Il appelle Jean-Victor Pastor, le neveu de la milliardaire monégasque : «Voulez-vous connaître le nom du commanditaire ?» Le tuyau vaut 10 millions d'euros. « Je conteste en bloc » proteste l'accusé. « Cela ne correspond absolument pas à ce qui s'est passé. Je proposais une mission, avec des honoraires. » Le nom de celui qui avait armé le tueur, c'était cadeau. Il l'a confié au terme d'un petit jeu de devinettes : d'abord la nationalité, ensuite le prénom. Puis la première lettre du nom. Jean-Victor Pastor a vite identifié l'homme d'affaires supposé lorgner sur le patrimoine immobilier de sa famille. Les 10 millions, c'était le tarif pour une autre mission : se rapprocher de ce commanditaire lors d'une soirée au Grand Prix de Monaco, parler affaires. Du coq à l'âne, passer à l'immobilier des Pastor, monter un projet commun. Selon « un scénario idéal », l'investisseur aurait fini par soulager sa conscience. Sauf que... la présidente de la 11e chambre, Sophie Boyer, n'a cessé de rappeler « que ces immeubles ne sont pas à vendre ».
Mythomane et mégalo
À vrai dire, Jérôme Bat n'est pas certain que l'homme qu'il désigne soit vraiment derrière cet assassinat. Mais il l'a déjà rencontré, dit-il. Il avait des projets immobiliers dans la principauté. Hélène Pastor possédait des milliers de mètres carrés. De là à penser que... Difficile de démêler le vrai du faux, tant Jérôme Bat croit à ses propres mensonges. Un mythomane, selon l'expertise psychologique, atteint de « tendances mégalomaniaques ».
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«D'un point de vue moral, je regrette d'avoir pris contact » avoue-t-il d'une voix qui n'a cessé de faiblir au fil de l'audience. Même son avocate, Céline Carru a critiqué « des faits moralement détestables ». Mais l'informateur bidon n'était pas un maître chanteur : il n'a pas usé de menaces. Et Jean-Victor Pastor ne lui a jamais versé le moindre euro. Sans obtenir la relaxe qu'elle réclamait, elle a obtenu que les accusations d'extorsion ne soient pas retenues. En requalifiant les faits en « tentative d'escroquerie », le tribunal a suivi Sandrine Royant. Au nom du ministère public, elle réclamait deux ans de prison contre un homme qui a « instrumentalisé » la violence subie par cette famille, « polluant »en prime « une enquête policière qui s'annonce difficile ». Jérôme Bat a été condamné à 15 mois de prison, pour « tentative d'escroquerie en état de récidive légale ». En 2006, il avait déjà tenté de vendre une adresse Internet qui ne lui appartenait pas. La défense n'a pas encore décidé si elle ferait appel, même si c'est « très probable ».
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