Ici et là, dans la Roya, la grogne monte doucement. À tour de rôle, les villages deviennent le centre de petites mobilisations d'habitants inquiets pour l'avenir de la vallée et leur qualité de vie.
Comme un sursaut, sans doute un peu tardif, au grand projet qui aura, c'est certain, des répercussions pour l'avenir de la Roya.
Leur principale inquiétude, c'est en effet le doublement du tunnel de Tende et le risque de voir la circulation des camions s'amplifier.
Hier matin, ils étaient une quarantaine de personnes venues perturber le passage des voitures et camions dans la rue principale de Tende qui mène au tunnel qui vient de rouvrir après plus d'un mois de fermeture dans le cadre du chantier.
Une action de « désobéissance civile » qui s'inscrit dans le prolongement de celle menée samedi à Breil-sur-Roya et de la réunion publique qui s'est tenue il y a une quinzaine de jours à Fontan.
Des problématiques qui concernent notre vallée
À l'origine, le collectif de citoyens de "Sauvons la Roya" qui vient de passer l'étape supérieure de la grogne en créant "Roya debout".
"Samedi matin à Breil, nous étions une centaine de personnes et nous avons tenu une assemblée populaire qui a donné naissance au collectif Roya debout, explique Jérémy, un des membres de ce groupe de Français et d'Italiens, tous citoyens de la Roya et de la Riviera française. Nous sommes sur le même esprit que Nuit debout, sauf que nous abordons des problématiques qui concernent notre vallée."
Parmi celles-ci, il y a donc le doublement du tunnel de Tende. Ce n'est pas nouveau, le collectif "Sauvons la Roya" s'y est toujours opposé.
Les habitants de la Roya privilégient comme solution celle du train pour le transport de marchandises et poussent pour la rénovation et la modernisation de la ligne ferroviaire Nice-Cunéo.
Le Schéma de cohérence territoriale de la Carf est également au cœur de leurs préoccupations. Car il transformerait, selon eux, la Roya en « banlieue dortoir ».
Enfin ce collectif soutient aussi depuis le début la cause des migrants et appelle à plus d'humanité.
"Les décisions sont prises bien loin d'ici"
"Sur tous ces sujets, on ne prend pas en compte les préoccupations des gens de la Roya. Malgré les canaux institutionnels que nous avons utilisés jusqu'ici pour nous faire entendre, comme les réunions publiques, les enquêtes publiques ou les pétitions, force est de constater que nous sommes toujours ignorés des pouvoirs publics. Les décisions sont prises bien loin d'ici sans aucune consultation des personnes qui vivent là".
D'où la création du mouvement « Roya debout ». "Nous en sommes aux balbutiements. Mais l'idée c'est de proposer une alternative pour l'avenir de notre vallée".
Il y a d'abord une contradiction entre cette volonté politique de vouloir ériger des barrières pour empêcher les migrants de passer et cette autoroute qu'on va créer dans la vallée pour la circulation des marchandises. Où se trouve l'humain là-dedans ?
Ce tunnel, bien sûr qu'il faut le rénover puisqu'il n'est plus aux normes de sécurité. L'idée qui émerge de notre mouvement, c'est de terminer le nouveau tube, de le mettre en circulation alternante. L'ancien tube servirait alors d'issue de secours grâce aux by-pass qui viennent d'y être créés et il pourrait aussi servir de voie lente de circulation pour les piétons et les vélos."
À la clé de ce projet alternatif, des économies, puisque la facture des travaux estimés aujourd'hui à 240 millions d'euros serait réduite.
"Cet argent pourrait tout à fait être utilisé pour construire un vrai projet autour de la ligne ferroviaire et du transport de marchandises. Un projet écologique, plus adapté à nos sociétés, plus dans l'air du temps, plus respectable pour notre planète. Pour notre vallée et pour ses habitants.
Nous ne voulons pas que la Roya se transforme en banlieue dortoir avec des camions sur les routes…"
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