Dernière représentation pour Patrick Hourdequ

Le directeur du théâtre Princesse-Grace quitte son poste après trente années. Souvenirs, souvenirs…

Cédric Vérany Publié le 23/12/2011 à 07:19, mis à jour le 02/01/2012 à 22:24
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Ci-dessus : Patrick Hourdequin tire sa révérence au théâtre Princesse Grace après trente ans à la barre. (Photo Ogéron/Gallo)

Le directeur du théâtre Princesse-Grace quitte son poste après trente années. Souvenirs, souvenirs…

Rideau ! Après trente ans à la barre du théâtre Princesse-Grace, Patrick Hourdequin, tire sa révérence. Changement de cap, la salle de spectacles se sépare de son capitaine. Amertume ? «J'en ai fait mon deuil » assure-t-il, sur les planches du théâtre qu'il a dirigé pendant trois décennies et où il a vu débuter Gad Elmaleh, Dany Boon et tant d'autres qui témoignent sur le livre d'or. La fin d'une époque tout de même pour ce théâtre de poche imaginé par la princesse Grace, inauguré le 11 décembre 1981.

Le directeur se souvient de ses débuts. « En 1980, je suis venu au Festival du cirque, j'ai laissé mon CV en principauté en disant que si une actualité culturelle se préparait, je pouvais être de la partie. J'étais convaincu de finir ici ». Bingo, le téléphone sonne deux mois plus tard et Patrick Hourdequin est chargé dans un premier temps de superviser la direction administrative d'un théâtre naissant. Ce sont les débuts du TPG. « J'étais l'émigré Belge qui ne connaissait personne, je me faisais du souci d'équilibrer les comptes. Et le prince Rainier a l'époque m'avait dit qu'il voulait faire vivre la culture, et qu'il me donnerait les sommes qu'il faut ».

Avec ses collaborateurs Philippe Curau et Annick Cerbello toujours à ses côtés aujourd'hui, il apprend le métier, « l'écrivain Guy des Cars m'a présenté les comédiens, les directeurs de théâtre, m'a appris à construire une saison théâtrale. À l'époque, peu de gens se déplaçaient pour aller voir un spectacle à Paris. C'était l'événement en principauté à chaque spectacle ». En témoigne dans son bureau, une photo d'une foule faisant la queue en 1984 pour acheter les billets de « Joyeuses Pâques » avec Jean Poiré. Un fidèle, comme Jacques Perrin, venu onze fois; Jean Piat venu neuf fois ou Patrick Préjean et Marthe Villalonga avec sept passages chacun.

Saltimbanque passionné

À chaque fois, un plaisir pour ce spectateur averti, tombé dans le théâtre quand il était tout petit. « Deux à trois fois par an, mes grands-parents m'emmenaient à Paris voir des spectacles. La route était longue depuis ma ville natale (Tournai en Belgique), mais j'adorais ça. Les cirques des Medrano ou des Bouglione, les opérettes avec Luis Mariano au théâtre du Châtelet et les comédies de boulevard ». Nourri à la scène, le jeune collégien se lance avec deux copains. Premier spectacle « on avait une charrette avec notre matériel et on faisait le tour des hospices pour présenter notre numéro de marionnettes. Quand j'y pense, quelle prétention avions nous à l'époque, j'ai presque honte car nous n'étions pas très bons ».

Mais il persiste. À l'université, entre deux cours de droit, Patrick Hourdequin intègre la troupe de théâtre. « On jouait des classiques et nous avons monté une comédie musicale. C'était la grande époque de Hair à Paris. La nôtre s'appelait ''Messe blanche'', et nous jouions dans une chapelle désaffectée » raconte-t-il rieur. Sur les planches, la joyeuse troupe rate son année de droit. Rappel à l'ordre. Patrick Hourdequin finit son doctorat, et commence une carrière de conseiller juridique pas faite pour lui. « J'ai fait une déprime, j'ai été malade trois mois ».

Au fond de son lit, les sirènes du spectacle le rappellent. En la personne d'Émilien Bouglione qui lui propose de venir faire le suivi administratif de son cirque. La famille Hourdequin quitte la Belgique et s'achète une caravane. 1976,« le premier hiver, nous dormions à quatre dans le même lit tellement il faisait froid, le matin, il fallait dégeler le tuyau pour avoir de l'eau ». La vie de saltimbanque, les tournées, les souvenirs… Mais les enfants grandissent, sont placés en pension et le cocon se disperse. « Je ne voulais pas laisser s'étioler ma vie de famille, c'est comme ça qu'en recherchant la stabilité, j'ai trouvé la proposition pour Monaco ». L'histoire commençait. Trente ans de souvenirs au TPG qui s'achèveront le 31 décembre.

La retraite ? Le mot ne convient pas à cet hyperactif. « Je suis ouvert à toute proposition, j'aimerais bien sous une forme ou sous une autre relancer les Magic Stars qui ont été annulées. Il y a un vrai public pour la magie. Ceci dit, chez Bouglione, quand j'ai annoncé la fin de mon contrat au théâtre, on m'a dit ''tu vas venir nous aider sur le cirque''. Alors pourquoi pas ». De là à ressortir la caravane, il n'y a qu'un pas !

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