Le Nouveau Musée National de Monaco dévoile le programme de ses expositions à venir

Le directeur du Nouveau Musée National, Björn Dahlström, évoque les expositions à venir et ses nombreux projets pour inviter les artistes à dialoguer sur les collections de cette institution.

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Cédric Verany Publié le 10/06/2023 à 12:30, mis à jour le 10/06/2023 à 17:17
En mars dernier, Björn Dahlström accueillait le peintre américain George Condo pour célébrer sa création à Monaco. Jean-François Ottonello

Entre les humanoïdes de George Condo et les silhouettes oniriques de Jean Cocteau, c’est une galerie de personnages divers qui peuplent cette saison les salles du Nouveau Musée National de Monaco (NMNM). Depuis le mois de mars, une plongée dans le travail de l’Américain George Condo est proposée à la Villa Paloma.

L’artiste, familier de Monaco où il a collaboré il y a un quart de siècle aux décors des Ballets pour Jean-Christophe Maillot, propose comme une rétrospective. "Le public européen le connaît peu et le découvre avec enthousiasme avec cette bonne forme d’introduction à son travail", commente le directeur du NMNM, Björn Dahlström. Qui a fait le choix de consacrer pour la saison à la Villa Sauber, une icône de l’art du XXe siècle: Jean Cocteau. Raconté sous le prisme de sa maison du Cap Ferrat, Santo Sospir, photographiée par le Brésilien Mauro Restiffe, qui en livre une interprétation en images.

Un projet avant d’autres au NMNM, dont le directeur détaille la philosophie. Interview.

L’été sera placé sous le signe de Jean Cocteau à la Villa Sauber. Pourquoi avoir choisi de mettre en lumière particulièrement la maison qu’il avait tatouée de son empreinte au Cap Ferrat ?
Pour une conjonction de facteurs, je dirais. D’abord parce que Célia Bernasconi, commissaire de l’exposition et qui a été conservatrice du musée de Menton, a une très bonne connaissance de Cocteau. L’idée était de provoquer ce dialogue entre Jean Cocteau et Mauro Restiffe, un photographe qui a fait une résidence en 2018 à la villa Santo Sospir de Saint-Jean-Cap-Ferrat, avant que les travaux ne démarrent, pour capter la particularité de cette maison, d’où on a l’impression que Cocteau venait de partir. Ses images dans l’exposition dialogueront avec le travail de Cocteau lui-même, dont nous avons plusieurs œuvres dans les collections. Ce sera aussi l’occasion de commémorer les soixante ans de sa disparition et cela avait du sens compte tenu de sa présence dans la région. Et puis, il me semblait opportun dans cette exposition de jouer sur l’aspect domestique des espaces. Comme une mise en abîme car nous exposons dans une villa, en proposant le regard d’une maison dans un lieu domestique. Et nous le referons en novembre.

Autour de quel artiste ?
Nous ouvrirons une exposition, à la Villa Paloma cette fois, avec cette grande figure de l’arte povera qu’est Pier Paolo Calzolari. L’exposition s’intitulera Casa idéale. À notre demande, il a joué sur l’aspect maison et le contexte des espaces dont on dispose, et présentera des œuvres des années 1960 à aujourd’hui. C’est un travail très subtil, poétique, sensoriel où Calzolari utilise un répertoire de matériaux singuliers.

Et quels sont les projets qui suivront ?
En février prochain, nous proposerons une exposition qui reviendra sur les influences du cinéaste Pier Paolo Pasolini. Des influences puisées dans l’art ancien ou contemporain visibles dans son travail. Et nous évoquerons des artistes qui se réclament dans la pensée pasolinienne. C’est un projet assez ambitieux, réalisé en collaboration avec Le Fresnoy, studio national des arts contemporains à Tourcoing. Puis en mai 2024, nous travaillons autour des œuvres picturales et céramiques de l’Espagnol Miquel Barceló. Il sera notre artiste invité pour évoquer son lien pertinent à la mer Méditerranée. Son travail a une telle valorisation du vivant maritime qu’il exprime quelque chose de la fragilité de cet espace, dont nous avons conscience. Nous nous inscrivons dans ce territoire qu’est la Méditerranée et cela me semble important de l’appuyer encore davantage.

"Aucun musée ne montre la totalité de ses collections"

Le NMNM a renouvelé son lien avec les collégiens et les lycéens, les intégrant à des programmes d’échange avec des artistes. Quel regard portez-vous sur ces actions ?
Je suis content que des artistes se rendent disponibles pour venir travailler en milieu scolaire. C’est pour eux un investissement conséquent, chronophage. Mais cela provoque des rencontres et je suis très convaincu par l’aboutissement de ces projets. Et puis nous en profitons pour optimiser la présence d’un artiste et opérer des transversalités avec nos différentes collections. C’est le cas avec Léna Durr qui a fait cette résidence d’artistes avec les collégiens et qui développe aussi un travail avec une collection d’art africain dont nous sommes dépositaires. C’est le genre de collaboration que j’aimerais développer encore davantage.

Comment attirez-vous les artistes pour qu’ils viennent travailler à Monaco ?
Par notre réseau, celui de nos équipes, mais aussi cette identité du NMNM qui est réelle et contribue à rendre le lieu attractif. Il y a à la fois une curiosité des artistes de venir à Monaco et une confiance qui est faite au Nouveau Musée National, sur la qualité des projets que nous sommes en mesure de mettre en place. Notre ligne est de continuer à se focaliser sur des artistes de la fin XIXe, XXe et XXIe siècles et opérer une diversité dans nos choix. En faisant venir, par exemple, des artistes confirmés pour les expositions d’été et d’autres en devenir, opérant des workshops sur place et apprenant à découvrir Monaco et ses spécificités. Beaucoup d’artistes sont aussi très curieux de nos collections qui comptent 10 000 œuvres d’une diversité incroyable.

Dix mille œuvres conservées mais jamais montrées de façon permanente. N’est-ce pas frustrant ?
Aucun musée ne montre la totalité de ses collections. Et ce ne serait pas nécessaire, à mon sens, même si nous avions l’espace pour. L’important est le travail que nous faisons, pour avoir conscience de ce que l’on conserve. En essayant, parallèlement, d’activer des projets qui permettent la présentation de pièces de notre collection autour d’un sujet, d’un thème particulier. Comme nous le faisons pour l’exposition Mauro Restiffe/Jean Cocteau.

Dans ces collections tentaculaires, avez-vous des préférences pour certaines œuvres que vous aimeriez mettre davantage en valeur ?
Oui, par exemple le fonds lié aux Ballets russes, que nous avons déjà montré, j’aimerais le montrer davantage. Tout comme les automates qui sont encore un peu l’ADN de notre collection, et que les Monégasques aiment beaucoup. Et puis, dans un registre plus personnel, découvrir cette donation d’art africain a été pour moi une bonne surprise. Nous recevons, d’ailleurs, régulièrement des propositions de donation et le comité d’acquisition se réunit deux fois par an pour en décider avec cette règle : que cela ait du sens et que les dons résonnent avec notre fonds.

Le projet d’extension de la Villa Sauber en bonne voie

La Villa Sauber entrera-t-elle bientôt dans le XXIe siècle? Les amoureux du NMNM espèrent et languissent. Presque une décennie que l’on évoque l’idée d’ajouter à cette villa Belle Époque de l’avenue Princesse-Grace une extension contemporaine pour permettre aux équipes du musée de gagner en espace et en confort pour proposer des expositions plus vastes et abriter davantage d’œuvres.

"Le dossier avance vraiment", promet Björn Dahlström, qui échange régulièrement avec le gouvernement, ce dernier ayant la charge de la conception et de la réhabilitation de Sauber.

"J’espère pouvoir en parler plus largement dans un an, mais tout le monde est mobilisé et nous avons bien avancé pour imaginer ce projet qui nous permettra d’avoir un peu plus d’espace pour mieux conserver, pour mieux présenter. Et ainsi créer un écrin ad hoc pour nos collections et nos programmations."

À Paloma, le jardin en avant

Du côté du boulevard du Jardin exotique en revanche, à la Villa Paloma, inaugurée en septembre 2010, on ne pourra pas pousser les murs. Le projet de création d’un café dans le jardin annoncé l’an dernier s’est avéré plus compliqué que prévu.

"C’est assez complexe, car comme cet équipement n’a pas été envisagé dès le départ de l’aménagement des jardins, il y a des problèmes de réseaux techniques, car nous voulons créer un bâtiment vertueux."

 En attendant, c’est un foodtruck qui occupe l’espace, du jeudi au dimanche pendant l’été, proposant une carte variée et des légumes du potager voisin dans les assiettes. Une manière de faire vivre cet espace verdoyant entourant la Paloma et proposant l’une des plus belles vues de la Principauté.

"Ce qui serait formidable, complète Björn Dahlström, ce serait que le Jardin exotique rouvre, cela créerait une émulation sur ce site magnifique."

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