«À 20 ans, je n'imaginais pas en faire ma vie mais maintenant… C'est en moi, c'est viscéral.» Rien ne prédestinait Anthony Alberti, alias M. One Teas, au graffiti, qu'il découvre alors qu'un accident l'immobilise pour un temps. Il touche à sa première bombe de peinture à 20 ans. C'est le déclic.
« Mon premier mur, je l'ai fait à Toulon. Depuis, j'ai dû en peindre 400 à travers le monde !» Même lui n'en revient pas… Aujourd'hui, il passe ses nuits à travailler ses pochoirs en rodoïde, peaufinant chaque détail d'un visage célèbre, d'un lieu connu.
Il y a quelques mois, le jeune homme va jusqu'à abandonner son métier d'agent immobilier pour s'adonner à sa passion. « J'ai envie de me réveiller chaque matin pour faire ce que j'aime, lâche-t-il dans un sourire. Je mesure la chance que j'ai aujourd'hui de pouvoir vivre de mon art. »
« Autodidacte de la street »
Une aubaine, il est vrai, pour cet « autodidacte de la street ». Et il n'y a qu'à admirer ses portraits colorés de Liz Taylor, de James Dean ou de Sophia Loren, ses hommages audacieux à Keith Haring, à Dali ou à Disney pour se rendre compte que la technique est là. Brute.
« Le message est essentiel, confie-t-il. Parfois, le titre ou le texte explicatif me viennent avant même le premier jet. »
Rappelant que tease en anglais signifie taquiner, Mr One Teas justifie son regard cru, vrai, décalé ou drôle posé sur la société. Au soir de sa première exposition à Roquebrune-Cap-Martin, l' « artiste en devenir », comme il se définit, vend une dizaine d'œuvres ! « J'avoue que cette expo me conforte dans mes décisions. J'ai quand même tout lâché pour ça ! » Ses rêves à présent? Conquérir New York avec ses paysages monégasques - la place du Casino qui porte ses souvenirs d'enfance, et ses icônes à la beauté intemporelle, figée dans la couleur.
Pour s'aider un peu, Anthony Alberti entend monter bientôt sa petite entreprise. Pour promouvoir ses créations, celles des membres de son collectif - Los gringos, fondé il y a deux ans - ou celles de tous ces talents qu'il a côtoyés. Une casquette de plus pour l'artiste qui a su très tôt se retrousser les manches.
« Je veux que mon travail perdure »
En attendant, Mr One Teas se consacre pleinement et sans pression à ce qui lui tient à cœur. Comme cette exposition, « 40 ans de graffiti : l'avènement du pressionnisme », organisée au Grimaldi Forum par Alain-Dominique Gallizia. Il y présente actuellement deux de ses toiles aux côtés des cinq cents autres réunies pour l'événement. « Alain-Dominique Gallizia nous avait dit qu'il ferait voyager nos œuvres et c'est une réussite. C'est un homme de parole. » Son respect pour lui est d'autant plus grand qu'ils partagent une même envie, celle « de permettre au street art d'entrer dans les musées contemporains. »
Ce soir, Anthony Alberti sera au Live Art de La Spiaggia pour une performance sur la plage privée du Larvotto. Avant une grande exposition en Principauté, sur les cimaises de l'Entrepôt, dès le 13 septembre.
Une façon de réhabiliter ce style urbain, souvent malmené ? « Nous ne recherchons pas tous la même chose dans le graffiti,explique Mr One Teas.À chacun son choix, je ne condamne personne. Mais je pense être un coloriste, quelqu'un en recherche d'esthétique. Surtout, je veux que mon travail perdure ». Et c'est bien tout ce qu'on lui souhaite…
Savoir +
Visite de l'exposition à Roquebrune-Cap-Martin sur rendez-vous : oneteas@gmail.com
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