"Nous ne devons plus perdre un instant": à la tribune de l'ONU, le prince Albert II appelle à l’union face à la crise climatique

Alors que le conflit en Ukraine a alimenté les débats à l'assemblée générale des Nations Unies à New York, le prince Albert II a rappelé l’urgence climatique et la criante nécessité d’unir ses forces pour gagner la bataille.

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Thibaut Parat Publié le 22/09/2023 à 10:30, mis à jour le 22/09/2023 à 14:18
Le prince Albert II a tenu un discours de 13 minutes devant les chefs d'Etats et de gouvernement du monde entier. Michaël Alési / Palais princier

Sans surprise, le conflit en Ukraine a largement concentré les débats diplomatiques à New York où se tient depuis ce mardi l’Assemblée générale des Nations Unies, 78e du nom. Faisant craindre à beaucoup que les discussions autour de l’urgence climatique ne soient relayées au second plan et ne trouvent l’écho mérité. Durant cette grand-messe diplomatique, où chacun des 140 pays présents délivre ses messages au monde entier, le prince Albert II a tenu ce mercredi après-midi un discours de 13 minutes. Trois décennies tout pile après l’adhésion de la Principauté à l’ONU et ses premiers mots à la tribune, en qualité de chef de délégation et prince héréditaire.

Respecté sur la scène internationale pour sa parole environnementale et ses prises de position pour la préservation des océans, le souverain monégasque a tout naturellement articulé son propos autour de cette question cruciale pour l’avenir de l’Humanité.

"Nous devrons saisir la dernière opportunité"

"Nous ne devons plus perdre un instant. Les événements climatiques extrêmes, dont la fréquence et l’intensité ne cessent d’augmenter, engendrent déjà la souffrance de millions d’individus et exigent de notre part des mesures urgentes et drastiques", a-t-il martelé, citant les fameux 17 objectifs de développement durable à atteindre à l’horizon 2030, tout comme la limitation du réchauffement climatique à +1,5°C découlant de l’Accord de Paris sur le climat en 2015. Une échéance que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait d’ailleurs jugée "hors d’atteinte", en novembre 2022.

"Ce bilan mondial, qui aboutira lors de la COP 28, ne pourra se limiter à un terrible constat d’échec. Nous devrons, au contraire, saisir la dernière opportunité qui nous est offerte de rectifier la trajectoire", poursuit le prince Albert II.

"Avancer de front"

"Nous ne pourrons gagner la bataille climatique qu’en avançant de front, a-t-il ajouté, saluant la volonté d’António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, de réunir dirigeants d’États, institutions privées et société civile lors d’un Sommet sur l’ambition climatique. Le dernier rapport du GIEC nous a, une fois de plus, alertés sur l’insuffisance de nos efforts collectifs pour lutter contre ce fléau planétaire."

Le prince Albert II a, ainsi, largement insisté sur le rôle central de l’ONU pour fédérer les décideurs et parvenir à des avancées majeures. "Ces dernières décennies, l’ONU a été au cœur de progrès que seul le multilatéralisme peut engendrer (...) Je souhaiterais souligner combien l’enrichissement du droit international est un succès sous-estimé de nos efforts de coopération au sein de l’ONU (...) Au cours de l’année qui vient de s’écouler, le multilatéralisme a, dans certains domaines, une nouvelle fois démontré sa vigueur et son efficacité, à force de persévérance."

Une référence au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, visant à stopper et inverser la perte de nature. Mais aussi à l’Accord pour protéger la biodiversité marine en haute mer, un texte historique signé ce mercredi par le souverain. "Ces victoires, fruits de nos efforts collectifs, doivent nous donner de l’espoir. Car elles incarnent le potentiel même des Nations Unies: celui de bâtir des édifices communs pour mieux vivre ensemble, en harmonie avec la nature".

Mettre l’océan au même niveau que l’espace

En fervent défenseur des océans, le souverain a enfin estimé que les océans devraient susciter le même intérêt que l’espace. "Alors que nous recherchons la présence d’eau sur la planète Mars, il a fallu attendre une génération pour que, sous l’impulsion du président de la 77e session de l’Assemblée générale, nous tenions une nouvelle Conférence sur l’eau, en mars dernier." Un paradoxe qu’il pointait déjà du doigt dans son livre L’Homme et l’Océan.

Le prince Albert II a signé ce mercredi le traité pour protéger la biodiversité marine en haute mer.

Un marathon diplomatique de trois jours

Lors de son marathon diplomatique de trois jours à New York, le prince Albert II a signé ce mercredi un traité pour protéger la biodiversité marine en haute mer. L’accord, trouvé en mars dernier après près de deux décennies d’atermoiements, fixe un cadre juridique pour protéger les parties de l’océan situées en dehors des juridictions nationales. Reste, désormais, à ce qu’un nombre suffisant d’États ratifie le texte pour que celui-ci trouve une efficacité concrète.

En trois décennies d’Assemblée générale des Nations Unies, l’agenda du prince Albert II n’aura rarement été aussi dense. Ce lundi, le souverain a multiplié les rencontres : avec Gildo Pastor, consul général de Monaco à New York; Brune Poirson, directrice du développement durable du groupe hôtelier Accor et ancienne Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire; mais aussi le président des Seychelles, Wavel Ramkalawan, rencontré à l’automne 2022 lors des Explorations de Monaco dans l’Océan indien.

Mardi, le prince est intervenu lors d’un petit-déjeuner sur le thème du sport au service de la nature, avant d’assister au débat général des Nations Unies où se sont succédé les présidents du Brésil, des États-Unis et de l’Ukraine. Il a, ensuite, assisté au sommet du prix Earthshot récompensant des innovations environnementales où les speakers étaient le prince William ou encore Michael Bloomberg. Puis, entre deux rencontres avec le président de la Corée du Sud et le ministre du Tourisme d’Arabie Saoudite, chacun engagé dans un lobbying diplomatique pour que leur pays soit hôte de l’Exposition Universelle 2030, le souverain a tenu un discours au sommet sur les objectifs de développement durable (ODD).

Le soir, il faisait partie des chefs d’États invités à la réception de Joe Biden au Metropolitan Museum of Art.

Mercredi, avant son discours au débat général, le souverain a participé au sommet sur l’ambition climatique et rencontré Lukas Walton, héritier de la famille propriétaire de la chaîne US de supermarchés Walmart. Au milieu de cet agenda, le prince Albert II s’est accordé une parenthèse familiale en dînant avec ses cousins de Philadelphie, Christopher Le Vine et John B. Kelly III.

Le Prince alerte sur l’IA

À la tribune, le prince Albert II fut l’un des rares à aborder l’ampleur fulgurante prise par l’intelligence artificielle ces dernières années.

"Elle porte en elle à la fois un potentiel immense pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable et des risques sans précédents pour la paix et la sécurité mondiales, résume-t-il. Comme la langue d’Ésope, elle peut être à la fois la meilleure et la pire des choses pour l’Humanité."

Le Prince a, ainsi, appelé à ériger de toute urgence un cadre de gouvernance mondial et des normes éthiques imposant des limites à l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Le chiffre

3,3

C’est la somme, en millions d’euros, que la Principauté va allouer à la reconstitution du Fonds vert pour le climat pour la période 2024-2027. "Monaco tient à assumer sa part de responsabilité, a confié le prince Albert II. Cela représente une augmentation de 10% par rapport à la période précédente, alors que Monaco est déjà le premier bailleur per capita de cet instrument crucial et capital de mise en œuvre de l’Accord de Paris."

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