A Monaco, la crise du Covid a boosté la transition numérique

Forcée de s’adapter à cette crise inédite, la Principauté a réalisé un bon en avant dans sa révolution digitale. Le M. Numérique de Monaco se réjouit de faire ce premier constat.

Article réservé aux abonnés
Arnault Cohen Publié le 03/07/2020 à 20:05, mis à jour le 03/07/2020 à 20:07
Le télétravail a permis d’assurer la continuité de l’Etat pendant la crise. Illustration Jean-François Ottonello

Que se serait-il passé si l’épidémie de coronavirus était survenue deux ans plus tôt? Sur le plan de la gestion de cette crise sanitaire en Principauté, cela aurait été catastrophique.

L’administration monégasque, en effet, aurait été incapable, en raison de son équipement informatique obsolète et de son retard numérique, de faire face, comme elle l’a fait ces derniers mois.

C’est l’avis, tranché, de celui qui s’y connaît le mieux au gouvernement: le délégué interministériel en charge de la transition numérique, Frédéric Genta.

De la Préhistoire au monde digital

Il y a deux ans, l’administration monégasque était sous-équipée sur le plan informatique, à un point effrayant. L’État était doté de 200 ordinateurs portables, contre 1.300 aujourd’hui. Les outils de communication en visioconférence étaient inexistants, tout comme ceux qui permettent de se connecter aux réseaux sociaux depuis les ordinateurs de l’administration. La formation en ligne était encore un doux rêve.

Un exemple qui en vaut mille : plus de la moitié des fonctionnaires n’avaient pas accès à l’informatique. "Aujourd’hui, tout le monde a, au moins, un e-mail. Ce n’était pas le cas avant", illustre Frédéric Genta. Bref, c’était un peu la Préhistoire du digital.

D’où la volonté du Ministre d’État Serge Telle, début 2018, d’équiper et de mettre au niveau toutes les équipes du gouvernement et les services publics du pays.

Dans ces conditions, avant 2018, la gestion de la crise du Covid aurait été bien hasardeuse. "Soit on mettait la santé des fonctionnaires en danger en les contraignant à venir travailler sur place, soit on n’était plus capables de répondre aux besoins des résidents, à un moment où jamais ils n’ont autant eu besoin de l’administration", répond le M. Numérique du gouvernement.

Le passage rapide au télétravail est la meilleure illustration. En moins de deux semaines, 1.300 agents publics ont pu travailler à distance et assurer ainsi la continuité de l’État. Mission impossible deux ans plus tôt, faute d’équipement informatique.

La formation des fonctionnaires à la nouvelle manière de travailler à distance, là aussi, s’est avérée nécessaire pendant le confinement. Les modules, forcément, ont été dispensés en ligne. Il en a été de même dans tous les domaines, de la santé à l’enseignement, en passant par l’économie (lire ci-dessous).

"Les gens ont pris 5 ans d’avance numérique"

Au-delà des outils, c’est toute une culture numérique qui a gagné l’administration monégasque. Avec un budget spécifique qui a doublé, passant de 22 Me à 45 Me. Et cela va aller en s’accélérant. C’est le second effet Covid : "La crise et le confinement ont donné une nouvelle dimension au numérique, avec le télétravail, l’e-commerce, la e-santé, l’éducation à distance… Les gens ont pris cinq ans d’avance numérique avec le Covid. Ils sont là où ils auraient dû être en 2025. La population est devenue exigeante en trois mois. Elle nous demande aujourd’hui d’avoir accès à tout en ligne."

Par exemple, les Monégasques et les résidents ne veulent plus, aujourd’hui, faire la queue au Service des titres de circulation pour retirer un macaron, une plaque ou un permis. Pour les Domaines ou les cantines, ils ne supportent plus de ne pas pouvoir payer une facture en ligne. La crise a accéléré l’exigence de la population.
Et maintenant ? Monaco doit faire face et réussir sa transition numérique. Frédéric Genta en est persuadé: "Monaco un petit pays, international, stable, qui a les moyens et qui peut construire sur le long terme. Mais comme tous les pays misent à fond sur le numérique, on doit se différencier. Comme au basket, on est dans le 'money time'."


Les prochaines étapes

- Dans quelques mois, tous les enseignants de la Principauté seront équipés pour enseigner à distance, dans l’hypothèse d’une deuxième vague épidémique.
- Le parapheur numérique sera opérationnel d’ici fin 2020 : toute la communication interne à l’administration, les courriers, les notes signées seront digitalisées.
- Un portail de santé sera ouvert à la rentrée. Il permettra la prise de rendez-vous, les téléconsultations, la messagerie sécurisée entre les médecins…
- Le plan fibre sera lancé fin 2020, début 2021, avec un équipement par secteurs. Les établissements stratégiques seront priorisés – l’hôpital, les écoles, les bâtiments de service public – ainsi que les immeubles modernes.
- L’économie numérique est une piste de développement majeure. L’idée est double: attirer des entreprises matures dans le secteur du digital, et focaliser sur les segments qui fonctionnent à Monaco, comme l’immobilier numérique, qui, d’après Frédéric Genta, "est en train d’exploser, dans les domaines de la construction, du design, du financement, des transactions"…

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.