Tirer sur les pins comme au paintball pour les protéger des chenilles à Monaco

La technique inspirée du paintball, avec des billes contenant un traitement naturel, est à l’essai en Principauté pour protéger les arbres contre l’invasion des chenilles processionnaires.

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CEDRIC VERANY cverany@monacomatin.mc Publié le 26/06/2020 à 15:36, mis à jour le 26/06/2020 à 15:46
Illustration. Photo Jean-François Ottonello 

La scène est surréaliste. Voire effrayante pour certains. Un homme armé, ce vendredi matin dans le jardin de l’Âne à Fontvielle, enchaîne les tirs en direction des pins. Ni fait divers, ni tournage de film de guerre à l’horizon… le tireur est un jardinier! Et la technique est novatrice.

La direction de l’Aménagement urbain a voulu l’éprouver cette année dans les jardins de la Principauté pour lutter contre un fléau: les chenilles processionnaires qui s’attaquent aux pins.

Il ne s’agit pas de dégommer les chenilles à vue sur le tronc des arbres avec un pistolet à bille, mais plutôt d’utiliser des équipements d’ordinaire réservés aux parties de paintball à des fins préventives. Ici, les billes ne sont pas pleines de peinture, mais contiennent un produit qui permet un traitement biologique – breveté par la société française Biossays – et rapide.

Traiter un jardin en quelques minutes

Là où il fallait auparavant installer des nacelles autour des pins pour pulvériser des produits au niveau de la canopée, le pistolet permet à un jardinier seul de traiter tout un jardin en quelques minutes.

Un gain de temps et d’énergie non négligeable pour lutter contre la propagation des chenilles processionnaires, à laquelle la Principauté n’échappe pas.

"Elles ne condamnent pas les pins mais ces chenilles sont un fléau, notamment dans les jardins d’enfants. Quand elles descendent des arbres, elles sont urticantes et peuvent être nocives si on les touche. Même chose si un chien s’en approche", explique Eric Vermiglio, de la section des jardins à l’Aménagement urbain.

C’est lui qui a choisi de tenter ce nouveau process en tirant ces billes vers la cime des arbres.

Une "fausse" phéromone femelle

Techniquement, ces petites billes biodégradables sont composées d’huile, d’eau et de cire d’abeille. Elles contiennent un procédé de synthèse qui reproduit les phéromones femelles des chenilles. Répandu sur les branches, le produit sature les récepteurs des mâles et fait décroître la reproduction. Une sorte de contraceptif masculin?

"Ces phéromones créent une confusion sexuelle du papillon de la processionnaire du pin pour une durée de trois à quatre mois, l’empêchant, de ce fait, de localiser et féconder les femelles" continue Eric Vermiglio.

Cinq à six billes sont projetées par pin; une bille contenant l’équivalent de 1.000 hormones de femelles. Et le traitement doit être renouvelé tous les ans.

Le procédé est à l’essai en Principauté. Déployé ce vendredi matin d’abord dans le quartier de Fontvieille, puis les jardins Saint-Martin et quelques jardins de Monte-Carlo. En attendant d’observer les premiers résultats…

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