En coulisses: comment les nouveaux mots des dictionnaires sont-ils choisis?

Alors que le cru 2023 des nouveaux mots des dictionnaires vient d'être révélé, nous vous proposons de découvrir les coulisses du choix des mots grâce à un contenu initialement publié dans Kids-Matin, le média pour les 7-13 ans du Groupe Nice-Matin, tout en s'intéressant à la récente prise de position du Larousse sur les anglicismes.

Victor Combalat et Aurélie Selvi Publié le 09/05/2023 à 15:08, mis à jour le 09/05/2023 à 21:42
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Chaque année, les linguistes ajoutent au maximum 150 mots dans les dictionnaires. Photo Eric Feferberg/AFP

S’il y a bien quelque chose que les deux dictionnaires les plus célèbres de France, à savoir le Larousse et le Petit Robert, ont en commun, c’est de travailler à ce que, tous les ans, de nouveaux mots et de nouveaux sens, témoins de notre époque, rentrent dans leurs pages…

"Tant que le monde évoluera, le dictionnaire évoluera!", résumait Edouard Trouillez en 2019, membre de l’équipe du Petit Robert et passionné de lecture depuis la maternelle.

"Depuis 1856, 30.000 mots ont été rajoutés au Larousse. C’est très important de montrer que le français, 5e langue la plus parlée dans le monde, s’enrichit en permanence", ajoutait Carine Girac-Marinier, directrice du département dictionnaires chez Larousse.

Du lundi au dimanche, dans le bus, les rues, à un repas entre amis,… les lexicographes du Petit Robert, dictionnaire né en 1967, guettent donc les mots nouveaux qui s’invitent dans les bouches, dans les blagues ou dans les chansons…

Edouard Trouillez expliquait: "A chaque fois que j’entends un nouveau mot, je le note dans mon téléphone. Une fois devant l’ordi, je le rentre dans une base de données, partagée à tous les lexicographes du comité de rédaction."

La chasse aux mots dans les médias

Au sein de l’équipe du Larousse, la chasse aux mots nouveaux s’opère surtout dans les médias: "On cherche ceux qui sont les plus utilisés par le grand public. Pour en être sûr, on regarde s’ils sont utilisés dans les journaux, à la radio, la télévision, sur Internet", détaillait Carine Girac-Marinier.

Dans le fichier informatique de l’équipe de l'ouvrage, environ 3.000 nouveautés sont rentrées chaque année… pour n’en intégrer que 150 maximum dans l’édition de l’année, comme c'est le cas pour l'édition 2024, après un vote auquel participe 20 spécialistes travaillant à la rédaction du Larousse et 20 invités extérieurs.

Même quantité de nouveaux arrivants entre les pages du Petit Robert, choisis aussi grâce à un vote "à bulletin secret, où les discussions sont parfois longues et animées", confiait Edouard Trouillez, qui siège au sein du comité éditorial aux côtés du grand linguiste Alain Rey, présent depuis la création du célèbre dictionnaire.

Le Larousse prend position sur les anglicismes

Dans cette chasse constantes aux nouveaux mots s'est posée ces dernières années une question de taille pour les linguistes: que faire des différents anglicismes, qui se répandent de plus en plus dans le langage courant? Doit-on les intégrer au même titre que n'importe quel autre mot?

Rien que pour le cru de nouveaux mots 2023, on retrouve "flexoffice", "greenwashing", "home staging", "crush", "ghoster", "spoiler", "escape game", "mixtape", entre autres...

Face à cette situation, Le Larousse a pris position, en décidant de bel et bien intégrer ces termes, tout en indiquant à côté de chacun d'entre eux qu'ils s'agit d'"angliscismes déconseillés". Chaque terme d'origine anglaise est suivi d'un équivalent en français. 

Bernard Cerquiglini, le conseiller scientifique du Petit Larousse, explique au Figaro que ce choix a été fait après avoir "constaté une réaction générale de lassitude à l’égard des anglicismes". Il poursuit: "Nous sommes sortis ici avec les anglicismes de notre objectivité. Nous avons pris position."

Ainsi, ne dites plus escape game, mais jeu d'évasion, ne dites plus greenwashing mais écoblanchiment. Peu de chances que ces termes s'imposent, mais au moins, l'alternative est proposée.

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