"Dans sept jours, je serai à la rue": jugé dangereux, un immeuble du centre de Nice évacué ce jeudi
Après avoir constaté de fortes dégradations sur un immeuble du centre-ville de Nice, la Ville a fait mandater un expert qui a tranché : « Il y a un risque d’effondrement, à terme. » Les services municipaux procèdent à l’évacuation, ce jeudi. Les habitants s’inquiètent de la suite.
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Antoine LouchezPublié le 01/06/2023 à 16:50, mis à jour le 01/06/2023 à 16:51
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Les habitants ont constaté l’aggravation des fissures depuis quelques années.Dylan Meiffret / Nice Matin
Certains restent abasourdis et ont des trémolos dans la voix. D’autres font leurs sacs tous azimuts sans savoir ce qu’il faut bien emporter. Et d’autres encore refusent de sortir de chez eux, à moins que le maire "en personne" ne vienne les rassurer.
Ce jeudi matin, les habitants du 20, boulevard de Riquier à Nice ont reçu le coup de fil redouté depuis plusieurs jours. La Ville a décidé de prendre un arrêté de péril concernant leur immeuble, qui risque de s’effondrer. Il s’agit d’évacuer tout le monde: 25 personnes habitant huit appartements, ainsi qu’un commerce, un salon de toilettage.
"Un risque d’effondrement, à terme"
La Ville est venue avec police municipale et services sociaux pour accompagner les habitants, ce jeudi matin.Dylan Meiffret / Nice Matin.
"C’est un immeuble qu’on surveille depuis longtemps, retrace la directrice de la Prévention des risques à la Ville de Nice, Anne-Marie Doglioli. On a constaté des fissures qui s’aggravaient, c’est une question de sécurité publique."
"On a saisi le tribunal administratif, un expert est venu, le rapport a été rendu ce [jeudi] matin: les habitants doivent être évacués sous les 48 heures, poursuit-elle. Si des travaux de confortement ne sont pas faits, il y a un risque d’effondrement, à terme. On n’en est pas encore là mais on n’est pas obligé d’attendre la veille de ce qu’il s’est passé à Lille." En novembre, deux immeubles mitoyens s’étaient effondrés dans la capitale des Hauts-de-France, faisant un mort.
Plafonds effondrés et énormes fissures
Le plafond de l’appartement de Luc Vincent s’est effondré.Dylan Meiffret / Nice Matin.
Anne-Marie Doglioli explique que l’expert avait dit à la Ville que son rapport serait de cette teneur. Il y a deux jours, ses services avaient donc prévenu les habitants que le couperet allait tomber.
Ils sont peu nombreux à avoir pris l’avertissement au sérieux. Mais personne ne nie l’état du bâtiment. Plafonds qui se sont effondrés, façade en décrépitude, fissures qui s’agrandissent sur les murs, portes qu’il a fallu raboter, etc. Tous sont témoins du délabrement des lieux depuis quelques années. Tous accusent le bâtiment mitoyen, fraîchement construit, d’avoir aggravé l’état de leur immeuble.
"Conflit entre privé", répond la Ville, dont le rôle est de gérer l’urgence. Et c’est déjà cette urgence qui inquiète tout le monde. La mairie propose un relogement pendant sept jours.
"Je perds vingt ans de ma vie"
Et après? "Après ces sept jours, c’est à nous de nous débrouiller, enrage Hassan, propriétaire depuis 2016. Dans sept jours, je serai à la rue, tout simplement, avec deux enfants en bas âge. Je ne peux pas louer un appartement tout en payant mon crédit".
"Je perds vingt ans de ma vie, vingt ans de travail, toute ma clientèle", lâche, en larmes, Fabienne Delanoy, doublement touchée. Elle loue un appartement et tient le salon de toilettage. "Je perds tout. Mon magasin, c’est mon bébé. Après les sept jours, on ne sait rien, s’inquiète-t-elle. Ça dépendra des assurances." La Ville indique l’aider à trouver un nouveau local commercial dans le quartier.
Qui va payer?
Qui paiera le relogement, les éventuels travaux de confortement? Cela dépendra de qui est jugé responsable de la dégradation du bâtiment. Les habitants le savent: ce ne sera pas facile à établir. Cette situation s’était déjà produite il y a trente ans. Des travaux ont été finalement faits. Mais ceux qui étaient déjà là s’en souviennent: ils avaient dû trouver un logement par leurs propres moyens.
Incrédules, les habitants se préparaient à quitter les lieux, ce jeudi.Dylan Meiffret / Nice Matin.
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