Une quarantaine de pastels, consécration de la femme artiste... Découvrez l'exposition inédite du musée Bonnard au Cannet
À travers une quarantaine de pastels, le Musée Bonnard du Cannet révèle l’œuvre éclair de Marthe, maîtresse et muse de Pierre Bonnard, avant de devenir son épouse artiste.
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Publié le 13/03/2023 à 16:30, mis à jour le 13/03/2023 à 14:02
A découvrir jusqu’au 11 juin, au 5e étage du Musée Bonnard au Cannet.Photo Patrice Lapoirie
Lorsque son épouse Marthe s’est éteinte en 1942, Pierre Bonnard a doucement refermé la porte de sa chambre pour ne plus jamais l’ouvrir, tel un sanctuaire dédié à sa bien-aimée.
Au Musée Pierre Bonnard du Cannet, on a également sacralisé tout le cinquième étage pour une exposition qui lui est exclusivement consacrée.
À l’entrée, un grand panneau mural avec cette photo noir et blanc où Marthe (regard dissimulé sous l’ombre d’un chapeau) prend la pose devant deux portraits du couple, qu’elle a réalisés en 1923.
Affirmation de la femme artiste
Si Pierre est bien représenté, c’est châle sur les épaules et chaussons aux pieds tel un paisible retraité. En revanche, c’est bien elle qui est figurée pinceau à la main.
Tout un symbole! Non pas d’une passation de pouvoir ni forcément d’une réelle rivalité. Mais plutôt l’affirmation de la femme artiste, au-delà de la maîtresse (menacée par la relation de Pierre avec la jeune Renée) et muse du peintre nabi.
Photo Patrice Lapoirie.
"Avec cette exposition, se dévoile une autre facette de ce personnage hors du commun, qui a voulu exister autrement aux yeux de Pierre Bonnard, afin de ne pas être évincée", décrypte Véronique Serrano, conservatrice du Musée.
Une liberté d’esprit partagée par Pierre, qui loin de freiner l’émancipation artistique de Marthe, l’a même initiée en la confiant à son amie Louise Hervieu, pour l’apprentissage du dessin.
"Elle a su ensuite développer une œuvre singulière qui mérite d’être montrée, où se mêlent à la fois une certaine naïveté et une vraie modernité."
Photo Patrice Lapoirie.
Si Marthe emprunte aux thèmes de Pierre, avec lequel elle vivait de plus en plus en vase clos, elle se distingue néanmoins par l’usage du pastel. Et à travers leurs chiens basset, des natures mortes aux couleurs vives, ou des pins ébroués par Eole lors de leurs pérégrinations à Saint-Tropez, Marthe imprime une vraie personnalité, à défaut de certifier son identité.
Car Maria Boursin, de son vrai nom, se présenta d’abord à Pierre en Marthe Meligny, aristocrate déchue. Puis se rebaptise Marthe Solange pour nom d’artiste, avant de devenir Marthe Bonnard à leur mariage tardif.
Une femme énigmatique dont la carte de visite ne donnait pas d’autre indication que son nom. Marthe demeure un mystère. Mais cette expo exhume son talent caché.
"Marthe Solange, alias Marthe Bonnard, pastels 1921-1926". Jusqu’au 11 juin au 5e étage du Musée Bonnard au Cannet.
Photo Martin Provost.
Pierre et Marthe bientôt au cinéma
C’est la première fois qu’il en parle à la presse, alors qu’il en achève le montage. Après "Séraphine" ou "Violette", le réalisateurMartin Provost s’attache à nouveau à une grande figure féminine avec son nouveau film: "Bonnard, Pierre et Marthe", précise le réalisateur d’"Une bonne épouse".
"L’œuvre de Pierre Bonnard est une œuvre d’amour, un chemin parcouru ensemble. Certes, il l’a trompée, mais il lui est toujours revenu, jusqu’à l’épouser. Moi, je me situe vraiment au centre de leur histoire, en évoquant la place de l’art dans nos existences."
Pour incarner les amants artistes, Vincent Macaigne et Cécile de France. "Vincent, je l’ai mis à la diète pour qu’il se rapproche physiquement du personnage et il est formidable. Cécile s’est emparée de Marthe pour composer un personnage ambigu avec de très fortes zones d’ombre. Pierre fut d’abord fou physiquement d’elle, avant que cette relation ne se transforme en amour avec un grand A."
Le tournage ne s’est pas déroulé dans la maison des Bonnard au Cannet, car "elle est trop insérée en ville, il me fallait plus de place et de nature", mais au Domaine d’Orvès à La Valette, "une demeure exceptionnelle où réside une dame adorable, dans laquelle j’ai situé la fin du film: Marthe devient folle et Pierre prend soin d’elle."
En revanche, une avant-première devrait évidemment être donnéeau Cannet, à la sortie du film fin décembre ou début janvier.
"La Ville a même convenu de décaler des travaux et de laisser le Musée ouvert, pour accompagner l’évènement d’une belle expo."
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