Lente acquisition des droits politiques
Avant la Seconde Guerre mondiale, les femmes monégasques étaient littéralement évincées des droits civiques, avec l’interdiction de voter et d’être élue.
Pourtant, dès 1919, une figure politique très influente de la Principauté, Louis Aureglia, s’affichait en précurseur en proposant d’étendre l’exercice de la démocratie monégasque aux femmes. "Limité au seul sexe masculin, le suffrage n’est universel que de nom. En outre, il ne fait que consacrer une inégalité que, de nos jours, l’on considère de plus en plus comme une injustice sociale. L’égalité des droits entre l’homme et la femme s’impose de plus en plus à la conscience des peuples civilisés", déclarait-il à l’époque. Une proposition de loi malheureusement restée lettre morte du côté du gouvernement.
Il faudra attendre l’année 1945, dans la foulée de l’État français, pour qu’elles obtiennent ces droits, mais seulement pour les élections communales.
Une avancée notable, certes, mais qui ne suscitera, dans un premier temps, guère de vocation politique au sein de la gent féminine.
Ce n’est qu’une décennie plus tard qu’une Monégasque, Roxane Noat-Notari, est élue conseillère communale.
Cette évolution démocratique s’étend au scrutin national en 1962, à l’occasion de la modification de la Constitution, trois années après que le prince Rainier III en a émis le souhait. "Pour la première fois dans notre histoire, les femmes accèdent à la pleine égalité politique avec les hommes", dira-t-il au moment des élections nationales de février 1963.
Ce jour-là, les votant(e)s élurent les membres du Conseil national et, au terme du scrutin, Roxane Noat-Notari fut la première femme élue conseillère nationale à Monaco.
Au fil des décennies, les femmes monégasques prirent davantage d’envergure politique, n’hésitant plus à assumer des responsabilités en qualité de cheffe de liste.
En 1991, Anne-Marie Campora devient la première femme - et la seule à ce jour - maire de Monaco. Une fonction qu’elle occupera jusqu’en 2003 avant que Georges Marsan ne lui succède.
En février 2018, aux côtés de Stéphane Valeri, Brigitte Boccone-Pagès devient vice-présidente du Conseil national puis, le 6 octobre 2022, présidente en remplacement de celui qui est destiné à prendre la tête de la Société des Bains de Mer. Une première dans la vie politique monégasque.
Le 5 février dernier, les Monégasques accordent leur confiance à sa liste, laquelle rafle la totalité des 24 sièges.
En séance, sans surprise, elle est élue et propulsée présidente du Conseil national.
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