Guillaume Rose: "S'adapter à de nouveaux marchés"

Le directeur du Tourisme, en poste depuis deux mois, dresse un premier bilan pointant du doigt les actions à mener pour séduire une nouvelle clientèle

Propos recueillis par Cédric Verany Publié le 21/12/2011 à 07:18, mis à jour le 02/01/2012 à 20:44
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Guillaume Rose, directeur du Tourisme monégasque est en poste depuis deux mois. Eric Dulière

Le directeur du Tourisme, en poste depuis deux mois, dresse un premier bilan pointant du doigt les actions à mener pour séduire une nouvelle clientèle

Deux mois après votre arrivée, quel est votre état d'esprit à la tête de la Direction du Tourisme ?
Mon prédécesseur Michel Bouquier m'a laissé un empire avec une impressionnante équipe de professionnels. Depuis deux mois, j'ai fait une tournée de façon à présenter la principauté. Nous avons visité sept pays, pour maintenir la promotion. Comme le font quotidiennement nos onze bureaux de représentation dans le monde. Tous les jours, dans l'univers du tourisme, quelqu'un parle de Monaco.

Vous aviez annoncé vouloir « capitaliser sur le rêve », est-ce la clé du développement touristique pour Monaco ?
Capitaliser sur le rêve, c'est ce que je fais, en diffusant dans chacune de mes présentations dans le monde, en prélude, les images de « La main au collet » avec Grace Kelly. Il faut redonner à Monaco son coté glamour et luxe, car nous attaquons des marchés jeunes comme ceux du Brésil, de la Chine, de l'Inde. C'est le moment de tout miser sur le rêve !

Une recette qui marche aussi pour le tourisme d'affaires ?
Pour ce secteur, il faut miser aussi sur le service et le sérieux de nos infrastructures. Depuis 150 ans, à Monaco, nous sommes habitués à recevoir les grands de ce monde et les demandes les plus extravagantes. Cette qualité de service, il est bon de faire savoir aux congressistes que nous la mettons à leur disposition. Et ça marche ! Nous avons un taux de fidélisation oscillant entre 70 et 80 % auprès des organisateurs de congrès. Notre objectif est de pousser à ce qu'ils organisent plusieurs événements par an en principauté.

L'image « luxe » n'est-elle pas un frein ?
Nous l'avons travaillé. Monaco ne doit pas être une destination « bon marché », mais une destination raisonnable pour les entreprises. L'intérêt est d'en avoir pour son argent et à ce niveau, Monaco est la meilleure destination qualité/prix au monde pour les congrès.

A contrario faut-il promouvoir l'ultra luxe pour susciter l'intérêt de clientèles aisées ?

C'est un marché essentiel, mais surtout pas en communication. Selon moi, moins on parle de l'ultra-luxe, plus on en fait. C'est un marché de prestations qui se font entre initiés, pour initiés. En parler, c'est le meilleur moyen de ne pas en faire.

En cette période économiquement difficile, quel bilan dresse-t-on pour le tourisme en 2011 en principauté ?

L'année 2011 est bien supérieure à 2010, en terme d'hôtellerie où le taux d'occupation et le revenu moyen par chambre est en hausse de 5 %. Le mois de juillet a été le plus grand mois de juillet hôtelier de toute l'histoire de la principauté. Un mois historique, dû au mariage princier. Les visiteurs en principauté sont présents. Et nous travaillons à ce que l'accueil se fasse au mieux, dans un lieu où il fait bon vivre. Côté tourisme d'affaires, nous commençons à recevoir des groupes indiens et chinois, c'est le fruit d'un travail depuis plusieurs années.

L'Inde et la Chine sont les marchés à séduire. Monaco doit s'adapter à ces clients selon vous ?
Effectivement, en matière hôtelière, Chinois et Indiens attendent que l'on s'adapte à leurs demandes. Ils cherchent des indices qui leur souhaitent la bienvenue. Nous manquons de restaurants chinois et indiens haut de gamme, même si je salue le travail du Bouddha Bar ou le Maya Bay. Il est impératif que nous ayons un maximum de personnes qui parlent le chinois. Que les menus soient traduits, que le room service des palaces propose des plats chinois et indiens 24 h sur 24. Où est passé notre pouvoir d'adaptation ? Je n'invente rien en disant cela ! Il n'est pas plus difficile d'introduire des plats chinois dans notre culture que des spaghetti comme nous l'avons fait en 1903. Nous devons évoluer et nous adapter à de nouveaux marchés, comme l'on fait nos ancêtres.

D'autres nouveaux marchés suscitent votre intérêt ?
Le marché Russe est exponentiel (+140 %). C'est le quatrième marché émetteur en principauté, ce qui est extraordinaire vu la distance. Au Brésil aussi, nous multiplions les actions. Ce pays est en émergence, il y a une énorme classe moyenne intéressée par la France et l'Italie. Nous sommes au milieu et nous pouvons leur proposer un séjour alliant qualité et sécurité. Nous continuons aussi à prospecter en Allemagne, où la clientèle business se fait plus dense. On note aussi une poussée des pays scandinaves.

Et les Italiens ?
La clientèle Italienne, elle, est en retrait, donc nous allons nous engager dans des actions vers ce pays voisin, car c'est en Italie que Monaco bénéficie de la meilleure image. Mon intime conviction est qu'il y a de la place pour tout le monde. Le croisiériste ne chasse pas le milliardaire. Et le Chinois ne chasse pas l'Italien ! Notre croisade est de fidéliser la clientèle.

On a pu entendre que l'hiver les manifestations n'étaient pas assez nombreuses à Monaco. C'est votre point de vue ?
Non, loin de là ! Nous bénéficions d'une brillante saison culturelle et nous alimentons le besoin d'animations, même pour ceux qui ne sont pas sensibles à la culture classique. Il y a plus de 700 événements par an. Et j'attends beaucoup de la Ni Box pour apporter de nouveaux projets (où vient d'être aménagée une salle de concert NDRL). Ce que nous mettons en avant, c'est notre art de vivre à l'européenne.

La rigueur budgétaire a-t-elle atteint les finances du Tourisme ?
Effectivement, les budgets ont été réduits de 20 % par rapport à 2010. Nous avons optimisé nos forces, en réduisant les actions sur des marchés peu porteurs. Nous nous sommes recentrés sur d'autres (Russie, Chine, Inde, Brésil) tout en maintenant notre présence européenne. En clair, même si nos investissements publicitaires ont été réduits, nous avons largement maintenu les moyens humains pour être présents sur les marchés qui comptent. Par ailleurs, nous organiserons, en 2013, d'autres Night in Monaco, hors d'Europe. Mais dans un monde incertain, il vaut mieux faire une pause.

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