Pourquoi cette gigantesque bouteille de ketchup trône dans les jardins du Casino de Monte-Carlo

Cette bouteille fait partie d’une rétrospective consacrée à l’artiste américain Paul McCarthy. Dans le reste de l’exposition, des pénis et des cochons sanguinolents. Âmes sensibles s’abstenir.

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J.Bi et C.V. Publié le 12/08/2022 à 12:21, mis à jour le 17/08/2022 à 19:54
« Daddies Tomato Ketchup Inflatable » est exposée devant le casino de Monte-Carlo jusqu’au 27 août. Photo Cyril Dodergny

Elle attire tous les regards avec son tissu de nylon enduit d’un vinyle rouge. La bouteille de ketchup de 18,30 mètres de haut, signée Paul McCarthy, trône face au Casino de Monte-Carlo. Devant elle, les touristes s’interrogent.

L’objet gonflable interpelle et suscite des réactions antinomiques. "Je n’aime pas le ketchup"!", s’exclame Lina en visite dans la Principauté avant de questionner sa présence dans les Jardins des Boulingrins. "Elle attire l’attention, certes. Mais sa place n'est pas ici." Quand son ami Daniel apprend la signification de l’œuvre d’art, il change d’avis: "Avec le contexte, on comprend sa place et le symbole qu’elle représente ici."

Federica Beretta, directrice de la galerie Hauser&Wirth nous ainsi décrypte la vision de l’artiste: "Il a un travail humoristique qui lui permet de s’attaquer au consumérisme avec une bouteille de ketchup."

Harriet et Ben, amoureux venus passer leur lune de miel à Monaco sont étonnés de voir cette marque de condiment populaire qui leur est très familière. "Nous vivons au Royaume-Uni, à moins d’une heure du site de fabrication de ce ketchup, je suis très surprise de voir cela ici", rigole-t-elle. Son compagnon a un avis plus tranché: "Je trouve qu’elle ne va pas avec le décor. On descendait dans les jardins et on n’avait même pas remarqué que le Casino se trouvait juste derrière."

C’est l’effet recherché par l’artiste américain Paul McCarthy. Célèbre pour son sapin de Noël en forme de plug anal qu’il avait exposé deux jours en 2014 sur la place Vendôme, à Paris, avant d’être retiré.

"Un artiste révolutionnaire"

"Paul McCarthy est largement considéré comme l’un des plus révolutionnaires parmi les artistes américains contemporains, explique la directrice de la galerie Hauser&Wirth, qui lui consacre une rétrospective. Avec une grande partie de son travail, il y a la possibilité de plusieurs interprétations. Il a d’abord créé une pratique artistique aux multiples facettes, qui cherchait à briser les limites de la peinture en utilisant des matières telles que les fluides corporels et les aliments." Il est depuis devenu connu pour ses émotions viscérales, souvent obsédantes.

Une exposition dérangeante

Les œuvres plus sujettes à débat se trouvent dissimulées dans la galerie d’art contemporain Hauser&Wirth, située à une centaine de mètres des jardins du Casino. Elle accueille l’exposition Pirates Stew Pot. Paul McCarthy y dévoile tout son art dans l’objectif de faire réfléchir.

Sur son site internet, la galerie limite d’ailleurs l’accès à son contenu aux seuls internautes majeurs. Souvent dérangeante, très sanguinolente et remplie d’appareils génitaux, l’exposition propose une allégorie de la société à travers ses différents vices.

Paul McCarthy pirate la galerie Hauser&Wirth

Les regards les plus chastes en auront pour leurs frais. Avec Paul McCarthy, on pouvait s’en douter. Depuis un demi-siècle, l’artiste américain joue avec les codes et transgresse via sa pratique pour défier les canons de l’art. La directrice de la galerie le reconnaît, "l’artiste a cultivé un langage de dépravation et de critique acerbe qui a laissé le public captivé."

En 2001, avec son projet "Pirate", fasciné par l’attraction "Pirates des Caraïbes" à Disneyland il réalise une série créative comprenant sculptures, dessins, vidéos et photographies explorant la thématique du pirate. Maturée à la sauce McCarthy tendant vers les comportements incontrôlés, le sadisme, la perversion. C’est souvent cru, parfois sanguinolent…

"Vingt ans après sa création et dans le contexte actuel des conflits mondiaux l’œuvre reste pertinente par la manière dont elle aborde les liens entre violence, dépravation et masculinité", assure-t-on chez Hauser&Wirth.

Son travail aide à dénoncer et vilipender les comportements négatifs dans le monde réel et ne cesse de promouvoir des discours sur des sujets importants. "Provocateur, il véhicule le message primordial de révéler la laideur inhérente à la nature humaine", poursuit Federica Beretta.

La galerie installée au One Monte-Carlo a choisi d’accrocher cette série jusqu’au 27 août sur ses murs. Et hors les murs, avec la gigantesque bouteille de ketchup gonflable. Une plongée dans un univers particulier, que les amateurs apprécieront.

Les créations du Britannique sont exposées jusqu’au 27 août. Photo Jean-François Ottonello.

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Monaco-Matin

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