Avec un producteur : une récolte exposée à des défis
Dans son « bout de paradis », comme il l’appelle, avenue de Prades sur les hauteurs du Borrigo à Menton, Christophe Sacchelli produit toutes sortes d’agrumes. Pomelos, oranges, clémentines, citrons caviar, kumquats… et bien sûr les fameux citrons de Menton, sur 50 arbres répertoriés. Aujourd’hui, il en est aux 3/4 de sa récolte de citrons.
« Ce n’est pas plus précoce que les autres années » estime-t-il. Seul changement, lié à la sécheresse : « Sur certaines parcelles moins bien irriguées, on a effectivement des calibres plus petits… Mais cette année, sur notre exploitation familiale, les arbres nous auront quand même donné entre 3 et 3,5 tonnes de citrons de Menton au total… Tout en permaculture, et cueilli à la main. Une belle récolte… »
Qui va trouver preneur : « Cette année, on m’en a demandé 100 tonnes d’un coup ! Impossible, de les fournir. Mais c’est dire la renommée de l’appellation, et la nécessité de règles strictes pour éviter les tricheurs… »
La cueillette des citrons, un travail de titan, effectué en famille, sur les terres familiales.
« Globalement, si on s’en occupe bien, ça produit. Parmi les 26 citronniers que j’ai plantés en 2015, certains produisent déjà plus de 50 kilos… Mais non seulement ils ont été plantés dans les règles de l’art, en creusant et retournant la terre sur 1 mètre de diamètre à l’emplacement de chaque arbre, avec apport d’azote, laine de mouton, etc., mais en plus, il faut être aux petits soins… »
Eau, frelons… des solutions à trouver
D’autant que les défis se multiplient. Celui de l’eau, d’abord. « On ne peut pas continuer à planter sans trouver de vraies solutions pour avoir de l’eau. Pourquoi on ne nous permet pas d’utiliser nos eaux grises ? On sait comment faire pour qu’elles soient saines. En Afrique, on arrive même à les rendre potables ! » Et d’évoquer aussi la possibilité de forages dans les « veines » d’eau des vallons ou des solutions comme la sienne : « Ma piscine est devenue un bassin d’eau avec des poissons dedans. Mon système d’irrigation est branché dessus. Tous les écoulements convergent vers le bassin, donc on récupère l’eau de pluie, mais on nourrit aussi nos plantations, grâce aux excréments des poissons… Il faut retenir l’eau, s’équiper, mais on a besoin d’aides des pouvoirs publics pour le faire », plaide celui qui est aussi président de l’APCM et qui paye « 600 euros de foncier par an pour ce bassin ».
Face à la sécheresse, un groupe de réflexion a été créé par l’APCM, regroupant les adhérents mais aussi plusieurs acteurs institutionnels.
Autre défi : le frelon asiatique, qui tue les abeilles. « Il y a 10 ans, on récoltait entre 300 et 400 kilos de miel par an. Cette année, on en a récolté 28. Et chaque année, on perd 80 % de nos ruches… » Un fléau, qui le préoccupe : « Là où on a les abeilles, on a 30 % de fruits en plus grâce à la pollinisation. Si elles disparaissent, c’est la catastrophe ! Mais ça ne semble pas préoccuper les pouvoirs publics… »
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