
Les masques chirurgicaux à base de matière plastique jetés dans les rues de Monaco.
"C’est inacceptable": les masques à usage unique, nouveau polluant plastique qui pullule à Monaco
Le 08/06 à 20h14 MàJ 08/06 à 20h04Est-ce que le Covid-19 aurait eu raison de nos consciences écologiques ?
Alors que tout le monde, ou presque, se prenait à rêver de voir enfin la vie en vert, promettait la main sur le cœur de manger bio et local, et de mieux trier ses poubelles, on a créé un nouveau type de déchet.
Ou plutôt, on a accueilli dans nos vies ce qui d’habitude était réservé aux établissements de santé : les DASRI, pour déchet d’activité de soins à risques infectieux.
En l’occurrence, les masques jetables et tout ce qui sert à se protéger de coronavirus et qui est à usage unique. Surblouses, charlottes, surchaussures, gants, housses de protection…
Autant d’équipements pas toujours indispensables (le gouvernement a d’ailleurs déconseillé l’usage de gants), et qui viennent alourdir les poubelles avec un matériau auquel la guerre est pourtant déclarée : le plastique.
Car même si les masques jetables, pour ne parler que d’eux, semblent être constitués d’une matière proche du papier, il s’agit en fait de fibres synthétiques non tissées.
Donc du plastique. Il suffit de l’approcher d’une flamme pour s’en rendre compte : le masque ne brûle pas, il fond (voir photo).
Pas si fantastique que ça pour l’environnement, d’autant que, comme tous les déchets à risques infectieux, il n’est pas question d’envisager le recyclage.
La santé avant tout
De deux maux choisissons le moins mauvais : il n’est pas question ici de dénigrer l’intérêt des équipements indispensables à la protection des populations.
C’est d’ailleurs ce que nous rappelle Valérie Davenet, directrice de l’environnement à Monaco : "S’occuper de l’environnement, c’est aussi se préoccuper de la santé des gens. Et là, la santé de la population passe par l’usage de masques."
À condition, bien sûr, de ne pas provoquer une catastrophe écologique avec. Puisqu’on ne peut s’en passer, autant en relativiser l’impact.
Pour cela, Valérie Davenet a un tuyau infaillible : "On peut très bien alterner avec un masque en tissus, qui est réutilisable. Et lorsqu’on utilise un masque jetable, le mettre dans la poubelle."
Dans le caniveau
C’est tout simple, mais c’est ce dernier conseil qui semble particulièrement utile si l’on considère le nombre de masques qui finissent dans le caniveau.
C’est d’ailleurs ce qu’a remarqué Edgar Enrici, administrateur et directeur général de la Société monégasque d’assainissement (SMA), en charge de la propreté des rues de Monaco. "Effectivement depuis la fin du confinement, nous avons constaté une forte augmentation de masques et de gants abandonnés sur la voirie, les aires de stationnement et dans les passages publics à forte fréquentation comme la zone du centre commercial de Fontvieille et la gare notamment".
à l’amende
Une constatation qui semble universelle, puisqu’en France, la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, a décidé qu’il fallait sévir : abandonner son masque dans la rue est passible d’une amende de 68 euros [un projet de décret veut l’augmenter à 135 euros, ndlr].
Une méthode à laquelle Olivier Wenden, le vice-président de la Fondation Prince Albert II, souscrit : "Boulevard de Suisse, où est installée la Fondation, il y a des masques par terre. On nous a signalé que la Réserve marine est dégueulasse. C’est inacceptable. Nous allons d’ailleurs organiser un clean-up [une opération de nettoyage, ndlr]. Ça me sidère de voir que sur un territoire comme Monaco, qui est généreusement équipé en poubelles, on trouve des masques et des gants jetés par terre. On ne doit plus trouver cela, quitte à aller jusqu’à mettre des amendes. J’y suis très favorable."
Pour éviter cette surproduction de déchets, lui aussi recommande le passage au masque en tissu : "C’est une vraie bonne solution. Parce qu’il est réutilisable, et recyclable."
Une solution qui semble être efficace, car plusieurs semaines après le déconfinement, malgré le nombre de personnes qui utilisent ces masques en tissu, les contaminations ne sont pas reparties à la hausse.
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