La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a estimé jeudi qu'aucune dérogation concernant les semences traitées aux néonicotinoïdes n'était justifiée, y compris dans les circonstances exceptionnelles invoquées pour protéger les betteraves sucrières.
Les néonicotinoïdes, qui s'attaquent au système nerveux des insectes, sont mis en cause dans le déclin massif des colonies d'abeilles.
Plusieurs substances sont interdites dans l'UE depuis 2018, mais une dizaine de pays ont pris des dérogations pour préserver les rendements sucriers, ces insecticides permettant de lutter contre un puceron vecteur de la jaunisse de la betterave.
La France s'apprêtait à autoriser leur utilisation de manière dérogatoire pour la campagne 2023, après avoir fait de même en 2021 et 2022.
"Comme tous les agriculteurs producteurs de betteraves, la FNSEA est atterrée par les conséquences potentielles de cette décision", écrit le syndicat dans un communiqué.
"La FNSEA tient à alerter le gouvernement et l'Union européenne sur les conséquences de cette décision si elle venait à être appliquée brutalement", poursuit l'organisation, citant la "mise en danger de la pérennité des exploitations à quelques semaines des semis" et la "remise en question de la production betteravière française et du fonctionnement des sucreries".
Le gouvernement a indiqué jeudi soir qu'il allait "expertiser les conséquences juridiques de cette décision (de la CJUE) en droit français et les conséquences pour la campagne de production qui s'ouvre".
Opposé aux dérogations, le syndicat agricole minoritaire Confédération paysanne a estimé dans un communiqué vendredi que la décision de la Cour devait être "appliquée immédiatement".
"Les prévisions pour ce qui concerne la jaunisse de la betterave ne sont pas plus alarmistes que les années précédentes. Le recours systématique aux néonicotinoïdes n'est pas justifié", affirme le syndicat.
De son côté, l'association Agir pour l'environnement a installé vendredi devant le Panthéon, à Paris, des dizaines de pancartes montrant une abeille en colère et le poing levé. L'organisation demande "l'interdiction définitive des insecticides néonicotinoïdes".
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