Devant le tribunal correctionnel, c’est une victime indirecte des bouchons de circulation matinaux qui perturbent l’entrée ouest de la Principauté au niveau de la Moyenne corniche. Il ne s’agit pas d’un banal accrochage. Mais d’un comportement à risque inédit entre les utilisateurs d’une voiture et d’un scooter.
Le 27 mai 2019, à l’heure du flot des pendulaires, une conductrice, en provenance de Nice, s’arrête brusquement sur la petite place du Jardin exotique. Son enfant n’est vraiment pas bien. On comprend son affolement et sa précipitation pour obtenir quelque secours. La jeune mère se sert de son téléphone et entrouvre la portière du véhicule tenue de la main gauche.
Un pilote de deux-roues oublie les règles élémentaires : il remonte la file d’automobiles par un dépassement sur la droite. Mais il est coincé quand il s’approche de la voiture stationnée en urgence.
"J’ai eu peur de tomber"
"Je me suis retrouvé en déséquilibre entre cette dame et un bus, avoue le prévenu en réponse au président Florestan Bellinzona, désireux d’explications sur un tel comportement. Comme j’ai eu peur de tomber, j’ai repoussé sa portière, uniquement pour me protéger. Je n’ai jamais voulu blesser cette mère de famille. Je ne suis pas coupable. J’ai été choqué par les trois heures de garde à vue. Si Madame m’avait informé, j’aurais retenu mon geste…"
Pourtant… Quand l’intéressé a forcé sur le montant de la porte, il a brisé la main de la conductrice. "J’ai eu un écrasement des doigts, confirme la victime. C’était très douloureux avec dix jours d’ITT. Je réclame 2.500 € pour les soins et 1 200€ pour le préjudice."
Pour ce dossier, le premier substitut Olivier Zamphiroff ne s’est pas étendu sur la cohabitation dans la circulation pour les usagers qui empruntent les mêmes équipements de voirie. Il a demandé la requalification de violences en blessures involontaires. Et requis 500€ d’amende.
Un geste à 2.000€
À son tour, Me Marcel Benhamou, du barreau de Nice, a rappelé les éléments de l’infraction tout en insistant sur "le réflexe de défense" de son client et "l’absence d’intention d’agresser".
Après l’assurance d’un "élément légal non constitué et une matérialité des faits discutables", l’avocat a clamé dans le prétoire: "La victime n’est pas la victime! Qui a commencé? Qui était mal garé? Qui a ouvert la porte? Condamner mon client serait un élément unique. La relaxe s’impose…"
Après avoir délibéré sur-le-champ, le tribunal a condamné le prévenu à 500€ d’amende et accordé 1.500 € à la partie civile.
*Assesseurs : Françoise Dornier et Séverine Lasch.
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