En téléconférence à Monaco, ce Prix Nobel de la Paix assure que la pandémie est "une chance" pour échapper à la catastrophe écologique mondiale
Monaco Private Label, qui promeut le pays aux quatre coins de la planète a tenu une conférence en ligne, autour du Pr Yunus, Prix Nobel de la paix et entrepreneur social, pour évoquer l’après Covid
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Ludovic MercierPublié le 03/08/2020 à 12:31, mis à jour le 03/08/2020 à 16:03
Le Pr Muhammad Yunus, ici en 2011 à Nice,Photo archives N.-M.
Une régie, des opérateurs, des caméras, des projecteurs, des dizaines de mètres de câbles. Ce jeudi, dans un salon de l’Hôtel de Paris, avec une vue époustouflante sur le Rocher et la Grande bleue, avait lieu un bien étrange tournage.
Plus qu’un tournage, c’est un webinaire qui se tenait, en direct (un séminaire sur internet). Nouvelle tendance bien ancrée grâce à la crise Covid. Cette même crise qui a empêché les membres du Monaco Private Label de se réunir comme ils en ont l’habitude, une fois par an.
Monaco Private Label, c’est une entité qui réunit des entrepreneurs et des investisseurs à très hauts revenus, et qui leur facilite la vie à Monaco et leur montre la Principauté sous son meilleur jour.
Une sorte de lobby, éparpillé aux quatre coins de la planète, et qui cherche à réunir des membres dont les valeurs correspondent à celles du pays. Cette semaine, ils se sont réunis sur le Web, autour d’une thématique: quel monde pour l’après Covid-19?
"C’est maintenant ou jamais"
Le Pr Muhammad Yunus, économiste et Prix Nobel de la paix pour la création de microcrédits à destination des plus pauvres, était invité.
Et il est convaincu qu’il faut changer: "Nous n’avons pas le choix. Il ne s’agit pas d’être d’accord ou pas d’accord. Nous n’avons pas d’autre choix: le train qui était supposé nous conduire à la prospérité économique nous emmenait vers un désastre. Un monde de très grande concentration de population, de réchauffement climatique, de fort chômage dû au développement des intelligences artificielles. C’est comme un train, habituellement en mouvement, et que la covid a stoppé.
La question c’est: est-ce que l’on veut remonter dans le train et continuer dans cette direction? Et foncer dans le désastre qui est devant nous? Ou alors on crée un autre train pour aller dans une autre direction. Donc c’est soit la vie, soit le désastre, l’annihilation et l’extinction."
Le Pr Muhammad Yunus, le conseilleur de gouvernement ministre des Finances et de l’Economie, Jean Castellini, Michel Bouquier, qui dirige Monaco Private Label, et Ivan Artolli, directeur de l’Hôtel de Paris.Photo L.M..
Un message qui a le mérite d’être clair. Et qu’a complété Olivier Wenden, de la Fondation Prince Albert II: "La jeune génération est la plus importante génération de tous les temps. Nous avons longtemps dit “nos enfants seront confrontés à de sévères problèmes”. Nous y sommes. C’est maintenant que nous avons des problèmes. C’est maintenant ou jamais le moment de changer.
Ces derniers mois, nous avons traversé des problèmes environnementaux, sanitaires, de crise économique, qui mettent en péril notre prospérité et la stabilité de notre planète. Nous avons compris que la santé humaine, si elle est notre droit le plus fondamental, ne peut plus être distinguée de la santé animale et de la santé de la planète.
Il nous faut continuer à défendre, à éveiller les consciences et mettre en place des plans d’action auprès des leaders du monde, mais pas seulement. Il faut aussi mobiliser la société civile. La génération plus jeune veut aller plus vite, fédérer, et prendre le pouvoir plutôt que d’attendre que les dirigeants prennent des décisions pour eux."
"L’esprit des jeunes n’est pas encore contaminé"
Le Pr Yunus voit cette pandémie comme une opportunité d’échapper à la catastrophe écologique dont le monde se rapprochait: "Cette chance que représente cette pandémie, il n’y en a jamais eu de semblable auparavant. Et elle n’arrivera sans doute plus jamais. Les jeunes l’ont compris. Ils veulent créer un nouveau monde. Ils peuvent le faire parce que leur esprit n’est pas encore contaminé par les concepts de maximisation du profit, par la façon dont les affaires sont faites aujourd’hui, très centrées sur l’individu et loin de l’intérêt commun."
La jeunesse, représentée par Andrea Garcia, de Monaco Private Label Young Leaders, la branche junior du Monaco Private Label, a bien reçu le message: "C’est notre cœur de mission : voir les ressources que l’on a, et les mettre en œuvre pour implémenter le changement."
4 questions à Michel Bouquier, de Monaco Private Label
Michel Bouquier dirige Monaco Private Label.
Photo L.M..
Quel était l’objectif de ce webinaire?
Nous avons créé Monaco Private Label depuis 10 ans avec des entrepreneurs, des investisseurs. Chaque année, nous faisons un sommet avec environ 250 personnes. Cette année, nous aurions dû nous réunir à Washington. Et nous les invitons également au Grand Prix. Tous ces événements ont été balayés par le Covid. Nous sommes bien sûr restés en contact, mais nous voulions tout de même organiser un événement. Les webinaires sont un peu à la mode, mais ce n’est pas parce que tout le monde en fait qu’il ne faut pas le faire. Nous voulions faire passer le message que Monaco va être un acteur important dans l’après-Covid. Monaco a cette force qui n’est pas forcément évidente, qui ne relève pas de l’affichage, mais qui est plutôt une force intérieure qui porte loin.
Quelle influence pensez-vous pouvoir avoir sur ce que va devenir notre société?
Je pars du principe que si chacun de nous fait un tout petit peu, c’est au moins ça. Je pense que mettre en avant toutes ces personnalités, et les jeunes, en leur donnant la parole, ça peut compter. C’est de la stimulation, de l’inspiration, avec Monaco en toile de fond. C’est subtil et puissant à la fois. Il faut qu’il y ait une prise de conscience, et que l’on puisse continuer à faire des choses passionnantes. Et construire un nouveau monde, c’est encore plus passionnant !
En quoi Monaco a des atouts pour ce nouveau monde?
Un pays comme Monaco est une pépinière. J’ai travaillé à New York, à Manhattan précisément. Eh bien, figurez-vous qu’il y a pas mal de points communs entre Monaco et Manhattan. Quand je suis arrivé ici, après quelques mois, j’ai eu l’impression d’être toujours à Manhattan. Là-bas, comme ici, il y a une très forte concentration de personnes influentes. Ils vivent ici, ou ils passent. C’est une plateforme. Un concentré de personnalités. J’ai toujours été admiratif de l’histoire de Monaco, des difficultés traversées. Mais je suis encore plus impressionné par le potentiel de l’avenir de la Principauté.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela?
À Monaco, quand vous avez une idée, on ne vous décourage pas. On vous donne la chance de la développer. Un peu à l’américaine. Mais avec l’appui de la famille princière. Et ça, c’est capital.
C'est dit!
Jean Castellini, conseiller de gouvernement-ministre des Finances et de l’Économie, était aussi invité au webinaire de Monaco Private Label: "Nous serions tous stupides de ne pas regarder les fantastiques opportunités que représentent les énergies renouvelables, et les technologies écoresponsables.
C’est important pour nous de diversifier la façon dont les réserves de l’État sont investies. Grâce à nos partenaires, nous avons réussi à réaliser des investissements avec, si vous me passez l’expression, "un plus grand cœur". Ce n’est plus seulement une obligation morale, mais aussi une façon d’investir qui est plus rémunératrice."
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