Elle escroque sa tante... par peur d’être spoliée à la succession

C’est une affaire où se mêlent escroquerie, recel et vol, qui a été évoquée devant le tribunal correctionnel.

Article réservé aux abonnés
JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 25/07/2019 à 10:24, mis à jour le 25/07/2019 à 10:24
La nièce écope de 10 mois de prison ferme.
La nièce écope de 10 mois de prison ferme. C.D.

C’est une affaire où se mêlent escroquerie, recel et vol, qui a été évoquée devant le tribunal correctionnel. Le dossier concerne une quinquagénaire niçoise sans emploi et son fils, un vendeur célibataire de 22 ans. Elle aurait utilisé divers moyens frauduleux afin de détourner d’importantes sommes d’argent au préjudice de sa tante, aujourd’hui décédée.

Il lui est reproché, entre mai et août 2018, d’avoir soustrait divers documents administratifs au détriment de sa tante : passeport, carte de résident, relevé bancaire, facture de la SMEG, afin de contracter un crédit à la consommation. Puis l’utilisation d’une carte de paiement au nom de la victime. Enfin, 52 virements ont permis de détourner sur son compte personnel la somme 84 005 e.

Quant au fiston, il lui est reproché le recel de l’ordinateur acheté.

À l’époque, la victime avait déjà déposé plainte en voyant ses avoirs bancaires passer à une vitesse inhabituelle de crédit à débit. Par la suite, avec l’ouverture de la succession au trépas de la parente, trois héritiers légitimes avaient relevé à leur tour des actes anormaux. Ils en ont rapidement déduit qu’une personne malveillante avait convoité son patrimoine. Sans manquer d’en spolier une grande partie. Les ayants droit collatéraux ont demandé à la justice de statuer sur ce litige et de réparer le préjudice subi.

« Ma tante était au courant »

Les faits remontent au mois de mai 2018. La nièce vient de sortir de prison. Sa tante, bienveillante, l’héberge pendant un mois, puis elle financera son logement en location à Vintimille afin de l’aider au mieux. Dès le mois d’août, inquiétée par la déliquescence de ses finances, la plaignante alerte la police…

À la barre, la prévenue réfute toute malversation et dément être l’auteur des virements. « Pourtant, oppose le président Florestan Bellinzona, l’adresse IP démontre que la quasi-totalité des ordres parvenait d’Italie depuis un ordinateur… »

Inhibée, la prévenue module ses dénégations : « Ma tante était au courant. Elle m’avait autorisée et c’est elle-même qui passait les ordres quand elle venait me voir dans la cité frontalière. Elle a porté plainte pour aider son fils qui avait du mal à payer un fournisseur pour son magasin de vêtements. On s’était disputée. C’était une acariâtre ! »

« Vous avez vidé ses avoirs en quatre mois »

Le magistrat rapporte le retour à la Sûreté publique de la victime, quelques jours plus tard, pour deux prélèvements de 2 100 e et 1 499 e. « Vous vous étiez présentée chez Boulanger pour acheter un ordinateur à crédit en vous servant des documents et factures afin de vous faire passer pour votre tante… »

Et de poursuivre le regard agacé : « Vous aviez toutes les autorisations et la victime a porté plainte contre vous ? Comment a-t-elle pu vous accorder le droit de faire un chèque de 100 000 e en n’ayant pas la provision sur son compte ? Vous avez vidé ses avoirs en quatre mois. Vous vouliez récupérer l’héritage parce que vous craigniez d’être spoliée. Il suffit de voir vos casiers judiciaires, avec une condamnation à Monaco et cinq en France pour escroquerie, faux documents administratifs, falsification de chèques, fausses déclarations ! »

« Un dépouillement en règle»

Les faits sont clairs, même s’ils sont contestés pour la partie civile. « En remerciement pour une tante généreuse, résume Me Thomas Brezzo, cette femme a entrepris un dépouillement en règle. C’est un comportement abject. Nous réclamons une somme totale de 88 104 e. »

À son tour, le premier substitut Cyrielle Colle détaille avec précision le montage de l’escroquerie caractérisée. Et requiert 5 000 e d’amende pour le fils « afin de l’éloigner des pratiques frauduleuses de sa mère ». En revanche, aucune tolérance pour la prévenue : « Devant la gravité des faits et des antécédents, seule une peine ferme de 18 mois avec pendant d’arrêt convient. »

Le tribunal s’en tiendra à dix mois ferme et au versement demandé par la partie civile. Pour le fils, un mois avec sursis.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.