Calvi-Monaco à la nage : le défi de Rémi Camus pour alerter sur l'état de la Méditerranée

Après avoir traversé l’Australie en courant, descendu le fleuve Mekong en hydrospeed, et fait un tour de France à la nage, l’aventurier-explorateur de 37 ans va traverser la Méditerranée. Début septembre, à la nage et sans assistance, il reliera Calvi à Monaco.

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Juliette Bisiaux Publié le 15/08/2022 à 11:04, mis à jour le 15/08/2022 à 11:09
Le 19 août Rémi Camus ira récupérer la plateforme pour la charger de son matériel. Valentin Lam

Entre le 4 et le 6 septembre, en fonction de la fenêtre météo, Rémi Camus va se lancer dans une traversée de la Méditerranée à la nage, en totale autonomie et sans assistance. 180 km à vol d’oiseau de Calvi à Monaco, mais il estime devoir parcourir 220 km en prenant en compte les vents, les courants et la fatigue. À cela se rajoute un effort supplémentaire puisque Camus tractera une plateforme de 160 kg, 3 mètres de long sur 1,50 mètre de large, qui lui permettra de s’alimenter et d’y passer ses nuits.

Équipé de palmes, masque, tuba et d’une combinaison pour éviter les brûlures du soleil et les piqûres de méduses, sa journée type sera la suivante : « Je me réveille à 5 heures pour me préparer à manger, transformer l’eau de mer en eau douce. Je fais un peu de vidéos pour illustrer le tout, puis je réalise mes tests pour le laboratoire et je m’habille. De 8 heures à midi je suis en mer. Je remonte sur la plateforme jusqu’à 14 heures où je mange, transforme mon eau et raconte mon quotidien devant la caméra. Je reprends la nage jusqu’à 18 heures. Et rebelote, je me restaure et prépare la journée du lendemain. À 21 heures je me couche pour être en forme. »

"Je fais beaucoup de nage à contre-courant"

Une condition physique qu’il travaille depuis septembre 2020. « Cela fait deux ans que je mixe entre la musculation et le crossfit. » À raison de six entraînements par semaine, voire plus, Rémi Camus préfère nager en rivière. « Je trouve ça plus ‘‘challengeant’’. Pour m’entraîner à tracter une charge je fais beaucoup de nage à contre-courant. »

C’est avant tout un travail mental que de devoir accepter les contraintes naturelles. Il sait que certains jours, en raison du courant, il nagera sans avancer, et parfois même reculera. C’est pourquoi Rémi estime réaliser la traversée en une durée comprise entre 8 et 15 jours. Des journées au cours desquelles il va perdre énormément de poids. « J’ai eu énormément de mal à emmagasiner du gras et prendre 5 kg. Il y a deux ans je pesais 80 kg et je pense perdre jusqu’à 8 kg. C’est mon régime ! », rigole-t-il.

Et il faut dire qu’il met son corps à rude épreuve. Le sportif lui inflige également des immersions en eau froide. « Parfois je m’isole dans le congélateur pour renforcer ma résistance au froid. »

Au-delà du défi physique et mental que cette traversée représente, l’aventurier-explorateur a plusieurs objectifs : la recherche scientifique mais aussi la sensibilisation à l’environnement. Il va travailler sur le stress en milieu hostile en collaboration avec le CHU de Grenoble. « Notre objectif est de comprendre comment l’être humain réagit dans des environnements hostiles comme en mer, nous explique-t-il. Au lieu de me faire des piqûres - peu pratique en mer - je vais cracher dans des pipettes matin et soir. Je vais les garder et on les analysera à mon retour. » Le lien avec l’environnement ? « Avec le dérèglement climatique on va connaître des étés de plus en plus chauds, des hivers de plus en plus rudes. Et cela va être stressant car ce sont des situations nouvelles, on va devoir s’adapter rapidement. »

"Mon but est d’arriver vivant"

Pour ce formateur en survie qui a une fibre très écologique et environnementale la nature est son terrain de jeu. « Je ne veux pas que ce soit l’histoire d’un mec qui traverse la Méditerranée à la nage. Cette traversée est une aventure humaine et de sensibilisation. J’ai voulu embarquer un maximum de personnes avec moi. »

En partenariat avec 12 établissements scolaires, ce sont plus de 10 000 étudiants qui participent au projet. À son retour, Rémi Camus se rendra également dans les maisons de retraite du groupe ACPPA pour évoquer les problématiques environnementales avec nos aïeuls. Avec un peu d’ironie il lâche : « Mon but est d’arriver vivant sur la plage du Larvotto pour témoigner de ce que j’aurais vu. »

À quelques semaines du départ, derniers préparatifs et trois rendez-vous médicaux d’une grande importance, kiné, ostéopathe et acupuncteur. Car il le sait, son corps sera son meilleur allié pour réussir cette traversée.

Lors de sa traversée de l’Australie en courant, il a parcouru 5 400 km. Rémi Camus.

"La Méditerranée est une véritable poubelle"

2011 : En traversant l’Australie en courant pour y rencontrer les communautés aborigènes, Rémi Camus a découvert la rareté de l’eau. « Je ne voulais pas mourir. Alors sans eau, je n’avais d’autre choix que de boire mon urine. » Il décide de sensibiliser sur la thématique de l’eau.

2013 : Dans la descente du Mekong en hydrospeed, il veut comprendre comment les populations vivent au bord de ce fleuve. « Ce sont 70 millions de personnes qui vivent au bord du Mekong et qui y déversent leurs déchets. C’est une immense quantité d’ordures qui arrive dans le delta du Mekong et qui part après dans les mers et les océans. »

2018 : De Dunkerque à Monaco, pour un tour de France à la nage le but était de rencontrer les populations sur le front de mer et de savoir s’ils étaient au courant des problématiques du littoral français. « J’étais convaincu qu’il était propre mais c’est bien pire que ça. La Méditerranée n’est pas ce que l’on croit, c’est une véritable poubelle. Avec tout ce qu’on y trouve on pourrait équiper tout un appartement. »

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