A Monaco, elle fédère autour de la lutte contre les violences faites aux femmes : " Déposer plainte est l'arme la plus efficace "
Céline Cottalorda, déléguée interministérielle aux Droits des Femmes à Monaco, fédère bon nombre d'entités et d'associations monégasques pour que la parole autour des violences faites aux femmes se libère. Elle évoque les violences économiques, plus prégnantes en Principauté, et l'importance d'accumuler les preuves pour que la justice ne classe pas l'affaire sans suite.
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Thibaut ParatPublié le 24/11/2021 à 20:00, mis à jour le 24/11/2021 à 19:09
Céline Cottalorda, déléguée interministérielle aux Droits des femmesPhoto Jean-François Ottonello
Beaucoup de femmes craignent de déposer plainte, ce qui laisse penser que les chiffres officiels de violences à Monaco sont en deçà de la réalité. Comment travaillez-vous pour que la parole se libère ? En communiquant, en faisant de la prévention, de la sensibilisation, en rappelant les dispositifs existants. Un numéro vert monégasque existe [0800 91 90 10, ndlr] et arrive sur les lignes de l’Association d'aide aux victimes d'infractions pénales qui entame un premier dialogue. Puis, si elles le souhaitent, ces femmes peuvent être accompagnées à la Sûreté publique pour déposer plainte. Cela reste l’arme la plus efficace.
En Principauté, outre les violences physiques et psychologiques, il existe aussi des violences économiques. De quoi s’agit-il ?
On n’y pense pas de prime abord mais elles sont sans doute un peu plus prégnantes en Principauté avec des communautés venant de tous horizons et avec un certain niveau de revenus. Concrètement, ce sont des femmes qui arrivent à Monaco avec leur mari, qui dépendent financièrement d’eux. Puis un jour, ils leur coupent les vivres ou leur confisquent leur passeport.
Ces personnes-là se retrouvent alors sans ressources et ne peuvent pas s’échapper du domicile conjugal pour habiter ailleurs, ni quitter le pays puisqu’elles n’ont plus de document d’identité. C’est une violence qui emprisonne autant que les autres. Elles n’ont plus moyen d’agir, on les isole de l’extérieur.
La réponse judiciaire est-elle suffisante ?
En 2020, dans l’étude de l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques, il y a eu une condamnation et une ordonnance de protection sur près de 40 cas recensés à la Sûreté publique. Cela fait un gros décalage car énormément d’affaires sont malheureusement classées sans suite, faute de preuves. C’est aussi pour cela qu’on insiste, lors des campagnes de sensibilisation, pour que les victimes récoltent un maximum de preuves : médicales, SMS etc. Toutes les traces visibles qui peuvent être constatées, en somme.
C’est forcément plus compliqué quand il s’agit de violences morales au sein du domicile.
En 2020 à Monaco, 39 cas de violences commises envers les femmes ont été recensés
Les faits enregistrés par les services de police En 2020, 39 cas de violences commises envers les femmes à Monaco ont été répertoriés par la Sûreté publique (33 en 2019).
L’âge moyen de ces victimes est de 36 ans contre 42 ans pour les auteurs des faits.72 % des femmes résident à Monaco.
Dans plus de 64 % des cas, il s’agit de violences physiques et pour 10 % de violences sexuelles. Un cas sur 2 est commis au domicile de la victime ou de l’auteur des faits.
14 plaintes et 4 mains courantes ont été déposées cette année-là.
Victimes de violences recensées au CHPG… Cette année-là, 53 femmes admises à l’hôpital ont déclaré avoir subi des violences dans l’année, contre 113 en 2019, dont 70 % de violences physiques. 40 % habitent à Monaco et l’âge moyen des victimes est de 43 ans (contre 37 en 2019)
… à l’AVIP et à la DASO L’association d’aide aux victimes d’infractions pénales a reçu 42 femmes en 2020, dont 35 pour des faits de violence. Elles résident en majorité à Monaco (81 %), ont 44 ans en moyenne. Dans 67 % des cas, le conjoint ou l’ex-conjoint est l’auteur de ces violences.
Elles ont majoritairement poussé la porte de l’AVIP à la suite de violences physiques et psychologiques. Même constat à la Direction de l’action et de l’aide sociales où 7 cas ont été recensés.
Le traitement judiciaire 50 procédures ont été ouvertes pour des cas de violences envers les femmes, dont 20 pour des faits commis en 2020. 23 cas font actuellement l’objet de poursuites judiciaires, dont 6 pour des faits commis en 2020, 13 en 2019 et 4 avant 2019. Les auteurs de violences sont âgés de 48 ans en moyenne contre 43 pour les victimes. A ce jour, 1 condamnation a été prononcée et 1 ordonnance de protection a été prise pour des faits commis en 2020. 8 affaires ont été classées sans suite en 2020.
* Source : IMSEE. Les résultats présentés ne se cumulent pas car il peut s’agir d’une même femme selon les entités.
En 2020 à Monaco, un cas sur 2 de violences contre une femme est commis au domicile de la victime ou de l'auteur des faits.Illustration Frantz Bouton.
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