Près de vingt personnes ont pris place dans la salle de conférences des locaux de la Mission pour la Transition énergétique pour une soirée de sensibilisation sur les chiroptères. Un petit événement qui a attiré curieux et connaisseurs. Peut-être parce que ces mammifères volants ont conquis l’essentiel des milieux de la planète et que ses aficionados ont souhaité lui consacrer un événement.
Cela fait déjà 26 ans que la "Nuit de la chauve-souris" est organisée en France lors du dernier week-end du mois d’août - deuxième édition cette année à Monaco - pour permettre au grand public de découvrir ce petit mammifère particulièrement méconnu et parfois même mal-aimé, poids des traditions et des superstitions.
"Elle a sa place dans notre écosystème"
Entre sortie-observation nocturne, documentaire et même une conférence organisée à cette occasion, le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur (CEN PACA), partenaire de la manifestation, encourage à ce qu’on l’apprécie davantage et qu’on reconnaisse ses mérites, notamment dans la lutte contre la prolifération des moustiques. "La chauve-souris a sa place dans notre écosystème. Si un jour elle disparaît, on constatera les conséquences et on se rendra compte qu’elle était bien utile pour nos jardins en chassant les moustiques." Jonathan Costa, chargé d’études chiroptères au CEN PACA ajoute: "La chauve-souris est un excellent auxiliaire pour les cultures."
La nuit s’est ensuite poursuivie par une session d’écoute nocturne, à l’aide de détecteurs à ultrasons, dans les Jardins Saint-Martin de Monaco-Ville, où trois espèces de chauves-souris - Pipistrelle de Kuhl, Molosse de Cestoni et Vespère de Savi - ont pu être entendues entre 21h et 22h, période la plus propice à la chasse.
"Nous sommes dans une démarche zéro phyto""
Cette visite dans leur milieu naturel a également été l’occasion de répondre à de nombreuses questions sur les engagements de la Principauté. "Nous sommes dans une démarche "zéro phyto" dans les espaces naturels, parcs et jardins publics, c’est-à-dire qu’on n’utilise aucun produit phytosanitaire, qui tue les moustiques, la principale source d’alimentation des chauves-souris, informe Ludovic Aquilina, de la Direction de l’Environnement, qui rapporte que des actions d’aménagements ont eu, ou vont avoir lieu. Nous allons restaurer les espaces verts. Enlever les espèces exotiques pour planter des espèces locales. La grotte des Jardins Saint-Martin a été grillagée en laissant une ouverture pour leur permettre de rentrer et sortir facilement de ce gîte."
Sa collègue, Julie Davenet, renchérit: "Notre programme de nichoirs est très daté, les installations remontent à 1999 pour être exacte. Ils vont devoir être remplacés, on aimerait le faire dans les deux années qui arrivent."
Au cours de cette visite, les participants ont pu apercevoir quelques chauves-souris virevolter dans les airs pour leur plus grande joie. La sensibilisation auprès du grand public occupe une place importante pour contribuer à la préservation des chauves-souris.
Dans l’éventualité où un particulier repère un des gîtes de ces petits mammifères à son domicile ou dans la nature, il peut contacter le Conservatoire d’espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Vrai ou faux? Tout savoir sur les chauves-souris
Les chauves-souris sucent le sang?
Faux. En Europe, les chauves-souris sont insectivores et frugivores.
Vrai. En Amérique du Sud, de très rares espèces de chauves-souris sont dites vampires et se nourrissent en prélevant le sang d’animaux.
Les chauves-souris peuvent se prendre dans nos cheveux?
Faux. La légende persiste mais jamais une chauve-souris ne se prendra dans vos cheveux. Son vol est très précis et son système de guidage par ultrasons, l’écholocalisation, permet de détecter des objets à plusieurs mètres. Autrefois, ce mythe servait à effrayer les jeunes filles pour ne pas qu’elles sortent tard le soir.
Les chauves-souris étaient clouées sur des portes?
Vrai. Au Moyen Âge, elles étaient clouées sur les portes pour éloigner les mauvais esprits. À l’image de la chouette effraie ou du corbeau, les animaux de nuits sont assimilés au diable et au mal.
Elles sont aveugles?
Faux. Les chauves-souris utilisent leur vue pour se repérer. Elles peuvent même être éblouies ou perturbées par l’éclairage artificiel en extérieur. L’écholocalisation est donc privilégiée pour la chasse ou lors de déplacements en zone inconnue.
Les chauves-souris se suspendent toutes au plafond?
Faux. Toutes les chauves-souris ne pendent pas au plafond de leur gîte. Il n’y a que quelques espèces comme le Petit rhinolophe qui se pend par les pâtes. Elles ne vivent pas que dans des grottes. D’autres s’installent dans les fissures des murs ou les creux des arbres, dans les granges, les greniers et les toitures, comme la Pipistrelle.
Les chauves-souris sont prolifiques?
Faux. Les chauves-souris femelles ont un taux de reproduction très faible puisqu’elles n’ont qu’un petit par an. L’effectif d’une colonie reste stable, quand il ne diminue pas. Elles ont une espérance de vie très longue pour un animal si petit. 15 ans pour une Pipistrelle commune. Certaines peuvent vivre plus de 30 ans, comme la Petite chauve-souris brune.
Les chauves-souris peuvent transmettre la rage ?
Vrai... et faux. En Europe, les chauves-souris peuvent être porteuses du virus. Mais pas toutes. Présent dans la salive, elle peut le transmettre à l’humain par une morsure ou une griffure, aussi petite soit-elle. C’est pourquoi il est toujours conseillé de porter des gants en cuir épais quand on les manipule.
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