VIDEO. Un "sit-in" inédit pour le droit des femmes sur la place d’Armes à Monaco

Pendant deux heures, ce mercredi, 14 personnes ont brandi en silence des pancartes pour promouvoir l’égalité entre les sexes et attirer l’attention sur les droits des femmes, à Monaco comme ailleurs.

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Thibaut Parat Publié le 09/03/2023 à 10:52, mis à jour le 09/03/2023 à 10:54
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Les slogans inscrits sur les pancartes concernaient autant la situation en Iran et en Ukraine que les sujets de l’avortement ou du consentement. Photo Frantz Bouton

"La liberté des femmes ne doit pas être un compromis"; "Mon corps, ma vie, mes choix"; "Protégez vos filles, éduquez vos fils!".

Ce mercredi à 16 heures pétantes, au milieu d’une place d’Armes déserte, seulement fréquentée par les passants et des enfants en train de jouer, quatorze personnes forment un large cercle. Assis sur des coussins, ces douze femmes et deux hommes brandissent des pancartes en carton sur lesquelles sont écrits des slogans chocs. Deux heures de "sit-in", voulues en silence, en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Une manifestation citoyenne féministe inédite en Principauté organisée par la Monégasque Juliette Rapaire, colistière de la liste "NIM" lors des dernières élections nationales. "Lors de la campagne électorale, j’ai reçu beaucoup de soutiens sur cette thématique et je me suis dit qu’il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin, qu’ici, à Monaco, des femmes et hommes de tous horizons veulent lutter pour le droit des femmes", explique-t-elle, précisant, néanmoins, que cette action se veut "apolitique".

"Non, c’est non!"

Des badauds, curieux, s’arrêtent un instant pour lire les messages, d’autres rejoignent le cercle en cours de route. Le but est atteint : faire parler dans les foyers, faire bouger les lignes et éveiller les consciences sur le droit à l’avortement - dont la pratique demeure toujours pénalement répréhensible en Principauté - ou encore sur le consentement. "Quand une femme dit non, c’est non! On ne déroge pas là-dessus. Cela doit s’apprendre dès le plus jeune âge", martèle-t-elle.

À côté, une pancarte brandie par Jean-Charles Tonelli fait écho à ce propos: en 2022, selon l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE), 33 faits de violences commis contre des femmes ont été recensés sur le sol monégasque, contre 23 en 2021.

Dans 55% des cas, il s’agissait de violences physiques. "On doit prendre conscience que Monaco n’est pas un pays enfermé dans une bulle hors du temps et de l’espace. Il y a des victimes, confie-t-il, avant d’expliquer la raison de sa présence. Tout cela n’est pas seulement une affaire de femmes mais aussi d’hommes. Le patriarcat est une maladie qui existe depuis des siècles. Il faut arriver à s’en débarrasser et il n’y a que les hommes pour le faire. Les femmes ont le droit de vivre à l’égal des hommes." Dans le monde comme à Monaco.

"En Principauté, les choses évoluent pas à pas mais pas assez vite, estime Juliette Rapaire. Il y a encore des choses archaïques concernant l’avortement, la notion de chef de famille, les inégalités salariales, la représentation des femmes dans les entreprises."

Ce mercredi, d’ailleurs, l’IMSEE a publié une infographie sur le sujet. Un chiffre est parlant: en 2022, on retrouve seulement 28 % de femmes parmi les gouvernants d’entreprises.

"Elles ont le courage d’aller dans la rue"

Le soutien aux femmes dépassait, hier, les frontières de la Principauté. Il était aussi question des femmes iraniennes et ukrainiennes qui, respectivement, subissent l’oppression d’un régime islamique et l’invasion russe. "En Iran, les femmes sont restées silencieuses pendant plus de 40 ans, déplore une Iranienne, arrivée en 2019 sur la Côte d’Azur, dont la famille vit sur place. On nous a éduquées comme ça. A l’école, on nous demandait de ne pas rire trop fort. Aujourd’hui, elles ont le courage d’aller dans la rue et de vouloir être considérées comme des personnes indépendantes"

À côté, Anastasia, une Russe, est venue avec trois Ukrainiennes pour afficher leur amitié, leur unité, face à une guerre qui sévit en Europe.

"Cette manifestation est symbolique, certes, mais c’est vital d’attirer à nouveau l’attention sur les horreurs vécues par les femmes en Ukraine. Elles perdent leurs enfants, leurs maris, leurs maisons, peinent à se chauffer et à se nourrir."

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