Ce navigateur veut nettoyer les océans avec un quadrimaran géant

Ce mercredi soir, le navigateur franco-suisse a présenté son projet de bateau nettoyeur, destiné à enlever les déchets plastiques des eaux maritimes. Un projet ni fou, ni naïf, qui nécessite des investisseurs

Article réservé aux abonnés
Ludovic Mercier Publié le 23/11/2017 à 15:00, mis à jour le 23/11/2017 à 15:42
Yvan Bourgnon a lancé le projet Sea Cleaners (les nettoyeurs de la mer) après un tour du monde où il a constaté la quantité phénoménale de déchets plastiques en mer. Photo M.A.

Comme à beaucoup de marins, la veste du Yacht-club de Monaco sied parfaitement à Yvan Bourgnon. Même si l’on devine qu’il serait plus à l’aise en pull ou en t-shirt. Ses cheveux gris blancs en bataille, comme coiffés par les embruns, le marin a le tutoiement facile. Dans ses yeux aux couleurs du large se mêlent l’intensité et la ferveur des gosses qui savent que tout est possible. Tout. Comme l’idée d’un gros bateau qui nettoierait la mer.

Comment vous est venue cette idée?
Quand j’étais enfant, j’ai fait le tour du monde pendant 4 ans avec mes parents. Et 30 ans plus tard, je l’ai refait, en prenant exactement la même route. Dans l’océan Indien, le long de la barrière indonésienne, aux Maldives, le long des côtes, on trouve des bouteilles, des sacs plastiques, des poussettes, des blocs de polystyrène énormes, des filets de pêcheurs… partout!  À l’époque, mes parents n’avaient pas vu un seul déchet plastique dans la mer.

On sent que vous avez été choqué…
Un morceau de plastique ne reste sous sa forme originale que huit à quinze mois. Après, il se dégrade en petits morceaux et souvent, ils coulent. À la surface, il n’y a que 1 % des déchets plastiques. Ça te donne idée de ce qu’il y a en dessous. Il ne faudrait pas faire une photo des fonds sous-marins, ce sont des décharges!

Qu’avez-vous fait à votre retour?
On a fait une expertise, on est allé voir toutes les initiatives qui existaient pour nettoyer la mer. On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup d’initiatives pour fermer le robinet, pour que les déchets n’arrivent plus en mer. Mais rien pour collecter du déchet, à part sur le proche littoral et dans les ports.

Quelle est votre réponse à ce problème?
On s’est dit qu’il fallait forcément un bateau. Ça permet d’aller là où sont les déchets, et ça varie beaucoup en fonction de la météo, les vents et les courants. Un bateau permet d’intervenir au bon endroit au bon moment, pour faire des ramassages spectaculaires. L’idée n’est pas de nettoyer toute la surface des océans. Il n’y a que 5 % de la surface occupée par les macro déchets. Et le bateau permet de se déplacer sur ces zones-là.

À quoi ressemble ce bateau?
C’est un quadrimaran en acier, pour avoir un maximum de largeur, et une capacité de stockage énorme. L’idée c’est de piéger les déchets qui passent entre les coques avec des tapis roulants. Ils seront alors triés et compactés. Au minimum, on aurait une capacité de stockage de 600 m3 et 200 tonnes.
Il fonctionne avec des éoliennes verticales, qui présentent l’avantage de mieux capter le vent quand il tourne ou qu’il dévie. Et il y a aussi des panneaux solaires sur toute la coque. On a préféré ça à la voile, parce que ça nous permet de garder une vitesse constante, ce qui est important pour la collecte.

Un bateau, ça suffira?
Ce que l’on envisage par la suite, c’est une centaine de bateaux. Avec une capacité de collecte de 5000 tonnes par an, ça nous fait 500000 tonnes de plastique ramassées chaque année.

Il pourrait être prêt quand?
Nous sommes encore en phase d’étude. Nous prévoyons la fabrication pour 2020/2021.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.