Coups de poing au visage d’une femme : 3 000 € d’amende

Toutes les campagnes de sensibilisation lancées pour lutter contre les violences faites aux femmes ne semblent pas modifier le comportement de certains hommes.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 30/03/2019 à 10:11, mis à jour le 30/03/2019 à 10:11
Le tribunal correctionnel a opté pour une peine d’amende.
Le tribunal correctionnel a opté pour une peine d’amende. J.-F.O.

Toutes les campagnes de sensibilisation lancées pour lutter contre les violences faites aux femmes ne semblent pas modifier le comportement de certains hommes. Singulièrement ce sexagénaire australien qui a frappé son ex-amie au cours d’une dispute sur un bateau.

Cette scène d’une brutalité insensée, sur fond d’alcool, a été évoquée devant le tribunal correctionnel.

« Crise de démence »

Nous sommes le 10 décembre 2017. À 14 h 46, un gérant de société appelle la police pour solliciter son intervention. Un agent, arrivé sur les lieux, constate du désordre, des indices de lutte et la face boursoufflée, tuméfiée d’une dame en pleurs. Si les raisons de la dispute sont discordantes, le président Florestan Bellinzona essaie de situer le rôle de chacun dans ce pugilat.

« Vous avez été brutal, reproche-t-il au prévenu. Jusqu’à plaquer votre amie au sol et lui asséner une pluie de coups. Vous dites avoir riposté à une vive attaque ? Or, vous n’aviez pas plus qu’une écorchure au menton… »

« Cette femme a fait une crise de démence, affirme le senior à la barre. J’ai dû user de la force pour la neutraliser et la défendre en même temps. Les bleus et marques au visage proviennent de sa chute à plusieurs reprises sur le sol. Je ne lui ai porté aucun coup… »

Le magistrat relève un œil au beurre noir. « C’est la conséquence d’un geste défensif non intentionnel », obtient-il en réponse.

« Madame a cru qu’elle allait mourir étouffée, avec vos mains sur son cou et genou sur son torse », affirme-t-elle dans sa déposition. Le prévenu s’estimait « en état de légitime défense. Elle m’avait frappé derrière la tête avec une bouteille. Elle était comme folle. Si je l’ai immobilisée, c’était pour éviter qu’elle se blesse avec du verre brisé sur le plancher ».

Le substitut indécis

Qui se défendait ? Qui agressait ? Pas très facile de discerner les véritables responsables qui étaient sous l’emprise de l’alcool : 0,54 mg/l pour elle, 0,73 mg/l pour lui.

Me Hervé Campana, pour la partie civile, propose une vérité plus pragmatique. « Les éléments pour condamner ? Le corps tuméfié de ma cliente, son certificat médical, le témoignage de l’agent. Obligez son bourreau à verser 3 000 e pour tout préjudice. »

Le premier substitut Olivier Zamphiroff se sert d’autres paramètres pour rechercher la vérité.

« Nous sommes dans un lieu fermé. Que s’est-il passé ? Les déclarations sont contradictoires et l’alcoolisation perturbe souvent la cohérence de l’esprit. Sauf à être extralucide, on ne peut pas dire ou conclure que Madame avait les caractéristiques d’une personne rouée de coups. Est-elle tombée sans que Monsieur en soit l’auteur ? Je préfère me reporter à la sagesse de votre tribunal »

« C’est du parti pris ! »

La défense est sidérée. « Deux personnes se disputent, note Me Pierre-Anne Noghès-Dumonceau. Une appelle la police et se retrouve en garde à vue, puis devant vous aujourd’hui. On est dans le sketch des Inconnus sur les gardiens de la paix. Pourquoi cette différence de traitement ? Peut-être à cause de l’affaire #MeToo au même moment. C’est du parti pris ! La relaxe s’impose. »

La sagesse du tribunal s’en est tenue à 3 000 e d’amende plus 1 000 e alloués à la plaignante.

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