Réfugiés d'Irak à Beausoleil: "En France, on se sent humain"

Douze Irakiens sont arrivés de Mossoul en mars dernier et ont été pris en charge par l’association monégasque « Collectif réfugiés d’Orient ». Ils sont tous hébergés à Beausoleil

Publié le 22/09/2015 à 08:15, mis à jour le 22/09/2015 à 08:16
Mercredi, la famille Azooz était aidée pour ouvrir un compte bancaire à La Poste. Face au conseiller financier Loïc Lemyre, de la Banque Postale, on voit notamment Christiane Palmero, assise à côté de Ghaneen Azooz, le maire Gérard Spinelli, la directrice du CCAS Céline Tavares. Michaël Alési

 

"Sécurité, liberté, stabilité". C'est leur devise lorsqu'il évoque la France. Le pays "des droits de l'homme" qui accueille Faeqah Azooz, 61 ans, et Zaid Ghanim, son neveu étudiant de 19 ans qui a perdu père et mère en Irak.

L'un et l'autre sont avec deux résidents monégasques, des Syriens installés en Principauté depuis 35 ans et qui donnent leur temps pour s'improviser interprètes. Ils expliquent comment ils ont été pris en charge depuis Mossoul contrôlé par l'État islamique jusqu'à Beausoleil, où ils sont hébergés grâce à Fernanda, Luca et Claudio Marzocco qui ont signé quatre baux dès le début de l'année pour les loger et les installer ainsi que dix autres membres de leur famille.

Faeqah Azooz explique le cauchemar qu'ils ont vécu.

Avez-vous fui Daech, la guerre ou les représailles?

C'est le terrorisme que nous avons fui. Les représailles contre les Chrétiens ont commencé à Mossoul dès 2005. De temps en temps, les terroristes de Daech les kidnappaient ou les tuaient. Quand je sortais de la maison, je devais porter le voile comme une musulmane. Nous étions tous à la merci du danger. Nous ne savions pas si des bombes allaient tomber en centre-ville où nous habitions. Mossoul n'est pas en ruine, ce sont les gens qui sont détruits.

Y a-t-il eu un élément déclencheur dans votre décision de quitter l'Irak?

En 2007, je conduisais ma voiture et un véhicule m'a soudainement barré la route. Trois personnes m'ont mis un revolver sur la tempe. Depuis ce jour, j'ai su qu'il fallait quitter le pays.

Que faisiez-vous dans votre pays?

J'ai fait un doctorat de sciences physiques à Londres et j'exerçais donc comme professeur à l'université de Mossoul depuis 1982.

Être Chrétien en Irak aujourd'hui, c'est vivre dans quelle condition?

En 2014, les Chrétiens ont dû choisir: soit devenir musulman, soit rester chrétien et s'acquitter d'une taxe, soit la mort. Beaucoup ont quitté l'Irak. Tous se sont enfuis de Mossoul pour s'installer dans les villages chrétiens. Mais le 6 août 2014, Daech s'est emparé de tous ces villages. L'exode a conduit vers le Nord, en direction du Kurdistan. On vivait dans la peur.

Quel espoir alors?

Le 28 juillet 2014, le ministre français a déclaré que la France acceptait de recevoir des réfugiés chrétiens irakiens. On a entrepris toutes les démarches auprès du consulat pour tenter de rejoindre la France.

Comment êtes-vous arrivés jusqu'ici?

Nous avons acheté des billets d'avion plusieurs mois après et sommes enfin arrivés à Nice le 29 mars 2015. Sans Christine Palmero et l'association Collectif réfugiés d'Orient*, Elish Yako qui est secrétaire général de l'AEMO et membre de la Coordination des chrétiens d'Orient en danger (CHREDO) et la famille Marzocco, nous n'aurions jamais pu espérer une nouvelle vie. Grâce à Dieu, nous sommes venus légalement.

Avez-vous pu prendre quelques affaires avec vous?

On a tous laissé en Irak. Même l'argent à la banque n'a pu être retiré.

Comment voyez-vous l'avenir?

Nous souhaitons faire notre vie en France. Ici, on se sent humain. Ici, il y a des lois. On apprécie les gens pour leurs connaissances. En Irak ; non. Notre pays est fini.

* L'association Collectif réfugiés d'Orient est officielle depuis le 29 avril 2015. Son siège est au 23 boulevard des Moulins, à Monaco. Le prince Albert II est membre d'honneur de l'association. « J'aide les Chrétiens d'Orient victimes d'un véritable génocide depuis le début 2014,explique la présidente Christiane Palmero. J'ai d'abord pris en charge une vingtaine de réfugiés, à Barjemon (Var), avec le père Philippe Marie. Il faut de la foi. »

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