Les parents d'élèves n'en voulaient pas: il y aura bien une école Samuel-Paty à Cap-d'Ail

Volonté affirmée du maire et de sa majorité contre émotion forte des parents soutenus par l’opposition. Ce vendredi soir, le conseil municipal a été particulièrement animé.

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Joelle Deviras Publié le 24/10/2020 à 07:15, mis à jour le 24/10/2020 à 08:34
Le maire a donné la parole aux parents après le vote. (Photo J.D.)

C’est un conseil municipal comme nous n’en avions jamais vu à Cap-d’Ail qui a eu lieu ce vendredi soir. Une séance avec un seul ordre du jour: la dénomination "Samuel-Paty" pour l’école jusqu’à maintenant appelée Saint-Antoine.

Une demi-heure après l’ouverture de la séance, la décision était votée à la majorité. Seuls les quatre membres de l’opposition de la liste de Romain Pommeret s’exprimaient contre. Fait inédit, le maire a alors ouvert le débat en offrant aux Cap-d’Aillois la possibilité de s’exprimer.

Dans la salle du conseil, le public était limité à dix personnes; mais une vingtaine de parents d’élèves était devant la mairie pour exprimer également son mécontentement. Une petite manifestation pour une grosse crainte: celle de voir l’école de leurs tout jeunes enfants devenir la cible d’éventuels terroristes.

Une pétition, lancée jeudi, a d’ailleurs récolté 288 signatures en 24 heures.

"Une décision aussi symbolique que nécessaire"

Le maire, qui a pris dès lundi la décision de proposer à son conseil municipal de rebaptiser l’école du nom du professeur d’histoire et géographie assassiné le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine, a plaidé pour que les valeurs de la République soient réaffirmées sans compromis.

Au conseil municipal, Xavier Beck explique: "Une fois encore, au travers de l’assassinat de ce professeur, c’est notre modèle de société qui est attaqué. Le seul crime de Samuel Paty était d’enseigner à ses élèves les grands principes de notre République, les libertés fondamentales: liberté de penser, liberté de la presse, liberté d’expression… (...) Jamais ce que disait Jules Ferry n’a été autant d’actualité. Entre toutes les nécessités du temps présent, entre tous les problèmes, j'en choisirai un auquel je consacrerai tout ce que j'ai d'intelligence, tout ce que j'ai d'âme, de cœur, de puissance physique et morale, c'est le problème de l'éducation du peuple. (...) Le moment n’est pas aux arguties fallacieuses, aux politicailleries, le temps est venu de prendre une décision aussi symbolique que nécessaire : rendre hommage à un professeur de la République, donner son nom à une école de Cap-d’Ail."

Le maire, qui a reçu de très nombreux messages de parents depuis le début de la semaine, lance quelques mots d’empathie à l’endroit des familles: "J’entends les réserves de certains parents d’élèves de l’école Saint-Antoine. Elles sont naturelles. Lorsqu’il y a deux ans le collège Arnaud Beltrame a été inauguré à Pégomas, ce sont les mêmes craintes, les mêmes arguments qui ont été évoqués par les parents d’élèves réunis dans un collectif. "

"Si un jour, il y a un acte terroriste… "

Xavier Beck a plaidé avec conviction. Il a retourné d’un revers de main les arguments de ses opposants pourtant bien décidés à faire entendre la voix des parents d’élèves mécontents au travers de la leur.

"Et s’il y avait un jour un terroriste à Cap-d’Ail ? Pourquoi précipiter une telle décision?" questionne Romain Pommeret. Le maire est catégorique: "Vous faites le jeu du terrorisme qui joue sur la peur. À quoi cela sert d’attendre?"

Après le vote, les parents ont été invités par le maire à s’exprimer. Un père interpelle le maire: "Si un jour il y a un acte terroriste, vous l’aurez sur la conscience."

Devant la mairie, les parents poursuivent les discussions ; inquiets. Ils ont le sentiment de ne pas être considérés. Ils auraient peut-être eu besoin d’un peu plus d’écoute depuis le début de la semaine. Ils l’ont eue après le vote.

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