"Elle était d’une gentillesse incroyable, lumineuse, bienveillante. C’était un rayon de soleil. Notre petit rossignol. Et maintenant elle n’est plus là". Réunie sur le port de Golfe-Juan où nous l’avons rencontrée, quatre jours après le drame, la famille de Maëva -ses parents, son compagnon, sa grande sœur et son fiancé- n’y croit toujours pas et ne peut se résoudre à parler de la jeune femme au passé.
"Maëva n’était ni déraisonnable, ni inconsciente, résume son papa qui refuse que sa fille soit présentée comme une irresponsable qui court après un train manqué. C’était une artiste accomplie, chanteuse, danseuse, comédienne, auteure, interprète". Son nom d’artiste: Bokëh, qui évoque la brume en japonais, ou le flou en photographie, avec un tréma comme dans Maëva.
"Elle venait nous présenter sa maquette. On avait hâte"
"Elle composait ses chansons, dessinait la pochette de son album, elle écrivait aussi des poèmes, des histoires. Le travail, elle n’avait que ce mot-là à la bouche. Pendant un an et demi elle n’a fait que ça, travailler sur ses chansons. Ses bébés comme elle disait. Tout tournait autour de la musique", résume sa maman, le sourire aux lèvres en évoquant ce bout de femme au caractère bien trempé.
"Elle ne voulait pas nous les faire écouter au téléphone, seulement un extrait. Elle venait à Cannes pour cinq jours. Elle devait nous présenter sa maquette. On avait hâte, se souvient son papa. C’est pourquoi on veut absolument retrouver sa valise dans laquelle se trouvait son ordinateur avec tout son travail" (lire par ailleurs).
"Elle était belle et tellement forte"
En août 2022, Bokëh avait participé à l’événement Scène ouverte talents 06, sur la terrasse du Palais des festivals, où elle avait présenté son titre, Mandala.
Née à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, Maëva a grandi à Cannes où ses parents ont emménagé quand elle avait 4 ans. Elle a fréquenté les écoles Saint-Joseph, Lochabair, l’institut Stanislas puis le lycée Carnot où elle a décroché son bac à 17 ans avant de s’installer à Paris, dans le quartier Montmartre qu’elle aimait temps. Depuis 5 ans, elle vivait une belle histoire d’amour avec son compagnon, avec qui elle avait partagé l’affiche d’une adaptation, au théâtre, de L’Ecume des jours de Boris Vian, elle dans le rôle de Chloé. Lui jouait Colin.
"Elle était belle, ajoute sa sœur avec de grands yeux admiratifs. Elle avait un aspect si fragile, des mains fines mais en fait elle était tellement forte. Le soir de l’attentat du Bataclan, elle est allée porter secours aux blessés, les a aidés à se mettre en sécurité dans des appartements du quartier".
"La dernière fois que nous l’avons vue, c’était au mois de mars, pour fêter nos anniversaires à Cannes, se rappelle son papa. Ce jour-là on a dansé et chanté. Voilà comment était Maëva".
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