En 2018, une grande exposition rendra hommage au commandant Cousteau, directeur du Musée océanographique pendant trois décennies, ainsi qu’aux princes Albert Ier et Albert II
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ARNAULT COHENPublié le 10/03/2016 à 11:58, mis à jour le 10/03/2016 à 12:05
Soucieux de préserver l’empreinte du célèbre explorateur sur le musée qu’il dirige, Robert Calcagno a acheté sur internet cette photo en noir et blanc du commandant Cousteau. Photo A.C.
Là, vous entrez dans le bureau du Commandant…» À chaque fois, ou presque, qu’il reçoit un hôte dans son bureau, Robert Calcagno ne peut pas s’empêcher d’adresser un clin d’œil à son illustre prédécesseur. Celui qui a fait découvrir au grand public le monde de la mer avec ses films et documentaires. L’inventeur de la plongée sous-marine moderne. L’explorateur de tous les océans du globe avec La Calypso. L’homme au béret rouge. Mais aussi le directeur du Musée océanographique de Monaco pendant presque 32 ans.
Jacques-Yves Cousteau a occupé ce même bureau du 20 mars 1957 jusqu’au 31 décembre 1988. Bien entendu, le mobilier a changé. Le Commandant aimait le style moderne. Celui des années 1970. Robert Calcagno, à son arrivée en 2009 – il a d’ailleurs succédé à un autre grand explorateur, Jean-Louis Étienne –, a opté pour un mobilier plus ancien, datant du début du XXe siècle. Beaucoup de visiteurs croient, à tort, que ce choix est un hommage à Cousteau…
On l’appelait le « Musée Cousteau»
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il ne reste quasiment aucune trace des trois décennies que l’homme au bonnet rouge a passées à la tête du Musée océanographique. Ni dans ce bureau, ni ailleurs dans l’immense bâtiment posé à flanc de falaise sur le Rocher.
«Nous détenons beaucoup d’archives, de documents de travail, d’articles de presse, de correspondance, de réflexions du commandant Cousteau. Mais quasiment pas d’objets, de photos ou de films», soupire Robert Calcagno.
Pourtant, le Commandant a marqué les lieux, écrit une partie de son histoire, l’a rendu tellement populaire qu’un million de visiteurs s’y pressaient chaque année, contre 700.000 aujourd’hui (lire notre édition du 4 mars). Au point que les anciens, à Monaco, parlent encore, parfois, du «Musée Cousteau».
«Une partie de notre histoire»
«Le prince souverain m’a demandé de renouer le lien avec l’époque du commandant Cousteau», révèle Robert Calcagno, l’actuel directeur de l’Institut océanographique. Concrètement, l’équipe du musée a racheté, dans des ventes aux enchères ou sur internet, des objets ayant appartenu à Jacques-Yves Cousteau, des photos, des ouvrages retraçant son œuvre. Ce petit trésor est rassemblé dans une grande armoire, en face du bureau du directeur, dans un espace interdit au public. On y découvre du matériel de plongée, des médailles, des photos, les résultats scientifiques des campagnes de La Calypso ou encore l’Encyclopédie Cousteau.
Dans son propre bureau, Robert Calcagno a ramené de chez lui une collection d’ouvrages sur Cousteau, datant des années 1970, que ses parents lui avaient offerte quand il était enfant. Il s’est aussi acheté une photo du Commandant, sur internet, pour quelques dizaines d’euros.
«Nous sommes en train de reconstituer un fonds dédié au commandant Cousteau, précise Robert Calcagno. C’est important, cela fait partie de notre histoire. Il nous faut la faire revivre.»
Les trois champions du musée
Pour l’instant, ce patrimoine Cousteau est enfermé dans le bureau de Robert Calcagno et dans la partie administrative du musée. Pas pour longtemps: «Nous réfléchissons à une manière de rendre hommage au commandant Cousteau. Nous travaillons sur un projet de grande exposition sur les trois explorateurs champions du Musée océanographique: le prince Albert Ier, le commandant Cousteau et le prince Albert II.»
Une installation ambitieuse, d’un coût de 2 à 3 millions d’euros, durable, qui devrait voir le jour en 2018. Vingt ans après le départ du Commandant, le Musée océanographique va donc faire revivre le mythe Cousteau au travers de cette expo d’envergure. À défaut de faire revenir La Calypso, projet un temps caressé par le prince Albert II (lire ci-dessous), l’empreinte Cousteau sera de nouveau présente sur le Rocher.
L’expo-événement
En cinq ans, Robert Calcagno et ses équipes ont réussi à racheter une série d'objets ayant appartenu au commandant Cousteau. Des dons de particuliers sont aussi venus enrichir le fonds. Ce patrimoine en cours de constitution dort aujourd'hui dans un couloir des services administratifs du Musée océanographique. Dans deux ans, ils seront présentés au public dans le cadre d'une exposition d'envergure dédiée aux trois explorateurs qui ont successivement marqué les lieux : le prince Albert Ier, le commandant Jacques-Yves Cousteau et le prince Albert II.
Robert Calcagno a accepté de lever un coin du voile sur cette future expo-événement qui occupera la salle du premier étage, habituellement dédiée aux expos temporaires.
Trois espaces seront consacrés aux travaux et explorations des « trois champions du musée », selon l'expression de son directeur. La partie centrale sera dédiée au commandant Cousteau, avec « les objets ayant appartenu au Commandant, mais aussi un laboratoire, des expériences interactives, peut-être un masque permettant de découvrir les fonds marins en vision 360°», liste-t-il. Le tout serait renfermé dans une coquille figurant le navire emblématique de Cousteau. Cette enceinte ne pourra pas s'appeler « La Calypso », l'appellation étant déposée et protégée de manière assidue par la veuve du célèbre explorateur, Francine Cousteau.
Deux autres espaces seront également aménagés pour rendre hommage au fondateur du Musée océanographique, le prince Albert Ier, et à l'explorateur que fut le prince Albert II, ainsi que ses engagements en faveur de la protection des océans.
Plusieurs candidats ont répondu à l'appel d'offres pour monter cette exposition qui devrait s'installer au Musée océanographique en 2018, pour de longues années.
Signe de l'importance accordée à ce triple hommage, et de sa qualité, le coût de ce projet se chiffre entre 2 et 3 millions d'euros.
Le calypso ne reviendra pas
Le mythique navire du commandant Cousteau avait fait escale à Monaco. Photo archives Nice-Matin.
Le prince Albert II voulait racheter La Calypso, le mythique bateau du commandant Cousteau qui croupit depuis 2007 dans un hangar du chantier naval de Concarneau, en Bretagne. L’accord n’aura pas été trouvé avec Francine Cousteau, qui gère la Fondation Cousteau (lire Monaco-Matin du 8 janvier 2016). La veuve du Commandant lui a trouvé un autre avenir. Qui a commencé à se dessiner vendredi dernier, date de son départ de Concarneau, en direction de la Méditerranée. Le bateau, à l’état d’épave, devrait être rénové à Gênes et naviguer à nouveau dans le futur.
22 décembre 1988 : Jacques-Yves Cousteau quitte le Musée océanographique.Photo archives Nice-Matin.Le commandant Cousteau et le prince Rainier III. Photo archives Nice-Matin.Visite de la famille princière pour le cinquantenaire du Musée océanographique, le 29 mars 1960.
Photo Georges Lukomski - Archives du Palais princier.Le commandant Cousteau avec la princesse Grace et le prince Rainier III, sur La Calypso à Monaco.
Photo archives Nice-Matin.
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