À l’aune d’une nouvelle année, ou les bons vœux sont de saison, on ne peut que souhaiter de la prospérité à FlexSea, une startup qui détient l’ambition de jeunes résidents de la Principauté, Thibaut Monfort-Micheo et Carlo Fedeli.
Les deux garçons, 22 et 24 ans, ont uni leurs expertises acquises sur les bancs de l’Imperial College à Londres pour se lancer, fraîchement diplômés, dans l’entreprenariat.
Leur créneau ? Le plastique… mais sans pétrole. Une biomatière produite à partir de poudre d’algues rouges. Sur le créneau du plastique voulu écologique, ils ne sont pas les seuls, mais eux espèrent percer, en convainquant des investisseurs pour lancer la production en 2022.
Une aventure née pendant le confinement
L’union fait la force, alors que Thibaut avait plutôt misé sur la science des matériaux et Carlo sur le business lors de leurs études à l’Imperial College, le tandem s’est complété sur cette aventure de bioplastique. L’aventure, elle, est née pendant le confinement du printemps 2020.
« J’étais tout juste diplômé et un dimanche matin, Carlo m’a appelé avec l’idée de produire des bioplastiques à partir d’algues. Il a déjà fait un prototype et envisagé le business plan. J’ai foncé sur l’idée », se souvient Thibaut Monfort-Micheo.
Les désormais associés, partent d’un constat accentué par les règles sanitaires de la pandémie : ce plastique présent de partout dans l’emballage et le suremballage dans le monde alimentaire. « Notre idée a été de se dire qu’il y a mieux à faire. Le recyclage pour certaines choses c’est très bien, mais pour le film plastique à usage unique, seuls 3 % sont recyclables », complète-t-il.
« On a l’idée, on a la fougue »
Sur le marché, le principal bioplastique, PMA, est extrait d’une fermentation d’amidon de pommes terres, de mais, de canne à sucre, ou de betterave. « Le problème est qu’il nécessite des ressources végétales, de la terre arable, de l’eau, des engrais… Et il n’est pas vrai compostable, à part en condition industrielle, il ne se dégrade pas tout seul dans la nature. Ça nécessite de l’énergie et si ça sort des réseaux de triage des déchets, ça reste dans la nature ».
Sur ce constat, les deux associés ont monté leur société, FlexSea en Angleterre ou ils achevaient leurs études pour donner un élan international à leur projet. « On a l’idée, on a la fougue, mais on n’y connaît pas grand-chose dans le monde des affaires, heureusement un entrepreneur ami nous a donné un cadre et continue à nous conseiller ».
Leur vœu pour 2022: lever des fonds pour entamer la production et conforter la réalisation du projet. Le but : produire des rouleaux de plastiques standards vendus aux industriels du milieu de l’emballage.
Pour l’heure, le produit est financièrement plus cher que des plastiques classiques.
« Mais nous voulons nous positionner car dans plusieurs pays, des taxes vont artificiellement élever le prix du plastique pétrolier pour encourager à passer au schéma du bioplastique ». Et c’est ce défi que FlexSea entend relever.
Un produit qui se dégrade naturellement
Le produit imaginé par FlexSea est un bioplastique conçu pour se dégrader dans la nature. Après usage, il peut être placé dans une poubelle à compost. Il ne résiste pas à une eau chaude à 80 degrés. Dans les océans, l’eau froide en vient aussi à bout. « Comme il est composé d’ingrédients naturels, si la faune océanique le mange, il n’y aura pas de résidus de plastiques nocifs en eux », soulignent les concepteurs.
En effet, l’ingrédient premier de ce plastique, ce sont les algues. Des algues rouges cultivées et non pas prélevées dans les fonds marins. « Le produit est séché pour en extraire les chaînes de polymères présentent dans les algues. Puis nous les combinons à d’autres additifs pour créer le plastique, en y ajoutant des propriétés antimicrobiennes et résistantes à l’eau ».
Aujourd’hui, le process de FlexSea nécessite des algues rouges, que l’on trouve dans les eaux tropicales, principalement en Asie du Sud-Est. « Les algues rouges, les polymères ont des propriétés que les algues brunes ou vertes que l’on trouve autour de chez nous n’ont pas. On peut, avec les algues rouges, faire un plastique transparent plus attractif pour les consommateurs. Bien sûr la facture carbone de l’algue rouge nous inquiétait mais une fois sèche, l’algue perd 10 à 15 fois son poids. Puis elle est mixée donc à nouveau réduite, ce qui nous permet de réduire l’empreinte carbone ».
À terme, l’équipe de FlexSea espère pouvoir monter une usine de fabrication de bioplastique, à coté d’un site d’extraction d’algues.
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