
Ce drôle de sous-marin jaune ne descendra pas sous l’eau : c’est là que les plongeurs vivent sous pression pendant 1 mois. C’est de là qu’ils descendent explorer les profondeurs.
PHOTOS. On a été à la rencontre des quatre experts qui explorent la Méditerranée pendant un mois depuis une capsule de 10m2
Le 12/07 à 08h30 MàJ 12/07 à 10h11Quand on habite ou que l’on travaille à Monaco, on ne compte plus les petits bateaux sur l’eau. Avec le chantier de l’extension en mer, les embarcations techniques ont intégré le paysage. On a l’habitude.
Cette fois, cependant, un autre type de vaisseau a fait son apparition: une barge. Un lieu incroyable, avec à son bord des gens tout aussi surprenants. C’est l’expédition "Gombessa 5", financée, entre autres, par la Fondation Prince Albert II et Monaco Explorations, et qui emmène à son bord quatre plongeurs, parmi lesquels Laurent Ballesta, biologiste marin, explorateur, et l’un des plus grands photographes sous-marins. Quatre bonshommes carrément sous pression. Au sens propre.
>>RELIRE. PHOTOS. Le photographe sous-marin Laurent Ballesta mène une mission scientifique dans une capsule, sur l'eau, entre Marseille-Monaco
Rester au fond, longtemps
Car pendant 28 jours, ils vont rester enfermés dans une station de 10m² (dont 5 m² de pièce de vie) qui reproduit les conditions de pression des grandes profondeurs. Un objet étonnant, jaune vif, qui ressemble à un sous-marin de bande dessinée, mais qui est posé sur la barge, et dont une partie amovible permet de descendre en mer.
L’objectif, c’est d’éviter les paliers de décompression, indispensables, que connaissent bien tous les plongeurs: "Les petites bulles d’air qu’il y a au fond, quand elles remontent, elles se dilatent pour prendre la taille d’un ballon de foot. Alors imaginez dans le corps humain!", explique Théo Mavrostomos, responsable de la barge pour l’Institut national de plongée professionnelle (INPP) et détenteur du record du monde de plongée en caisson à 701 mètres de profondeur.
Sous hélium
"Comme la décompression prend du temps, à chaque fois les plongeurs ne profitent du fond que quelques minutes. Avec cette technique, ils peuvent sortir plusieurs heures", explique Julie Deter, la directrice scientifique de "Gombessa 5".
L’inconvénient, c’est que tout cela crée des conditions physiques difficiles: "Il fait une chaleur tropicale à l’intérieur de la station", confie Laurent Ballesta. Et cela, malgré l’arrosage continu dont elle bénéficie.
Pour vivre dans ces conditions de pression, l’air qu’ils respirent est différent: il est composé majoritairement d’hélium, avec une très faible teneur en oxygène (environ 4%), avec là aussi des conséquences: les quatre plongeurs parlent comme des écureuils de dessin animé. Un souci auquel la technologie a trouvé une solution: une console permet de "retimbrer leur voix".
Chaud et froid
Équipés de casques, ils peuvent donc entendre en direct leur voix retimbrée, sans cette distorsion. Mais ce gaz a aussi des contraintes moins amusantes: "L’hélium consomme énormément de calories, aussi ils ont très vite froid", poursuite Julie Deter. Ils passent donc de la chaleur tropicale au froid polaire, tous les jours.
Mais c’est pour la bonne cause. Plusieurs scientifiques profitent de cette mission pour commander des prélèvements. Hier, c’est le Centre scientifique de Monaco qui voulait des échantillons de gorgones (animal coralliaire) pour les étudier. Des scientifiques suivent également l’expédition dans des bateaux laboratoires qui suivent la barge.
Cette épopée est également suivie par une équipe d’Arte qui prépare un documentaire intitulé Planète Méditerranée, qui sera diffusé au printemps 2020.
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