Des totems sur le parvis.Des animaux marins constitués de filets de pêche flottant dans le hall. Des pirogues.Bienvenue dans le monde de l’art aborigène et contemporain de Taba Naba, la nouvelle exposition du musée océanographique de Monaco. L’événement est une invitation au voyage, à travers les continents mais aussi et surtout à travers les siècles et les cultures.
« Taba Naba» est le nom d’une comptine enfantine du détroit de Torres, au nord de l’Australie, qui parle des plaisirs de la pêche sur les récifs. Le monde marin est justement le point central de l’exposition qui s’articule en trois volets.
Le prince Albert II a découvert hier soir Taba Naba, aux côtés de mécènes et de personnalités, notamment l’ancien footballeur Bixente Lizarazu, l’artiste Philippe Pasqua et la petite-fille du commandant Cousteau, Céline Cousteau. Pour le public, il faudra attendre encore une petite journée!
Savoir+
Taba Naba
Du 24 mai au 30 septembre au musée océanographique de Monaco.
Rens. sur www.oceano.org
1. La défense des océans
Les «Bagu» réalisés en matériaux recyclés présentés par les artistes de Cardwell. Photo C.D..
La première partie de l’exposition est consacrée à la défense des océans au cœur de l’art des aborigènes et des insulaires du détroit de Torres. On l’aperçoit depuis l’extérieur du musée avec les trois crabes géants qui semblent escalader la façade. Ils sont l’œuvre de Brian Robinson qui explique que «le fait de vivre dans le détroit de Torres implique d’entretenir une relation intime avec la mer.Lorsque je pense à mes souvenirs d’enfance me reviennent en mémoire les parties de pêche au crabe.»
Sur le parvis se dressent des «Bagu», des sculptures réalisées à partir de matériaux recyclés et récupérés notamment sur les côtes. Ils ont été réalisés par les artistes du Girringun Arboriginal Art Centre de Cardwell. Chacun d’entre eux a une histoire et évoque l’environnement. Ce sont les plus grands qui ont été réalisés à ce jour.Dans le même ordre d’idée, on retrouve accrochés au plafond du salon d’honneur du rez-de-chaussée les «ghost nets», des filets fantômes peuplés de sardines, baleines, crocodiles ou encore requins.Tous conçus à partir de déchets charriés par les océans.
Sur les murs rouges du palier à l’étage, le visiteur découvre trois gigantesques «Dhari», des coiffes cérémonielles de 3 à 6 mètres de haut.Elles sont l’œuvre de Ken Thaiday Snr. Les coiffes sont traditionnellement portées lors de rituels et sont des éléments identitaires très forts de chaque village.
Ce premier volet d’exposition trouve son acmé dans la tortue de mer géante (574 m²) réalisée par Alick Tipoti sur le toit du musée. Il est également l’auteur du dugong (un mammifère marin appelé «vache marine») de bronze et de nacre positionné dans le hall d’entrée. «Les motifs que j’ai représentés sur son corps rappellent ceux que mes ancêtres gravaient sur leurs masques.»
2. Peuples de la mer
Les pirogues de bois sont sculptées d’animaux totems. Photo C.D..
Une deuxième partie de Taba Naba est consacrée à la navigation et l’expression artistique de l’Océanie. À l’étage, le visiteur découvre ainsi une série de pagaies et de pirogues sculptées (ci-contre) selon des symboles bien précis.Les aborigènes sont attachés aux représentations d’animaux totems. Par exemple, le crocodile conduit l’âme du défunt dans le monde de l’invisible.
Les masques ont également une grande place puisqu’ils représentent l’individu et son appartenance à un village. Ils sont utilisés lors des cérémonies. Divers objets façonnés notamment dans le bénitier fossilisé des îles Salomon sont présentés dans des vitrines.
Un grand nombre de pièces présentées sont le fruit d’années de recherche et de collecte de la part de Didier Zanette, expert en art océanien et aborigène près la cour d’Appel de Nouméa. Ce dernier entend ici montrer la relation qu’entretiennent les peuples du Pacifique avec la mer.
3. Eaux vivantes
Le troisième volet de Taba Naba s’articule autour de la collection Sordello Missana, «Eaux vivantes». Il s’agit principalement de peintures aborigènes contemporaines. On retrouve notamment la représentation du serpent arc-en-ciel, être mythologique, dieu de l’eau.
On y découvre aussi des colliers de Tasmanie confectionnés avec de minuscules coquillages. «Ils étaient utilisés comme parure lors de cérémonie mais servaient aussi de cadeau ou de monnaie d’échange», précise Donna Carstens, responsable des programmes aborigènes à l’Australian National.
Une installation, Yolngu, dresse le parallèle entre les différentes cultures, l’art et la science. Les motifs aborigènes viennent jusqu’à envelopper la maquette de cachalot du musée.
Le prince Albert II a visité hier soir l’exposition Taba Naba avec Robert Calcagno. De nombreux mécènes et personnalités ont assisté à la soirée de gala, parmi lesquelles Bixente Lizarazu, Céline Cousteau et Philippe Pasqua. Photo C.D..
Photo C.D..
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