C’est un événement international de premier ordre qui s’ouvre ce vendredi à Monaco. Imaginez. Ce petit pays de 2,2 km2 accueille, jusqu’à lundi, la 51e session du GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat.
Dit de cette manière, cela ne fait pas encore rêver. L’importance de ce rendez-vous peut toutefois se mesurer en trois points principaux.
Des chiffres qui font tourner la tête
Pendant quatre jours, près de 500 personnes - membres du GIEC, scientifiques, auteurs du rapport, coordinateurs des différents chapitres… - représentant 181 pays seront réunies dans un Grimaldi Forum dont le niveau -2 sera totalement privatisé par l’événement, mais aussi transformé, organisé dans un format de type ONU. Ces représentants seront installés dans l’ordre alphabétique du nom de leur pays, comme aux Nations unies, à New York.
La salle Prince Pierre sera ainsi l’hémicycle dans lequel 300 à 400 experts présenteront, chapitre par chapitre, ligne par ligne, le Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans un contexte de changement climatique (SROCC, l’acronyme en anglais). Dans une quinzaine d’autres salles du Grimaldi Forum, les pays négocieront, point par point, le texte qui sera ensuite adressé aux dirigeants du monde entier.
Un rapport majeur pour les océans
Le rôle du GIEC n’est pas de produire de la science. Ce groupement d’experts réalise de grandes études thématiques à partir de la littérature scientifique émanant de ses 195 États membres.
Un gros rapport est ainsi réalisé tous les six ans. Mais ce n’est pas tout. Durant ces cycles de six ans, le GIEC réalise aussi des rapports spéciaux. Trois ont été lancés depuis 2016: l’un est consécutif à l’Accord de Paris (COP21) sur le réchauffement climatique; un autre porte sur les sols en tant que lieux de stockage du carbone; le dernier est celui qui sera débattu et présenté en Principauté.
L’enjeu du Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère? Évaluer les processus physiques et les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes océaniques, côtiers, polaires et de montagne. Le rapport est aussi censé évaluer les conséquences pour les communautés humaines et les options permettant aux populations de s’adapter aux changements liés au climat.
Pour bien comprendre l’enjeu de ce qui se joue à Monaco, il faut savoir que ce n’est pas le millier de pages du rapport lui-même qui vont faire l’objet des débats, mais la note de synthèse, de 25 à 30 pages, qui sera ensuite adressée aux décideurs des pays membres.
"C’est le volet politique du rapport, illustre Raphaël Cuvelier, coordinateur des projets de la Fondation Prince Albert II. Il y aura certainement de nombreuses négociations pendant cette session car ce document doit être validé à l’unanimité."
Tout est parti de Monaco
C’est sous l’impulsion du prince Albert II, de son gouvernement et de sa fondation que ce rapport spécial sur l’océan et la cryosphère a pu voir le jour. Tout est parti des réunions préparatoires à la COP21, en 2015, qui a débouché sur l’Accord de Paris signé le 22 avril 2016.
"Nous avons souhaité alerter les décideurs sur les conséquences potentiellement lourdes sur les océans du réchauffement climatique et de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, explique Raphaël Cuvelier. Au cours de ces réflexions, nous avons poussé les négociateurs à s’intéresser aux questions océaniques. L’idée d’un rapport spécial du GIEC est ainsi née."
D’autres pays ont soutenu cette démarche. Mais c’est finalement ici, en Principauté, que ce travail sera présenté. Un honneur et une fierté pour le souverain (lire ci-dessous). Après quatre jours de travaux au Grimaldi Forum, le rapport final sera dévoilé à la presse mercredi 25 septembre au Musée océanographique - 180 journalistes sont accrédités -, avant une conférence grand public, gratuite, à 14 h.
commentaires