Au centre de traitement du Muy, le tri en un peu plus d’une minute chrono
Dans le cadre de la Semaine européenne de réduction des déchets, qui a débuté ce samedi 18 novembre, nous avons visité le centre du tri de l’entreprise Pizzorno au Muy. On vous fait découvrir ce site à la fois ultra-technologique, mais où la place de l’humain reste déterminante.
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Virginie Rabisse Publié le 19/11/2023 à 07:45, mis à jour le 18/11/2023 à 21:23
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Hervé Antonsanti, directeur des activités de valorisation, de traitement et d’assainissement du groupe Pizzorno, et Jocelyn Joly, responsable d’exploitation du centre de tri du Muy, font visiter le site. Ils rappellent qu’il est possible de participer à ce type de découverte. (Photos Philippe Arnassan)Photos Philippe Arnassan
Pré-tri, tri, re-tri, sur-tri… On pourrait résumer ainsi le processus qui s’opère dans un centre de valorisation des déchets.
Bien sûr, c’est un petit peu plus compliqué que ça. Sur la plateforme de Pizzorno au Muy, qui depuis 2007 reçoit les déchets triés à la source par quelque cinq cent mille habitants de tout l’est-Var, de la Dracénie, du golfe de Saint-Tropez, de la Provence verte ou encore d’une partie du Verdon, c’est une opération hautement technologique qui sépare le plastique du carton, l’alu du papier.
Un kilomètre à parcourir
C’est littéralement une montagne de déchets! Au centre de tri du Muy, en moyenne, six cents tonnes de détritus issus de la collecte sélective arrivent chaque semaine.En tout, les déchets parcourent un kilomètre de tapis roulant qui leur font traverser cribles, électrovanne et autres systèmes d’aimant. Cette succession de technologie permet de séparer carton, papier, plastique et métaux. Elle doit cependant sans cesse s’adapter aux nouveaux emballages.
Entre le moment où un emballage de biscuit, une canette de soda, une bouteille de lait, tous mélangés, entrent sur la chaîne de tri et celui où ils en ressortent, prêts à être compactés par matière sous forme de balle d’un mètre sur un mètre, ils passent en effet par une succession de machines électriques, pneumatiques, hydrauliques.
Délivrés par les camions qui les ont collectés à travers le département, les déchets sont déversés dans un hall avant d’entrer dans un labyrinthe d’un kilomètre de tapis roulants. Le premier est une trémie avec un système d’ouvre-sac. Objectif: disperser les détritus, afin que des mains humaines puissent écarter ceux qui n’ont rien à faire là. Épluchures de légumes, morceaux de gazon synthétique, casseroles, produits dangereux ou même cadavre d’animaux: autant d’ordures qui viennent garnir les colonnes de "refus".
Aimants, cribles et électrovanne
Les "acceptés", eux, partent dans un sophistiqué crible à étoiles qui les sépare en fonction de leur taille. L’overband, un système d’aimants, permet ensuite de récupérer les items en acier, tandis qu’un crible dit balistique distingue les corps creux, comme les bouteilles en plastique, des corps plats, comme le papier. Un tri optique est ensuite réalisé en fonction des couleurs à l’aide d’une électrovanne. Les films en plastique sont triés grâce au RecyFilm, tandis que l’aluminium est écarté à l’aide d’un courant de Foucault.
À peine une minute et quinze secondes après être entrés sur la chaîne de tri, les déchets sont prêts à être compactés par matière sous forme de balles d’un mètre sur un mètre qui partiront ensuite vers leurs filières de valorisation.
Humains en première ligne
Si les machines sont au cœur du processus de tri, les humains restent indispensables. Ils sont soixante-cinq à l’année et jusqu’à quatre-vingt-dix en haute saison, lorsque la population du Var augmente fortement. Avec la recomposition du tourisme sur "les ailes de saison", cette période est désormais plus longue.
Si l’ensemble est très automatisé, il ne peut se passer des humains. Au centre de tri de Pizzorno au Muy, ils sont plus de soixante. Conducteurs d’engins, techniciens de maintenance, personnel administratif. Et ceux qui ont littéralement les mains dans les déchets: les trieurs qui rejettent les erreurs ou, plus loin, ceux qui contrôlent le travail des machines ou inspectent le contenu des poubelles afin de caractériser la qualité du tri en amont.
Ce sont eux qui sont en première ligne des erreurs de tri, pas toujours ragoûtantes. Eux aussi, souligne Jocelyn Joly, responsable d’exploitation du site, qui ont remarqué que depuis quelque temps, "les déchets sont moins propres". Autrement dit, les erreurs de tri sont en large augmentation: de 6 ou 7% il y a quelques années à 25% aujourd’hui!
Le meilleur déchet
Une minute et quinze secondes après être entrés sur la chaîne de tri, les déchets sont prêts à être mis en balle par matière. Ils prendront ensuite la route de leurs filières de revalorisation.
Une question de relâchement dans les habitudes de tri, voire un problème d’incivilité, se désole Jocelyn Joly. Hervé Antonsanti, directeur des activités de valorisation, de traitement et d’assainissement du groupe Pizzorno, tempère. "Avec la simplification des consignes de tri, pour augmenter l’adhésion du public, il y a plus d’erreurs d’aiguillage", note-t-il, magnanime. Il souligne que malgré cette conséquence indésirable, l’effet global est vertueux: "Chaque année on augmente le volume de la collecte sélective."
Au centre de tri de Pizzorno, on a ainsi traité plus de 32.000 tonnes de déchets en 2022. Soit près de 4.000 de plus que l’année précédente. "Tous les ans, précise Jocelyn Joly, on a une hausse de 3 à 5%." Une bonne nouvelle. Même si, on le rappelle, le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas.
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