l'obligera peut-être à réfléchir avant de finaliser la signature du contrat. »
Axelle truquet
atruquet@monacomatin.mc
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