
Et si on s'inspirait des fourmis pour faire sauter les bouchons?
Le 06/09 à 20h05 MàJ 31/03 à 19h26L'expérience
Une étude allemande de l'université de Potsdam conclut que les fourmis ne connaissent pas les embouteillages. Mieux, plus il y a de "monde" sur leur route, plus elles vont vite. Etonnant, non?
Trois chercheurs ont filmé 1.865 insectes dans un sous-bois de Saxe-Anhalt sur une "portion de route" de 15 cm d'une piste conduisant à leur nid, environ 1 mètre plus loin. Les fourmis, des fourmis rousses des bois, sont occupées à transporter de la nourriture. Pour faire varier l'intensité du trafic, les chercheurs ont disposé de la nourriture plus loin du nid, ce qui provoque une augmentation du nombre d'insectes chargés de la collecter.
Trafic chargé? Rouge dans le sens des retours?
Pas du tout. Dans leurs travaux publiés en 2015, les scientifiques précisent que lorsque la densité de fourmis est doublée, la vitesse de chacun des insectes augmente de 50%. Mieux, les fourmis qui "rentrent" au nid chargées de nourriture sont encore plus rapides que celles qui font "l'aller".
"Lorsque la densité de fourmis est doublée, la vitesse de chacun des insectes augmente de 50%", écrivent les scientifiques
Les chercheurs ont analysé une image sur 50 pour observer avec précision dans quelle direction chaque fourmi est orientée, quel côté de la route elle emprunte et la fréquence des interactions entre individus.
Pourquoi la vitesse des fourmis augmente-t-elle? Parce qu'elles sont organisées. Peu nombreuses, elles se déplacent sur le chemin central. Mais lorsque le trafic devient plus dense, elles utilisent toutes les voies disponibles, centrales et latérales, pour ne pas ralentir.
Les collisions sont inévitables, mais là encore, les rencontres entre deux fourmis permettent l'échange d'informations.
"biomimétisme" et échange d'informations
C'est le point central de l'étude. Lorsqu'elles se croisent, les fourmis échangent des infos en se touchant les antennes ou grâce à leur fluides corporels, elles laissent ce qu'on appelle "des traces", explique Didier Josselin, géographe et directeur de recherche CNRS à l'Université d'Avignon.
Une partie de ses recherches portent sur le "biomimétisme". Résumé? "On essaye de copier ce que fait la nature". Par exemple les fourmis. Les "traces" dont il est question, ce sont les phéromones. Elles sont laissées par les fourmis qui reviennent après avoir découvert une source de nourriture pour en recruter d'autres.
C'est en observant les insectes que les chercheurs se sont rendu compte que "les systèmes collaboratifs étaient toujours les plus intéressants", poursuit Didier Josselin.
Les insectes sont aussi efficaces qu'un moteur de recherche dans le traitement des informations sur leur environnement. "Les scientifiques disent que les fourmis n'ont pas la connaissance de la fourmilière. Et pourtant, ce n'est pas le bazar, une fourmilière".
Leurs conclusions s'appliquent par exemple au fonctionnement des taxis: "Soit le taxi a une bonne connaissance des flux par sa pratique, soit il est renseigné par un système collaboratif, en laissant des "traces" aux autres pour donner des informations. Par exemple, 10 personnes attendent, le taxi a une capacité de 4 places, manque 6 places. Les autres véhicules vont être attirés, plus proches, ils vont aller plus vite parce que l'information est distribuée dans l'espace de la demande", explique Didier Josselin.
Le biomimétisme ne s'arrête pas à l'observation des déplacements de fourmis. Didier Josselin a également travaillé sur les toiles d'araignées: "J'ai observé les araignées sur leur toile, elle représente le meilleur rapport en terme d'efficacité pour se déplacer d'un point à un autre en utilisant un minimum de tubes. On peut parler du scratch aussi, qui est directement inspiré d'un type de végétaux, avec des petits crochets qui collent aux animaux, lesquels permettent ainsi la dispersion des graines."
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