La mafia calabraise a-t-elle blanchi l'argent de la drogue à Monaco?

La semaine dernière le Tribunal correctionnel de Monaco examinait les pratiques locales de blanchiment d'argent de la Camorra napolitaine (voir notre édition du 21 octobre). Cette fois, les magistrats monégasques ont scruté des agissements identiques de la 'Ndrangheta calabraise avec l'affaire de son chef présumé, Massimiliano A.

J.-M. F. Publié le 28/10/2011 à 07:14, mis à jour le 31/12/2011 à 21:34
La mafia calabraise a-t-elle blanchi l'argent - 14825392.jpg

La semaine dernière le Tribunal correctionnel de Monaco examinait les pratiques locales de blanchiment d'argent de la Camorra napolitaine (voir notre édition du 21 octobre). Cette fois, les magistrats monégasques ont scruté des agissements identiques de la 'Ndrangheta calabraise avec l'affaire de son chef présumé, Massimiliano A.

Ce même homme interpellé avec une fausse carte d'identité au square Gastaud, en Principauté, le 8 septembre 2008, a été extradé depuis vers Italie. Il y a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour trafic de stupéfiants. Peine réduite à 18 ans en appel. Mais après un pourvoi déposé auprès de la Cour suprême de cassation italienne, Massimiliano A. est actuellement en liberté et placé sous contrôle judiciaire à Rome. C'est son avocat-défenseur, Me Franck Michel qui l'a représenté à la barre.

Le prévenu est soupçonné d'avoir blanchi de l'argent provenant de la vente de drogue en Principauté. L'alerte avait été donnée par le Siccfin* qui l'a suspecté d'être détenteur de plusieurs comptes auprès d'établissements bancaires de Monaco pour un montant de quelque 1 600 000 €.

« On note après enquête, a précisé le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle**, des retraits en espèces, des transferts de parts et des versements en espèces qui proviendraient des ventes d'un bateau, d'une maison en Espagne, d'un hélicoptère, etc. L'ensemble de ses comptes et ceux de son épouse, dont aucun acte de mariage n'apparaît dans le dossier, ont été bloqués. »

Un témoin, cité à la barre, a affirmé avoir « payé à Massimiliano, à l'époque, un milliard de lires, soit 550 000 €, pour l'acquisition de deux commerces situés sur une avenue romaine, proche de la célèbre piazza Navone, entre 1995 et 1996. »

Déclaration insuffisante pour convaincre le procureur Michaël Bonnet. « Les comptes bancaires sont ouverts au nom du prévenu, à celui de son épouse et à ceux de sociétés des Seychelles dont il est l'unique administrateur. Il est aisé de comprendre le fonctionnement. Il apparaît seulement des dépôts d'espèces sur le compte personnel puis des transferts sur d'autres comptes afin de ne pas être inquiété. D'où vient cet argent ? De l'activité illicite du trafic de stupéfiants. Car cet Italien n'a aucun revenu et ne justifie de rien... »

Cannabis, cocaïne

Et de poursuivre : « Il n'a pas été condamné pour 3 g de drogue. Mais parce qu'il était à la tête d'un réseau de narcotrafiquants où a été saisie plus d'une tonne de cocaïne sur un bateau. A 50 € le gramme, cela représente 12 millions d'euros. Sans parler des 15 tonnes de cannabis, soit à 5 € le gramme un gain de 78 millions d'euros. Il faut avoir les reins solides pour monter pareilles opérations ! La vente de l'hélicoptère représente une quote-part. Comment est-ce possible de payer cet appareil 450 000 $ au cours de l'année 2000 et de le revendre deux ans plus tard, alors qu'il a volé, quasiment le double ? Toujours sans facture ni autre pièce fournie pour authentifier la vente ! Et les fameuses boutiques acquises pour 550.000 € dont la superficie ne dépasse pas 50 m2 chacune. On peut également s'interroger sur ce témoignage aux explications fantaisistes et avec un chiffre d'affaires à zéro. On ne raconte que des histoires pour toutes les transactions. Le prévenu a bien déposé à Monaco de l'argent provenant du trafic de drogue. Il faut le condamner à sept ans d'emprisonnement avec mandat d'arrêt, 50 000 € d'amende et la confiscation des espèces et de l'argent sur les comptes ».

Le tribunal rendra sa décision le mardi 6 décembre.

*Service d'information et de contrôle sur les circuits financiers
**M. Florestan Bellinzona et Mme Sophie Fleurichamp, assesseurs.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.