Une résidente monégasque parmi 300 femmes qui vont naviguer contre les plastiques en mer

Irina Peterson sera la seule femme de Monaco à rejoindre une expédition scientifique qui va sillonner toutes les mers du globe pour mieux comprendre les enjeux de la pollution plastique.

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Ludovic Mercier Publié le 19/11/2019 à 11:19, mis à jour le 19/11/2019 à 11:39
Irina Peterson s’est engagée pour éveiller les consciences et faire avancer la science. Dylan Meiffret

Trente voyages sur deux ans. Trois cents femmes au total. Parmi lesquelles une résidente de Monaco: Irina Peterson. Une ambitieuse entrepreneur de 47 ans qui se prépare actuellement à rejoindre l’eXXpedition. Un voyage scientifique autour du monde avec un équipage exclusivement féminin.

"J’ai postulé et le processus de recrutement a duré cinq mois. Il y a eu une évaluation psychologique, un test de personnalité, et aussi des tests de motivation. C’était très poussé", confie-t-elle, rayonnante.

Aux Galapagos pour étudier les tortues

L’expédition autour du monde est divisée en étapes. Irina a choisi de faire le voyage entre les Galapagos et l’Île de Pâques. Elle rejoindra les Galapagos début février 2020 pour une première aventure: "J’ai la chance d’être reçue gracieusement par le Galapagos Safari Camp, pour pouvoir aider les membres de la fondation Charles Darwin, qui ont un partenariat avec la Fondation Prince Albert II, et qui travaillent sur place avec les tortues. Ils étudient l’impact des plastiques sur leur santé."

Le 15 février prochain, elle embarquera au port de San Cristobal de Galapagos, direction l’île aux statues géantes. Qu’est-ce qui pousse une dynamique entrepreneur à s’investir dans un tel programme? La protection de l’environnement, bien sûr. Mais surtout, il y a quelque chose de plus intime: "Depuis toute petite, j’ai appris à aimer l’océan. La petite fille que j’étais, qui a grandi dans la Roumanie communiste, ne parvenait à s’évader que le dimanche matin, lorsqu’elle voyait l’émission du professeur Jacques-Yves Cousteau. La télévision était en noir et blanc, mais je voyais les images en couleur malgré tout. Aujourd’hui, j’aimerais à mon tour transmettre ce que je vais découvrir, pour peut-être faire rêver d’autres enfants et transmettre mon amour des océans."

Pour cela, elle compte réaliser un film documentaire sur son expédition.

"Profondément imparfaite"

Elle a donc créé son programme baptisé Ocean Amazone, en se fixant quatre objectifs: "Je veux porter la voix de Monaco au sujet de la protection de l’environnement et promouvoir les initiatives de la Fondation Prince Albert II; éveiller les consciences sur la fragilité des océans et de la vie marine; encourager les femmes qui aiment la mer à se lancer dans la navigation; et contribuer à faire prendre conscience aux gens que le plastique est un problème quotidien, qui peut se résoudre par de petits gestes qui ont un impact fort."

Des objectifs ambitieux pour lesquels Irina tient à mettre les choses au clair: "Je ne veux surtout pas que l’on pense que je donne des leçons. Je ne prétends pas être parfaite. Comme tout le monde, je jette parfois de la nourriture dont j’ai laissé passer la date dans le réfrigérateur, je possède une voiture qui n’est ni neuve ni électrique, j’achète encore des choses emballées dans du plastique à usage unique lorsque je fais mes courses, par commodité et par manque de choix immédiat. Je mange de la viande et j’aime ça, bien que j’essaie de limiter ma consommation et de m’approvisionner de façon responsable. Je suis donc une activiste imparfaite. Mais j’apprends et je promets de continuer à faire de mon mieux! J’apprends à me pardonner à chaque fois que j’échoue et à reconnaître mes profondes imperfections. Et je recommande à tout le monde de faire pareil ! Ne nous montrons jamais du doigt l’un l’autre pour ce que nous faisons de mal! Célébrons plutôt chaque geste positif que nous mettons en place pour prendre soin de notre environnement."

Un coût de 100.000€

Pour son programme Ocean Amazone, elle a choisi un logo particulier: "Il représente un vaquita (communément appelé marsouin du Pacifique, ndlr). Un mammifère marin qui ressemble au dauphin et dont il reste seulement une dizaine de spécimens au monde. C’est l’animal le plus menacé de la planète, et il faut que les gens le sachent."

Pour participer à l’aventure, Irina doit trouver les financements pour son voyage, son film, et la protection des vaquita. Elle s’est donc fixé un objectif à 100.000 euros, dont 30% iront à la protection des vaquitas, au fonds environnemental des Galapagos et à la mission eXXpedition, 32% serviront à payer le voyage, l’hébergement, et la compensation carbone, et 38% seront dédiés au projet de documentaire et à la couverture médiatique. Ocean Amazone a déjà suscité l’intérêt de plusieurs sponsors grâce à une conférence privée qu’elle a pu donner au Yacht-club de Monaco. Mais Irina Peterson est toujours à la recherche de financements.

Les expéditions sont aussi l'affaire des femmes

C’est une aventure qui porte dans son ADN les chromosomes de la féminité. L’eXXpedition, c’est l’épopée de 300 femmes du monde entier, qui vont parcourir les mers du globe.

Pourquoi des femmes? "Principalement parce que les effets perturbateurs des plastiques sur l’organisme humain touchent d’abord les femmes, mais aussi parce que les femmes sont vraiment sous-représentées dans le monde des sciences et de la navigation", explique Irina Peterson, l’une des 300 participantes, résidente à Monaco.

Le programme scientifique est dirigé par Winnie Courtene-Jones, titulaire d’un Ph.D. (docteur en philosophie, ndlr), et responsable scientifique de l’eXXpedition, et référence mondialement connue en matière de microplastique. L’objectif de la mission est de collecter un maximum d’échantillons et d’informations pour développer une connaissance plus globale de la pollution plastique et de ses effets sur l’environnement et sur la santé.

Pour cela, les équipes d’eXXpedition vont embarquer sur le SV Traveledge, "un navire spécialement conçu pour naviguer dans toutes les conditions et sur toutes les mers du globe", peut-on lire sur leur site web. On y apprend d’ailleurs que la marine britannique l’avait déjà utilisé lors d’une expédition en Antarctique en 2001-2002.

Cette embarcation remarquable a quitté Plymouth, en Angleterre le 7 octobre, et semble partie pour un périple au moins jusqu’en avril 2021.

Retrouvez Irina Peterson sur les réseaux sociaux : 
- Instagram : @oceanamazone
- Facebook : Ocean Amazone

eXXpedition.

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